73ème AG de l’ONU : António Guterres déplore les efforts insuffisants pour le climat

0

Le Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (Onu), António Guterres a dénoncé mardi 25 septembre 2018 à l’occasion de la 73ème Assemblée générale de son institution à New York les efforts insuffisants pour limiter bien en deçà de + 2° C le réchauffement climatique qui constitue une «menace directe pour notre existence».

Lisez intégralement la partie relative au changement climatique du discours du Secrétaire général de l’Onu.

Évoquons d’abord ce qui constitue une menace directe pour notre existence : les changements climatiques.

Nous sommes à un moment charnière. Si nous ne changeons pas de cap dans les deux années à venir, nous risquons de perdre le contrôle de la situation. Les changements climatiques vont plus vite que nous ; leur rythme effréné provoque un SOS retentissant, partout dans le monde.

Selon l’Organisation Météorologique Mondiale, les deux dernières décennies ont vu 18 des années les plus chaudes, depuis qu’on a commencé en 1850 à tenir des registres en la matière.

Il y a quelques semaines, la plus épaisse et réputée plus solide banquise — du nord du Groenland — a commencé à se fissurer.

La concentration de dioxyde de carbone dans l’atmosphère n’a jamais été aussi élevée en 3 millions d’années, et elle ne fait qu’augmenter.

Pire, notre action – en tant que dirigeants mondiaux – n’est pas à la hauteur. Nous devons écouter les plus éminents scientifiques de la Terre. Nous devons  regarder la réalité en face.

Nous devons être plus ambitieux et faire preuve d’une plus grande urgence.

Nous devons garantir la mise en œuvre de l’Accord de Paris. Cet Accord a le potentiel immense de nous mettre sur la bonne voie –mais ses objectifs sont loin d’être atteints.

Et pourtant, ils ne représentent que le strict minimum pour éviter les pires retombées des changements climatiques.

Je suis inquiet de voir que les récentes négociations de Bangkok sur des directives d’application de l’Accord se sont achevées sans progrès suffisants.

La prochaine Conférence des Parties — COP24 — qui se tiendra en Pologne, en décembre, est décisive. Il faut absolument qu’elle réussisse. Comme je l’ai dit récemment, les désaccords entre États Membres qui nous ont paralysés à Copenhague ne peuvent se reproduire à Katowice.

Fort heureusement, l’évolution technologique est notre allié. L’énergie verte est plus compétitive que jamais. Si nous nous engageons sur la bonne voie, l’action climatique pourrait représenter 26 milliards de dollars de plus pour l’économie mondiale d’ici 2030.

Les politiques en faveur d’une économie verte pourraient créer 24 millions d’emplois.

De plus en plus d’entreprises et d’investisseurs constatent que l’économie verte est rentable.

Loin de menacer les fondements de l’économie, l’action climatique crée de nouvelles industries, de nouveaux marchés et plus d’emplois tout en réduisant la dépendance aux combustibles fossiles.

Ce n’est pas l’action, mais l’inaction, qui met en péril l’économie. Les gouvernements doivent faire preuve de sagesse et de courage.

Cela signifie :

– cesser de subventionner, à coups de milliards, les combustibles fossiles.

– fixer un juste prix du carbone.

– cesser d’investir dans des infrastructures non durables qui entretiennent des pratiques pernicieuses pendant des dizaines d’années.

C’est notre avenir qui est en jeu. Les changements climatiques n’épargnent rien et peuvent tout ébranler. Pour assurer la prospérité globale et la sécurité des nations, il est essentiel de maintenir le réchauffement climatique bien en-deçà de 2 degrés Celsius.

Voilà pourquoi, en septembre prochain, je tiendrai un Sommet sur le climat pour mobiliser des volontés et des fonds. Ce sera l’occasion de rassembler les  Etats et les villes, les acteurs de l’économie réelle et les décideurs, entreprises, milieux financiers et représentants de la société civile, qui s’attaqueront au cœur du problème.

Le Sommet se tiendra un an avant la révision des engagements de chaque Etat au titre de l’Accord de Paris. Ces engagements devront aller plus loin.

Il faut une ambition plus forte que jamais – une ambition que les dirigeants et les partenaires auront l’occasion de manifester à ce sommet.

Pour qu’elle soit possible, nous nous devons d’agir dès aujourd’hui. Le monde a besoin que nous soyons tous des champions de l’action climatique.

Antonio Guterres, Secrétaire général des Nations Unies.

Laisser un commentaire