Alors que les pays à travers le monde, connaissent des réponses diversifiées à la pandémie de COVID-19 et anticipent des conséquences économiques sévères, la Guinée s’appuie essentiellement sur l’organisation qui a fait ses preuves pendant l’épidémie d’Ébola de 2014-2015 : des structures institutionnelles pour répondre aux crises sanitaires, en collaboration avec les partenaires internationaux et le secteur minier qui joue un rôle important dans l’économie nationale. Cette expérience dans la réponse aux crises sanitaires et les mécanismes établis dans les contrats et conventions minières pour le contrôle des revenus tirés par l’État pourraient mettre le pays dans une meilleure position par rapport à d’autres pays en développement pour la riposte au COVID-19 et à la crise économique. La structure mise en place pour gérer l’épidémie d’Ebola a été transformée en l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSS), dont la mission aujourd’hui est notamment de contribuer à la mise en place d’un système national de surveillance et de réponse aux épidémies, urgences et catastrophes et de coordonner les soins aux patients COVID-19. Un comité consultatif composé de diverses parties prenantes, dont des agences des Nations Unies, la Banque mondiale et l’Union européenne, assiste l’ANSS. Un représentant de la Chambre des Mines est également membre. Ce comité aide à coordonner les efforts de réponse et valide les recommandations faites au gouvernement pour assurer l’efficacité de la réponse à la crise. Les institutions et le système de réponse aux crises rendent aujourd’hui le pays mieux préparé. Pour le moment, aucune mesure générale de confinement n’a été prononcée, à l’exception d’un couvre-feu nocturne décrété pour faciliter le respect de l’ordre de fermeture des lieux publics. La priorité a été donnée à la recherche des contacts. Selon OCHA, la Guinée a un taux de recherche et de suivi des contacts de 88%. Les voyageurs sont contrôlés par des caméras thermiques et doivent se laver les mains avant d’entrer dans le pays. Ils reçoivent une fiche d’information sur les risques de propagation du COVID-19 et sont également tenus de remplir un formulaire sur leur itinéraire et leur état de santé. Si l’on considère le nombre actuel de cas, cette approche semble efficace. Selon l’Université John Hopkins, le pays compte au 4 mai 2020 1586 cas et 7 décès, souligne oecd-development-matters.org.
Les ressources minérales, principalement l’or et la bauxite, représentaient 87% des exportations de la Guinée
Depuis l’épidémie d’Ébola, le pays a ouvert trois centres de traitement, dont des laboratoires capables d’effectuer des tests épidémiologiques, à savoir l’Institut national de santé publique, l’Institut Pasteur et le Centre Nongo. Celles-ci sont actuellement utilisées pour traiter les patients COVID-19. De plus, le pays peut aujourd’hui tirer profit de son expérience en sensibilisation et éducation des populations; traçage des cas détectés sur tout le territoire national; suivi des contacts; isolement sélectif des foyers; surveillance de tous les décès pour identifier les cas non détectés et mettre à jour la base des contacts. Le secteur minier a joué un rôle important dans la réponse aux crises sanitaires. Cela est important compte tenu de la forte dépendance du pays à l’égard de l’exploitation minière. En 2018, les ressources minérales, principalement l’or et la bauxite, représentaient 87% des exportations de la Guinée. La bauxite est le secteur minier le plus actif, représentant 34% des exportations. Toutes les sociétés minières ont adopté des plans d’urgence sanitaire sur la base de ceux élaborés pendant la précédente épidémie d’Ébola pour faire face au COVID-19. Les sociétés minières peuvent en effet puiser dans l’expérience acquise en mise en place de protocoles spéciaux d’interaction avec les intervenants extérieurs (par exemple les procédures de réception, de chargement/déchargement des navires pour l’importation et l’exportation, la réorganisation des mandats en cours des consultants sous contrat); (ii) organisation des shifts et congés pour minimiser les risques, application des mesures individuelles de prévention; extension de la zone de vigilance et d’action (assistance) des sociétés au-delà du périmètre minier pour englober les communautés avoisinantes, ajoute la même source.
Lutte contre le COVID-19, la CBG apporte une autre contribution
La Compagnie des Bauxites de Guinée (CBG), a annoncé lundi 4 mai 2020 la remise d’un don de matériels et de kits sanitaires pour soutenir la lutte contre le Corona virus (COVID-19), dans la région de Boké. Le don est composé de 200 kits de lavage de mains, 10 mille morceaux de savons, 1 500 litres d’eau de javel, 10 mille masques chirurgicaux et de 100 thermo flashs. Ce don est destiné à appuyer le plan de riposte contre le COVID-19 des autorités locales, dans les préfectures de Boké, de Gaoual et de Telemelé. Une cérémonie symbolique a été organisée ce weekend pour procéder à la remise du don aux autorités régionales de Boké. En procédant à la remise des kits, le Chef de Service Santé et Sécurité de la CBG, Mamadou Aliou Barry, a tenu à préciser au nom du Directeur General que : « Ce modeste don vient renforcer notre programme global d’accompagnement des autorités et des populations locales, notamment les communautés au tour de nos opérations, dans la lutte contre le COVID-19 », informe africaguinee.com.
Moctar FICOU / VivAfrik