Égalité des genres et changement climatique

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Par Diana Gutiérrez

Dans le contexte d’une économie mondiale où près de la moitié des femmes sont exclues du marché du travail, Esperanza Dionisio a transformé une coopérative de café criblée de dettes au Pérou en une entreprise florissante employant plus de 700 personnes.

Les discussions sur le climat de la COP24 et du Forum de Davos se sont terminées sur une note alarmante. En effet, le changement climatique progresse plus vite que prévu. Il en va désormais d’ « une question de vie ou de mort. » Au cours des quatre dernières années, nous avons été témoins des températures les plus élevées de l’histoire de l’humanité, soit près d’ 1 ° C de plus qu’au début de la révolution industrielle.

La calotte glaciaire continue de fondre, les récifs coralliens meurent et le niveau des océans monte. De plus en plus de régions souffrent d’une pénurie d’eau et d’une diminution du rendement des cultures, tandis que les catastrophes naturelles augmentent en nombre et en intensité.

Ces problèmes sont liés à notre modèle économique peu sobre en carbone, où 1% de la population s’approprie 33% de la richesse, où environ la moitié des femmes en âge de travailler sont exclues du marché du travail et où, pour 100 jeunes hommes touchés par la précarité, 122 jeunes femmes vivent dans la pauvreté. Entretemps, moins de 5% des grandes entreprises sont dirigées des femmes, et pour chaque dollar gagné par les hommes, les femmes ne perçoivent qu’environ 80 centimes.

L’effet du changement climatique sur les femmes    

Bien que le changement climatique ait un effet adverse sur tout le monde, c’est encore plus criant pour les femmes. On estime qu’environ un quart des femmes économiquement actives travaillent dans l’agriculture. La baisse de rendement des cultures causée par le changement climatique a donc un effet particulièrement dévastateur sur des millions d’entre elles, sans parler des conséquences sur la santé et la nutrition des familles.

Devant la menace du changement climatique, les entreprises ont une responsabilité sociale énorme et un besoin urgent d’adopter des moyens de production responsables. Après tout, elles ont besoin de sociétés prospères pour s’épanouir.

Que peuvent faire les entreprises ?

Premièrement, il faut un engagement au plus haut niveau pour intégrer le développement durable aux modes de fonctionnement du secteur privé. Quand ENEL en Colombie a fait de l’égalité des genres une partie intégrante de son fonctionnement, la compagnie s’est rendu compte qu’avoir plus de femmes dans sa réserve de talent était très bénéfique pour le business.

Deuxièmement, évaluer leur degré d’alignement sur les objectifs de développement durable (ODD) et mesurer les écarts, par exemple, entre le salaire des hommes et celui des femmes, au niveau de l’absentéisme et de la représentation aux postes de direction. Notre plateforme en ligne Equality@Work (en anglais et espagnol) fournit une solution technologique permettant de mesurer précisément ces écarts dans les entreprises.

Troisièmement, veiller à ce que les méthodes de gestion favorisent l’égalité des chances. Nos ‘Gender Equality Seals’, un programme de certification promu par le PNUD pour générer des stratégies commerciales claires qui soutiennent l’égalité des sexes, constituent un bon moyen d’y arriver

Quatrièmement, faire du programme de développement durable une opportunité de marché. On estime que la réalisation des ODD pourrait ouvrir jusqu’à 60 « points chauds » du marché, et ajouter environ 12 000 milliards de dollars à l’économie mondiale tout en créant plus de 380 millions de nouveaux emplois. Les opportunités abondent dans la réduction des déchets, les modèles d’économie circulaire pour l’électronique, la production alimentaire, les soins de santé à distance, le logement durable et plus encore.

Enfin, les entreprises peuvent établir des partenariats avec des acteurs du développement et des réseaux de connaissances qui les soutiennent sur la voie de la durabilité et de l’égalité. Ils peuvent rejoindre des plateformes facilitant ces connexions et l’échange d’informations, de ressources et d’expériences. Le PNUD lancera bientôt les plateformes ‘SDG Impact’ et ‘Accelerator Labs’, qui permettront des alliances entre les secteurs public et privé et faciliteront la connaissance, la technologie et l’innovation.

Diana Gutiérrez est responsable du Programme global du PNUD sur l’égalité des sexes en entreprise.

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