Le Sénégal valide sa nouvelle Lettre de politique de développement du secteur de l’énergie

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Le secteur énergétique sénégalais vit ces derniers jours une profonde mutation. Notre pays a officiellement annoncé la fourniture des cinquante premiers mégawatts qui seront issus de la première phase des travaux du parc éolien de Taïba Ndiaye et a dernièrement mobilisé 350 milliards de FCFA pour une feuille de route sur l’électricité. Hormis ces initiatives, le Sénégal, par le biais du ministère du Pétrole et des Energies, a dévoilé, vendredi 25 octobre 2019 à Dakar, la nouvelle Lettre de politique de développement du secteur de l’énergie (LPDSE) pour la période 2019-2023.

La LPDSE est, selon Mouhamadou Makhtar Cissé, un document axé sur la vision globale du Plan Sénégal Emergent (PSE) : « faire de l’énergie durable et de qualité le fondement » de l’émergence du pays. « Dans le secteur de l’énergie, la projection axée sur la vision globale du Plan Sénégal Emergent, c’est l’accès généralisé à une énergie durable et à un coût supportable pour les ménages et pour les entreprises. Cette vision globale doit nous pousser à faire de l’énergie le fondement de notre émergence », a indiqué le ministre du Pétrole et des Energies.

De l’avis de M. Cissé, la LPDSE, qui a pour socle une énergie durable, de qualité, respectueuse de l’environnement et fondement de l’émergence du pays, vise à renforcer l’accès de tous à une énergie en qualité et quantité suffisantes à moindre coût et durable.

Elle repose sur cinq valeurs (performance, transparence, durabilité, équité et égalité de genre) et est scindée en quatre orientations stratégiques. La première porte sur la sécurisation de la production et de l’approvisionnement du pays en énergie en quantité suffisante et au moindre coût. La deuxième orientation devrait quant à elle garantir l’accès à l’électricité avec une qualité et une continuité de service à moindre coût et de façon durable, là où la troisième orientation stratégique devrait assurer l’accès des populations aux combustibles de cuisson. La quatrième et dernière orientation stratégique, lit-on dans journaldutchad.com, devrait servir au renforcement du financement, de la gouvernance, de la régulation et du suivi-évaluation.

Les 4 orientations stratégiques de la LPDSE subdivisées en huit programmes

Les 4 orientations stratégiques de la LPDSE sont également subdivisées en huit programmes dont le premier est consacré à la promotion et à la sécurisation de la production locale de pétrole et de gaz. Il est ainsi prévu la poursuite de l’exploration du bassin sédimentaire aussi bien dans l’onshore que dans l’offshore, la mise en place des préalables pour la transition vers la production du pétrole et du gaz local et l’élaboration d’une loi d’orientation sur la gestion et la gouvernance des revenus pétroliers et gaziers. La définition du cadre légal, réglementaire et de régulation régissant le midstream et l’aval gazier et pétrolier, l’élaboration d’un plan directeur pour le pétrole et le gaz ainsi que le développement du contenu local accompagneront les programmes précités.

Mouhamadou Makhtar Cissé qui s’est confié au site d’information journaldutchad.com a expliqué que le deuxième programme porte sur la sécurisation de la chaine d’approvisionnement du pays en hydrocarbures. Ce programme verra l’élaboration d’un schéma directeur de Développement de la logistique pétrolière et gazière, l’augmentation et la décentralisation du nombre de points d’approvisionnement en plus du port de Dakar ainsi qu’une augmentation des volumes de stockage en produits pétroliers et gaziers. Une réhabilitation et une adaptation de la logistique de transport et de transfert des hydrocarbures, l’adaptation des spécifications techniques des hydrocarbures aux exigences de protection de l’environnement et de la création d’un laboratoire national de contrôle et de vérification des produits auxquels s’ajouteront la mise en à niveau technique de la Société africaine de raffinage et l’amélioration de son dispositif de production et de sa rentabilité, seront également mises en œuvre.

Le troisième programme axé sur l’amélioration et l’optimisation du système d’offre d’électricité devrait permettre l’augmentation de la capacité de production avec un mix amélioré tenant compte du « gas to power » à l’effet de baisser le coût du KWh, et la lutte contre les pertes techniques et non techniques pour améliorer le rendement. Les cinq programmes restant portent entre autre sur l’accès à l’électricité en milieu rural partout et pour tous, la promotion des énergies renouvelables, le développement de la maitrise et de l’efficacité énergétique, la promotion et la diversification des combustibles domestiques modernes et enfin la gouvernance de la régulation du secteur énergétique.

Accélérer le processus pour l’accès universel à l’électricité en 2025

« L’autre priorité concerne l’accès universel à l’électricité en 2025. Même si d’importants progrès ont été réalisés, il n’en demeure pas moins que le milieu rural reste un important défi, qui mérite toute l’attention du gouvernement » a affirmé le ministre. Qui renchérit : « la stratégie d’opérationnalisation de l’accès universel à l’électricité est en cours d’actualisation ». Dans ce sillage, il est prévu prochainement des consultations « pour regrouper l’ensemble des acteurs pour la mobilisation des financements ». Lesquelles devront aboutir à « une rencontre avec les bailleurs pour capter tous les financements (en vue) de l’atteinte de l’objectif à l’horizon 2025. Parce que, l’accès à l’électricité est devenu un droit et de plus en plus les populations n’accepteront pas d’être dans l’obscurité. Il nous faut accélérer le processus pour vraiment y arriver ».

4 000 milliards de FCFA en faveur d’un dispositif de pilotage et de suivi-évaluation

Un dispositif de pilotage et de suivi-évaluation seront mis en place pour conduire la LPDSE dont le budget prévisionnel est estimé à plus de 4 000 milliards de FCFA. Malgré le coût élevé du projet, le ministre du Pétrole et des Energies a invité les uns et les autres « à faire focus sur les projets » car, dit-il, « le défis majeur c’est de mettre l’accent sur le suivi et l’évaluation pour pouvoir obtenir les résultats ». « Ma conviction est que les financements est le problème le moyen partagé dans les politiques économiques. Quand vous avez un bon plan, généralement vous avez un financement parce que ce n’est pas l’argent qui manque dans le monde, ce sont les bons projets parfois qui font défaut », a-t-il ajouté.

Mouhamadou Makhtar Cissé a par ailleurs plaidé pour certains programmes comme le biogaz, permettant de maitriser les risques sur l’environnement et la santé des populations mais aussi d’amorcer une petite économie au niveau des zones rurales. A en croire M. Cissé, cela devrait leur permettre non seulement d’avoir du gaz pour la cuisson et l’éclairage et même de produire de l’engrais pour pouvoir améliorer les rendements de leur agriculture et même commercialiser cet engrais et avoir des revenus monétaires.  

Moctar FICOU / VivAfrik                                  

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