C’est une première en Afrique. En effet, les autorités Norvégiennes et Gabonaises ont signé un accord dimanche 22 septembre 2019 en marge du Sommet spécial des Nations unies sur le climat à New York visant à payer le Gabon payé pour ne pas déforester et ainsi réduire les émissions de carbone.
A ce propos, le ministre Gabonais de la Forêt, Lee White a expliqué que « la Norvège s’engage à nous récompenser pour les réductions d’émissions ». Le Gabon est perçu comme étant un bon élève dans la préservation de l’environnement.
A en croire le biologiste britannique naturalisé gabonais et nommé ministre en juin dernier, le contrat signé entre les deux pays stipule que la Norvège paiera 10 dollars pour chaque tonne de carbone non émise, par rapport à la moyenne récente des émissions du pays (2005-2014). Un montant maximal de 150 millions de dollars sur dix ans a été fixé.
Exploiter la forêt, mais de façon durable et sans la meurtrir
Les forêts d’Amazonie, d’Afrique équatoriale ou encore d’Indonésie sont de grands réservoirs de carbone. Les arbres et la végétation absorbent et en stockent des quantités massives. La communauté internationale est focalisée sur des zones très déforestées comme l’Amazonie, mais quid des bons élèves qui n’ont que peu déforesté, comme c’est le cas du Gabon ?
« Ils vont nous payer parce qu’on n’a pas déforesté, et parce qu’on a mieux géré l’exploitation forestière, et réduit les émissions liées à l’exploitation forestière », a ajouté M. Lee White. Le Gabon veut continuer à exploiter la forêt pour le bois, mais de façon durable, sans la meurtrir, ce qui est possible, a-t-il encore détaillé.
Au Gabon, 80% des émissions sont liées à l’exploitation forestière, dit-il: c’est-à-dire les arbres abattus pour les routes qu’empruntent les camions, pour les pistes des bulldozers, ou ne serait-ce que la façon dont les arbres tombent quand ils sont abattus. Quand des arbres sont écrasés ou abîmés, ils se décomposent et finissent par libérer leur carbone.
« Si on peut réduire la largeur des routes, si on peut couper l’arbre dans une direction qui minimise les dégâts, si on peut réduire la taille des débardages (pistes pour bulldozers), si on augmente le cycle de rotations, il y a beaucoup d’actions qu’on peut prendre pour réduire les émissions », explique-t-il. La Norvège ne paiera, en tout cas, que si le Gabon y parvient.
« Deuxième poumon de la terre »
Le Gabon est situé en plein cœur de la forêt tropicale d’Afrique centrale, appelée « le deuxième poumon de la terre » après l’Amazonie, qui « couvre un territoire aussi vaste que l’Europe occidentale », selon l’Initiative pour la forêt de l’Afrique centrale (CAFI).
Depuis plusieurs années, les autorités gabonaises ont développé une politique de conservation relativement poussée pour l’Afrique centrale. Il possède 13 parcs nationaux, qui couvrent 11% de son territoire, et 20 aires marines protégées.
Moctar FICOU / VivAfrik