Les autorités Egyptiennes n’ont pas hésité à qualifier d’« escalade dangereuse » le deuxième remplissage du barrage de la Renaissance. Selon le ministère égyptien des Affaires étrangères qui s’exprimait, mardi 6 juillet 2021 a indiqué que le Caire et Khartoum considéraient l’annonce par l’Éthiopie du deuxième remplissage du barrage de la Renaissance comme une « escalade dangereuse » qui révèle la mauvaise intention et la volonté d’Addis-Abeba d’imposer un fait accompli aux deux pays riverains.
L’annonce de ce remplissage a été faite par l’Égypte, qui a « fermement rejeté » cette manœuvre réalisée par l’Éthiopie. Rappelons qu’Addis-Abeba construit sur le fleuve Nil le plus grand barrage hydroélectrique d’Afrique depuis 2011. L’infrastructure inquiète particulièrement l’Égypte et le Soudan, pays situés en aval et qui craignent un impact sur leurs réserves en eau.
Apprenant le lancement d’une deuxième phase du remplissage, l’Égypte a dénoncé une « violation des lois internationales » et a aussitôt prévenu le Conseil de sécurité de l’ONU qui doit se réunir jeudi 8 juillet 2021 sur le sujet. Égyptiens et Soudanais poussent pour que l’organe principal des Nations unies se saisisse du dossier et contraigne l’Éthiopie à tout stopper tant qu’un accord tripartite n’a pas été trouvé.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Shoukry a rencontré lundi 6 juillet 2021 à New York son homologue soudanaise, Mariam Al Sadiq Al-Mahdi, dans le cadre des préparatifs de la session du Conseil de sécurité de l’ONU à la demande des deux pays.
« Au cours de leur rencontre, Shoukry et Al-Mahdi ont exprimé leur rejet catégorique de l’annonce de l’Éthiopie de commencer le processus de remplissage pour la deuxième année, car il s’agit d’une violation explicite des dispositions de l’accord de déclaration de principes conclu entre les trois pays. en 2015 », lit-on dans un communiqué du ministère égyptien des Affaires étrangères.
Le barrage de la Renaissance est construit à 80%. Une première phase de remplissage avait été réalisée l’an dernier pour tester le fonctionnement d’une turbine servant notamment à gérer le débit de l’eau et à retenir près de 5 milliards de m3. Cette deuxième phase doit permettre à l’eau d’atteindre de nouvelles turbines, à continuer les tests et à remplir 13,5 milliards de m3 d’eau supplémentaires.
Les ministres égyptiens et soudanais des Affaires étrangères sont déjà à New York. En amont de la réunion, ils ont déjà rencontré les représentants de plusieurs pays, Irlande, Mexique, Estonie ou encore Norvège, afin de défendre leur point de vue. La Ligue Arabe a également écrit au Conseil. Entraînant aussitôt la colère d’Addis-Abeba.
Ce mardi 6 juillet 2021 dans la matinée, les Éthiopiens ont dénoncé une « ingérence malvenue » et accusé les nations arabes de toujours soutenir de manière « inconditionnelle et sans réserve » toute demande égyptienne sur le barrage. L’Éthiopie renvoie les parties aux négociations sous l’égide de l’Union africaine. Des discussions pour l’instant au point mort.
Moctar FICOU / VivAfrik