La crise sanitaire actuelle liée au Coronavirus (Covid-19) pèse fortement sur les économies du continent qui ont misé, soit sur le tourisme, soit sur les exportations des matières premières, notamment les hydrocarbures.
Pour sa part, le Nigeria, premier pays producteur d’hydrocarbures du continent, est le pays le plus fragilisé par cette violente chute des prix. La production de pétrole y représente plus de la moitié des recettes publiques.
Dans son budget 2020 par exemple, le gouvernement avait fixé le prix du pétrole à 57 dollars le baril, avant d’assister à une plongée des prix de plus de 30% depuis le début de la crise sanitaire.
C’est un coup très dur pour l’économie de ce géant sortant à peine d’une période de récession, qui plombait son économie depuis 2016, à la suite d’une crise déjà liée à la chute des cours du pétrole.
Hormis la crise sanitaire qui a affecté le secteur des hydrocarbures n’a pas épargné celui agricole notamment la filière cacao qui tourne au ralenti. En effet, les acheminements de fèves connaissent des retards en raison du couvre-feu imposé par le gouvernement pour limiter la contestation sociale tandis que les capacités de stockage arrivent à leur limite. Mieux, la filière cacao souffre des perturbations liées à la contestation grandissante contre les violences policières.
Avec le couvre-feu imposé par les autorités et les embouteillages récurrents, il faut désormais près de 30 jours pour que les conteneurs soient acheminés vers le port d’Apapa à Lagos, a expliqué Mufutau Abolarinwa, président de l’Association du cacao (CAN).
S’il reste possible pour les exportateurs de réduire cette durée à une semaine grâce à l’utilisation de barges pour le transport des fèves, le responsable indique que le déploiement d’un tel investissement reste délicat compte tenu de la situation financière difficile des opérateurs.
En effet, ceux-ci doivent déjà faire face aux conséquences sur leur trésorerie, de la chute des cours mondiaux du cacao liée à la baisse de la demande pour les produits chocolatés du fait du coronavirus. Avec la mauvaise situation des exportateurs, c’est toute la chaîne de la commercialisation du cacao nigérian qui pourrait fonctionner au ralenti.
Les producteurs déjà confrontés à la baisse du prix garanti au kilogramme de cacao à cette étape de la campagne (- 8 %), risquent notamment de se retrouver avec leur récolte sur les bras si les négociants suspendent leurs achats de fèves faute d’espace supplémentaire de stockage.
Godwin Ukwu, un négociant en fèves s’inquiète en ces termes : « j’ai déjà entreposé 300 tonnes de cacao en l’intervalle de 10 jours. Dans les prochains 10 jours, mon centre de stockage sera saturé ».
Pour l’heure d’après Abolarinwa, aucun défaut sur les contrats d’exportation n’a été signalé dans le secteur même si les plaintes des maisons de négoce s’accroissent sur les retards d’acheminement.
Le dirigeant anticipe en 2020/2021, une production de 270 000 tonnes de cacao pour le Nigeria contre 250 000 tonnes un an plus tôt.
Moctar FICOU / VivAfrik