Impacts du changement climatique, un frein pour l’envole agricole au Sénégal

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Les impacts du changement climatique sur les ressources en eau pourraient conduire à des situations dramatiques sur la disponibilité des ressources en eau pour l’homme et l’environnement mais pourraient également contribuer à la baisse de la production agricole au Sénégal. C’est la révélation faite par le Dr Cheikh Tidiane Wade, Géographe environnementaliste par ailleurs enseignant chercheur à l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis lors d’un atelier de formation destiné aux professionnels des médias et portant sur l’impact du changement climatique au Sénégal du 12 au 14 décembre 2018 dans l’enceinte d’E-jicom.

D’après M. Wade qui cite le cinquième rapport du GIEC, il faut s’attendre à un réchauffement global plus élevé, ce qui augmenterait les pertes d’eau par évapotranspiration et par conséquent affectera les ressources en eau déjà insuffisantes au Sahel,impactant du coup l’agriculture.

Au Sénégal, par exemple, « la problématique du changement climatique représente une contrainte majeure au développement du pays où l’agriculture représente le premier pourvoyeur d’emplois. Depuis une trentaine d’années, le climat se manifeste essentiellement par une recrudescence d’événements extrêmes climatiques comme les sécheresses et météorologiques comme les inondations, et une grande variabilité dans  la longueur des saisons pluvieuses, et même des saisons thermiques », a-t-il laissé entendre.

Poursuivant son speech, l’expert souligne que « le secteur agricole sénégalais fait face à de nombreuses contraintes qui limitent son développement. Il s’agit entre autres de l’irrégularité de la pluviométrie annuelle (300 mm au Nord semi-désertique à 1200 mm au Sud), de la qualité des sols (peu fertiles, souvent fragiles et sensibles à l’érosion), d’une population essentiellement rurale (55%) et pauvre(la moitié vit en dessous du seuil de pauvreté́), d’une agriculture essentiellement pluviale, d’une base productive agricole relativement dégradée(sols, semences, engrais et équipements) et manque de maîtrise de l’eau. S’y ajoute un contexte international défavorable (instabilité voire baisse des prix des principales cultures de rente) ».

Le changement climatique risque,selon lui, d’aggraver les performances déjà mitigées de l’agriculture qui ne contribue que faiblement au PIB (13,7%). En effet un déficit pluviométrique combiné à une hausse des températures et éventuellement à la survenue d’événements météorologiques extrêmes (vents violents, vagues de chaleur ou de froid, averses produisant des inondations) pourrait entraîner une dégradation avancée de la base des ressources et engendrer une baisse sensible de la productivité de l’agriculture et de l’élevage. La situation actuelle est caractérisée par une dégradation des terres qui affecterait 2/3 des terres arables, soit 2,5 millions d’hectares et 34% de la superficie du pays(République du Sénégal, 2014), a précisé le Dr Wade.

Qui ajoute que « l’augmentation des températures et la baisse des précipitations pourraient engendrer une dégradation de la base productive agricole se traduisant par la réduction du couvert végétal suite à un déficit hydrique important et une forte évapotranspiration, qui risquent de décimer les espèces végétales les moins résistantes à la sécheresse ; un processus d’érosion hydrique et éolienne  conduisant à l’encroûtement et la dégradation des sols dénudés et une salinisation liée à l’invasion des eaux salées et à un manque de drainage des terres ». Cette situation sera plus marquée dans des régions comme Fatick, Kaolack (zone centre-ouest) et Ziguinchor (zonesud-ouest) ainsi que la zone des Niayes, qui connaîtront les déficits pluviométriques des plus marqués.

S’exprimant sur les tendances climatiques au Sénégal, le Dr Cheikh Tidiane Wade a affirmé : « L’ANACIM a travaillé sur les tendances climatiques au Sénégal. Deux scénarios de changement climatique parmi les 4 du cinquième rapport du GIEC : le scénario RCP4.5 (moyen) et le scénario RCP8.5 (extrême) dont les caractéristiques ont été décrites par Moss et al. (2010)  ont été utilisés. L’Agence s’est intéressée à la variabilité climatique future aux horizons du PSE (2031-2040) par rapport à la période historique de référence(1976-2005) pour les scénarios RCP4.5 et RCP8.5 du cinquième rapport du GIEC. Tous les changements potentiels de température et de précipitation ont été calculés par rapport à cette période de référence. Les sorties des modèles climatiques en général biaisées ont permis de diviser le Sénégal en quatre zones représentant le climat dominant au Sénégal ».

Moctar FICOU / VivAfrik

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