La culture cacaoyère : une menace réelle pour l’écologie et l’économie en Afrique

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Protéger les forêts de la Côte d’Ivoire, du Ghana et leur biodiversité faisait partie des priorités de l’engagement pris en 2017 entre industriels de la filière du cacao de ces deux pays d’Afrique. De grands groupes industriels comme Lindt et Hershey’s s’étaient engagés il y a un an, main dans la main avec les gouvernements du Ghana et de la Côte d’Ivoire, pour que cessent les pratiques de déforestation liées aux plantations de cacao. Un engagement louable, mais qui ne semble pas suivi des faits attendus.

Dans ces deux pays, la culture du cacaoyer s’est développée au détriment de la forêt équatoriale. Sur ces sols appauvris, le désastre écologique et économique menace. Pourtant des solutions existent.

Suleimane Guiro arbore le sourire de ceux qui ont réussi. L’agriculteur burkinabé installé à Blé, petite localité située entre Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire, et Yamoussoukro, la capitale politique, cultive 9 hectares de cacao, 4,5 de riz, 3 de maïs. À l’échelle de l’agriculture du pays, l’homme venu du Burkina Faso est un « gros » producteur. Sa situation est meilleure que celle de la majorité du million de planteurs de cacaoyers ivoiriens qui produisent en moyenne sur 5 ou 6 hectares. Pourtant, avec leurs voisins ghanéens, ces petits paysans récoltent 70 % des fèves produites dans le monde.

Toutes ces prouesses au détriment de la forêt équatoriale de l’Afrique de l’Ouest aujourd’hui réduite à quelques lambeaux. Et sans égard pour des sols épuisés et des arbres assoiffés. Une situation qui n’a pas laissé indifférent certaines ONG. Un rapport de l’ONG Mighty Earth, intitulé « Mensonges sous emballages » publié après les travaux d’enquête sur le terrain, de mesures obtenues grâce à des drones et des satellites, avait dénoncé la poursuite du défrichage massif dans différentes zones de ces deux pays et parfois même au sein de forêts protégées et de parcs nationaux. Le tout sans qu’aucune sanction ne soit mise en place.

Suleimane Guiro a débuté son exploitation au début des années 2000, alors qu’il avait à peine vingt ans. « Je me suis installé sur quatre parcelles que j’ai déboisées, car l’ombre, ce n’est pas bon pour le cacaoyer, explique le planteur. Il y a vingt ans, tout ce qui était planté réussissait. En 2015, en revanche, la sécheresse nous a causé beaucoup de souci », se souvient-il. François Ruf, chercheur du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), présent depuis les années 1990 dans le pays, a entendu des milliers de récits similaires. Essaimé par des hommes jeunes poussés par la nécessité, Theobroma cacao a occupé en quelques décennies tout le sud de la Côte d’Ivoire et du Ghana, là où des précipitations annuelles de 1000 mm au minimum permettent sa culture.

« À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le cacao était quasi inconnu dans cette région couverte d’une immense forêt équatoriale, raconte François Ruf. La demande croissante en chocolat a provoqué une migration d’agriculteurs des savanes du nord de la Côte d’Ivoire ainsi que du Burkina Faso. Le mouvement a été rapide, car le principe était que la terre appartient à celui qui la défriche ». La culture a commencé dans l’est de la Côte d’Ivoire, région pourtant plus sèche, pour conquérir graduellement tout l’ouest du pays, où les précipitations sont plus abondantes.

Mais la culture du cacao est un danger pour l’écosystème, et plus particulièrement les chimpanzés et les éléphants qui habitent ces zones.

Moctar FICOU / VivAfrik         

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