L’Afrique de l’Ouest invitée à fermer des usines de farine et d’huile de poisson

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Un communiqué officiel de l’Organisation non gouvernementale (ONG) Greenpeace Afrique transmis à la presse a révélé que les femmes transformatrices de poisson au Sénégal ont appelé les Etats d’Afrique de l’Ouest à fermer les usines de farine et d’huile de poisson.

Le document précise qu’elles ont exprimé cette revendication à l’occasion de la célébration, dimanche 8 mars 2020, de la Journée internationale de la femme.

« Les femmes transformatrices de poisson appellent les femmes du monde entier à se joindre à leur appel urgent pour la fermeture des usines de farine et d’huile de poisson qui menacent les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire de près de 40 millions de personnes en Afrique de l’Ouest », lit-on dans le communiqué.

Fatou Samba, présidente d’une association de femmes transformatrices de poisson à Bargny, au Sénégal n’est passée par quatre chemins pour interpeler l’Etat. « L’Etat doit forcer les usines de farine et d’huile de poisson à ne pas acheter du poisson destiné à être transformé pour l’aquaculture industrielle et l’alimentation du bétail. Ce poisson est indispensable pour ceux qui vivent au Sénégal et dans la région de l’Afrique de l’Ouest, comme source de protéines et moyen de subsistance ».

Mme Samba « s’est efforcée de demander au gouvernement de mettre un terme à l’expansion des industries de la farine et de l’huile de poisson », ajoute-t-elle dans le communiqué reçu de Greenpeace Afrique, qui s’active dans la protection de l’environnement.

Pour sa part, Diaba Diop, présidente d’un groupement de femmes transformatrices de poisson à Thiaroye, au Sénégal estime qu’« avec une communauté autour de 40 millions de personnes en Afrique de l’Ouest, les femmes transformatrices de poisson sont au premier rang de la lutte pour les droits fondamentaux comme l’accès à la nourriture, à l’emploi et aux ressources maritimes ».

« Aujourd’hui, à l’occasion de la Journée internationale de la femme, nous lançons un appel aux populations du monde entier pour qu’elles soutiennent nos efforts », poursuit-elle.

L’industrie de la farine et de l’huile de poisson, en pleine expansion en Afrique de l’Ouest, absorbe et traite d’énormes volumes de poisson frais, dont le produit fini est expédié en Europe et en Asie pour alimenter l’industrie de l’aquaculture, de la volaille et des animaux compagnie, selon le texte.

Une « importante source alimentaire »

Le poisson est une source de protéines vitale pour les populations d’Afrique de l’Ouest, où « les usines de farine et d’huile de poisson perturbent cette importante source alimentaire », souligne le communiqué.

Il signale que la proportion de protéines provenant du poisson est extrêmement élevée au Sénégal.

« Avant l’usine de farine de poisson, nous nous en sortions très bien. Maintenant, nous n’avons plus de poisson. Nous travaillons dur, mais nous ne nous en sortons pas », déplore Maïmouna Sabaly, une transformatrice de poisson à Joal, au Sénégal.

« Nous ne pouvons pas faire face à une compétition aussi rude, avec les usines de farine de poisson », affirme Mme Sabaly dans le communiqué.

Greenpeace Afrique estime que « la protection de la profession de transformatrices est importante, vu le rôle que ces femmes jouent dans l’éducation des enfants, la stabilité sociale des familles, la santé de la population, la sécurité alimentaire et la création d’emplois ».

Abdoulaye Ndiaye, un chargé de campagne de Greenpeace Afrique, « appelle (…) le gouvernement sénégalais à cesser d’accorder des permis pour de nouvelles usines de farine de poisson et à prendre des mesures pour fermer les usines existantes ».

« Au cours de ces dernières décennies, les stocks de poissons en Afrique de l’Ouest ont été surexploités. Malgré cette situation, les gouvernements de la région ont favorisé l’implantation et le développement de l’industrie de la farine et de l’huile de poisson », affirme l’ONG.

Cette industrie « prive les consommateurs du poisson, une situation qui entraîne la surpêche et une augmentation des prix du poisson sur les marchés locaux », ajoute-t-elle.

Une « concurrence déloyale et intenable »

« Par conséquent, le poisson est devenu encore plus rare, et un grand nombre de femmes transformatrices de poisson commencent à perdre leur emploi à cause de cette concurrence déloyale et intenable », argue Greenpeace Afrique.

« La priorité des gouvernements et des autorités de la pêche d’Afrique de l’Ouest ne devrait pas être l’industrie de la farine et de l’huile de poisson, mais la professionnalisation du sous-secteur de la transformation artisanale du poisson », soutient Diaba Diop.

Elle réclame « un statut professionnel » des transformatrices de poisson, afin qu’elles puissent « améliorer leurs produits » et « obtenir un accès aux marchés les plus porteurs ».

« Durant ces dernières années, les usines de farine et d’huile de poisson se sont développées dans tout le Sénégal, notamment [à] Gandiole, Cayar, Mbour, Joal, Kafountine, etc. Selon les populations locales, ces usines sont à l’origine d’un grand nombre de problèmes environnementaux graves tels que la pollution maritime, la destruction des terres agricoles et des pâturages », déplore Greenpeace

Afrique. Ces usines « sont également la source d’odeurs insupportables qui (…) nuisent à [la] santé » des communautés locales.

« Il est temps pour les gouvernements d’Afrique de l’Ouest de mettre un terme aux usines de farine et d’huile de poisson qui absorbent d’énormes volumes de poissons frais, mettant ainsi en danger la durabilité des stocks de poissons, la sécurité alimentaire et les emplois de millions de personnes dans la région », a déclaré Abdoulaye Ndiaye.

Moctar FICOU / VivAfrik

1 COMMENTAIRE

  1. Ce qu’il faut dire, c’est que la priorité des gouvernements et des autorités de la pêche d’Afrique de l’Ouest devrait être le bien-être des populations.
    Dans cette perspective, si l’industrie de la farine et de l’huile de poisson répond à cette priorité, elle est alors le bon choix. Mais, si elle perturbe le bien-être des populations, alors il faut la repenser. Il ne faut peut-être pas fermer les usines existantes, mais s’abstenir de l’ouverture de nouvelle usines et voir dans quelles mesures une harmonie entre les besoins des populations et ceux de ces usines est possible et concevoir cette harmonie, qui peut passer par le volume traité par ces usines.
    Il faut partager les bénédictions.

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