L’Afrique, un marché d’avenir pour l’énergie dite propre

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Par Mohamed Sneïba                       

Selon un rapport de Bloomberg, les investissements dans l’énergie « dite propre » ont atteint 333,5 milliards de dollars USD. L’énergie solaire et l’énergie éolienne arrivent en tête avec 161 et 107 milliards USD d’investissements, notamment en Asie (187 milliards), en Amérique (78 milliards) et en Europe (69 milliards).

Dans la course vers ce nouveau marché, l’Afrique « suit » la tendance mais reste loin derrière. Le rapport Bloomberg, qui place la Chine en tête, avec 40% des investissements (132,6 milliards USD) ne lui réserve de place que dans la rubrique « autres », alors que des pays leaders, comme les Etats-Unis (59 milliards), le Japon (23,6 milliards), l’Allemagne (10 milliards), l’Australie (9 milliards) et le Mexique (6 milliards) essaient de suivre la cadence imposée par Pékin.

Pourtant, une étude effectuée en 2016 par Havas Horizons a fait de l’énergie solaire « l’investissement le plus prometteur pour l’Afrique en 2020. »

Avec un taux d’accès à l’électricité qui n’atteint pas 20% dans la moitié des pays africains (Banque Mondiale), l’Afrique devrait attirer d’énormes investissements dans ce secteur d’avenir. L’énergie solaire hors réseau, par exemple, représente un marché annuel de 1,75 milliard de dollars, selon un rapport du Groupe de la Banque mondiale et de l’Association mondiale du secteur de l’énergie hors réseau (GOGLA). Il fournit de l’électricité et d’autres services énergétiques à 420 millions d’usagers dont une bonne partie se trouverait en Afrique.

Les défaillances et les inefficacités des infrastructures de transport d’énergie, combinées aux coûts élevés des connexions aux communautés rurales et autres facteurs, signifient que de nombreux Africains quittent le réseau – choisissant des options coûteuses comme les générateurs et, dans certains cas, construisant des mini-réseaux solaires dans leurs communautés. Une situation qui en dit long sur le changement de position des pays occidentaux par rapport à l’investissement énergétique en Afrique.

La Finlande devrait, par l’intermédiaire de la Société Financière Internationale (IFC) injecter pas moins de 114 millions d’euros dans différents projets éoliens menés par des entreprises privées sur le continent africain. Premier équipement visé : la ferme du lac Turkana, au Kenya, avec ses 365 turbines censées augmenter de 17% la puissance électrique installée du pays. L’Allemagne, via l’entreprise spécialisée en énergie éolienne Nordex, était engagée dans la région du Cap Nord, en Afrique du Sud, pour la production 252 MW.

Avant sa chute, la Première ministre britannique Theresa May avait annoncé le déblocage, via le Fonds pour les technologies propres (CTF), de près de 75 millions de dollars pour le développement de batteries à sel en Afrique du Sud. Ce projet, dont le budget est estimé à 500 millions de dollars, permettrait de répondre aux carences de production en énergie solaire pendant la saison des pluies (quatre mois par an). Le Royaume-Uni demeure par ailleurs très investi dans les initiatives «off grid» (hors réseau) en milieu rural, notamment à travers le programme Energise Africa qui vise à apporter de l’énergie propre à 125.000 personnes vivant en Afrique subsaharienne et dans lequel les Britanniques ont investi deux millions de dollars.

L’influence grandissante de la Chine en Afrique touche également à l’énergie renouvelable dont elle est d’ores et déjà leader mondial. Les fonds chinois pleuvent sur le continent jusqu’à atteindre neuf milliards de dollars entre 2016 et 2017, selon une étude du cabinet Baker McKenzie. Et, selon l’Agence de l’Énergie, en cette année 2020, la Chine pourrait avoir financé près de 200 projets dans le domaine des énergies renouvelables en Afrique subsaharienne. De quoi faire en sorte qu’un Mégawatt africain sur deux soit chinois.

Mohamed Sneïba Correspondant permanent afrimag.net – Nouakchott

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