Dans son communiqué officiel transmis publié le 2 mars 2022, l’Organisation mondiale de la Santé a indiqué que « les dirigeants mondiaux et des experts ont appelé aujourd’hui (Ndlr : mardi 2 mars 2022) à l’action au niveau mondial pour réduire la pollution antimicrobienne, reconnaissant qu’une telle action est essentielle pour lutter contre la hausse des niveaux de résistance aux médicaments et protéger l’environnement ».
En termes clairs, le Groupe de direction mondial sur la résistance aux antimicrobiens a appelé tous les pays à réduire la quantité de déchets antimicrobiens qui sont rejetés dans l’environnement. Il s’agit notamment de rechercher et de mettre en œuvre des mesures visant à éliminer en toute sécurité les déchets antimicrobiens provenant des systèmes alimentaires, des systèmes de santé humaine et animale et des installations de production.
L’appel précède l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement qui s’est tenue à Nairobi et en ligne du 28 février au 2 mars 2022 et au cours de laquelle les pays ont discuté des défis environnementaux les plus urgents auxquels le monde est confronté.
« Le Groupe de direction mondial sur la résistance aux antimicrobiens est composé de chefs d’État, de ministres et de dirigeants du secteur privé et de la société civile. Le groupe a été créé en novembre 2020 pour accélérer, au niveau mondial, la dynamique politique, le leadership et l’action contre la résistance aux antimicrobiens (RAM) ; il est coprésidé par Leurs Excellences Mia Amor Mottley, Première ministre de la Barbade, et Sheikh Hasina, Première ministre du Bangladesh », lit-on dans le texte de l’OMS. Qui relève que les déchets de médicaments antimicrobiens polluent l’environnement.
Selon le document, la déclaration du Groupe de direction mondial appelle tous les pays à améliorer les mesures de gestion et d’élimination des déchets et des eaux de ruissellement contenant des antimicrobiens issus des sites de production, des entreprises agricoles, des hôpitaux et d’autres sources.
Les antimicrobiens administrés aux humains, aux animaux et aux végétaux pénètrent dans l’environnement et les sources d’eau (y compris les sources d’eau potable) par les eaux usées et de ruissellement, les déchets et les eaux d’égout et ainsi se propagent les organismes résistants aux médicaments et la résistance aux antimicrobiens.
Ce phénomène pourrait aussi, selon l’OMS, favoriser l’émergence et la propagation accrues de « superbactéries » résistantes à plusieurs types de médicaments antimicrobiens et nuire également aux organismes présents dans l’environnement.
Suffisant pour ces scientifiques d’inviter à réduire la quantité de pollution antimicrobienne pénétrant dans l’environnement et qui est crucial pour préserver l’efficacité des médicaments antimicrobiens.
« Le Groupe de direction mondial appelle tous les pays à élaborer et à mettre en œuvre des règlements et des normes afin de mieux surveiller et maîtriser le rejet et la diffusion dans l’environnement des antimicrobiens et des organismes résistants aux médicaments », a-t-on appris du communiqué paru dans le site officiel de l’Organisation mondiale de la santé.
La même source détaille que les autres principales mesures à prendre sont notamment dans le secteur manufacturier, élaborer des normes nationales pour lutter contre la pollution générée par la fabrication d’antimicrobiens afin de mieux maîtriser et surveiller la pollution antimicrobienne ; dans le secteur de la santé humaine et animale, appliquer des lois et des politiques visant à réduire ou à éliminer l’utilisation d’antimicrobiens lorsqu’elle ne se fait pas suivant les orientations d’un prestataire de soins de santé qualifié et enfin dans les systèmes alimentaires, mettre en œuvre des normes pour traiter et gérer les rejets de déchets provenant des fermes d’élevage d’animaux destinés à l’alimentation, des fermes aquacoles et des champs de culture.
L’inaction aura des conséquences désastreuses pour la santé humaine, animale, végétale et environnementale
« Les médicaments antimicrobiens (y compris les antibiotiques, les antifongiques et les antiparasitaires) sont utilisés en médecine humaine et vétérinaire partout dans le monde. Ils sont utilisés pour traiter et prévenir les maladies chez les humains et les animaux, et parfois dans la production alimentaire pour favoriser la croissance chez les animaux en bonne santé. Les pesticides antimicrobiens sont également utilisés en agriculture pour traiter et prévenir les maladies des végétaux », souligne le document.
L’OMS relève dans son communiqué que l’utilisation actuelle des médicaments antimicrobiens chez les humains et les animaux et pour les végétaux entraîne une augmentation inquiétante de la résistance aux médicaments et rend les infections plus difficiles à traiter.
Les microbes et les agents pathogènes résistants aux médicaments peuvent se transmettre entre les humains, les animaux, les végétaux et contaminer les aliments et l’environnement. La crise climatique peut également contribuer à une augmentation de la résistance aux antimicrobiens.
A cet effet, les maladies pharmacorésistantes contribuent à près de cinq millions de décès chaque année (en anglais). Une action est nécessaire pour freiner l’augmentation et la propagation de la résistance aux antimicrobiens dans tous les pays. Si aucune mesure n’est prise, le monde se dirigera rapidement vers un point de basculement où les antimicrobiens sur lesquels on compte pour traiter les infections chez les humains, les animaux et les végétaux ne seront plus efficaces.
L’impact sur les systèmes de santé, les économies, la sécurité alimentaire et les systèmes alimentaires aux niveaux local et mondial sera dévastateur.
« Les liens entre la résistance aux antimicrobiens, la santé environnementale et la crise climatique deviennent de plus en plus frappants. » a déclaré la coprésidente du Groupe de direction mondial sur la résistance aux antimicrobiens, Son Excellence Mia Amor Mottley, Première Ministre de la Barbade. « Nous devons agir maintenant pour protéger l’environnement, et les gens partout dans le monde, des effets néfastes de la pollution antimicrobienne. »
L’Organisation mondiale de la santé affirme que comprendre et gérer la pollution antimicrobienne mondiale devrait être une priorité pour tous les pays. Bien que l’ampleur exacte de la pollution antimicrobienne à l’échelle mondiale ne soit pas connue, les données probantes indiquent qu’elle pourrait avoir des impacts significatifs sur la résistance aux antimicrobiens. Ainsi, les bactéries multirésistantes sont déjà largement répandues dans les eaux marines et les sédiments à proximité des lieux de rejet des déchets aquacoles, industriels et municipaux, lit-on encore dans le communiqué.
Dans tous les pays, les gens peuvent jouer un rôle en s’assurant qu’ils éliminent correctement les médicaments périmés et inutilisés, remarque l’OMS.
Qui conclue que les investisseurs peuvent également apporter leur contribution en investissant dans la recherche-développement de technologies de gestion des déchets rentables et plus écologiques.
Moctar FICOU / VivAfrik