Les forêts se seraient embrasées instantanément après la chute de l’astéroïde qui a tué les dinosaures !

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Par Morgane Gillard

Il y a 66 millions d’années, la chute de l’astéroïde du Chicxulub aura marqué profondément l’histoire de la Terre. Aujourd’hui, on comprend mieux comment s’est déroulée cette catastrophe qui a provoqué un embrasement quasi instantané des forêts dans un rayon de plusieurs milliers de kilomètres.

Si les conséquences à long terme de l’impact météoritique géant qui donna naissance au cratère de Chicxulub sont bien connues (extinction des dinosaures, modification du climat), la chute de l’astéroïde a eu également des effets immédiats extrêmement dévastateurs, notamment la génération d’un important tsunami et de vastes incendies de forêt.

Les habitants de la ville de Chelyabinsk en Russie s’en souviennent : en 2013, l’explosion d’une « petite » météorite d’environ 15 mètres de diamètre avait provoqué une importante onde de choc qui avait fait d’importants dégâts.

Imaginons désormais la puissance de l’impact d’un astéroïde de plus de 10 km de diamètre, comme cela a été le cas il y a 66 millions d’années, à la fin du Crétacé. L’énergie libérée a été estimée à plusieurs milliards de fois celle de la bombe d’Hiroshima.

Une radiation thermique carbonisant tout le paysage en quelques secondes

Sous l’effet du choc, les roches composant l’astéroïde mais également la croûte continentale se sont immédiatement vaporisées, produisant une énorme boule de feu se propageant très rapidement à partir du point d’impact, bien plus rapidement que l’onde de choc. Avec des températures supérieures à 1.000 °C, l’ensemble du paysage est dévasté en quelques secondes, et cela sur plusieurs milliers de kilomètres.

Sous l’effet de cette radiation thermique, la végétation, mais également tous les êtres vivants, sont instantanément carbonisés, avant même de subir le souffle qui couchera les arbres au sol, ou la vague de tsunami qui interviendra pourtant très rapidement, quelques minutes seulement après l’impact.

Voici le terrifiant tableau des événements que relate l’article publié dans Scientific Report. Des chercheurs anglais, mexicains et brésiliens se sont en effet penchés sur les causes des feux de forêt survenus le jour de la catastrophe, mais également sur la chronologie des événements.

Des troncs calcinés à plus de 2 500 km de l’impact

Les scientifiques ont analysé des dépôts sédimentaires situées à plus de 2.500 km du cratère de Chicxulub. Ces dépôts datant de 66 millions d’années montrent en effet une importante amalgamation de débris de toutes sortes : fossiles de coraux, coquilles de gastéropodes et bivalves sont mélangés à des débris de troncs d’arbres calcinés, le tout enrobé dans une matrice riche en argile. Cet agencement de débris très hétéroclites n’est autre que la marque laissée par le méga-tsunami qui a déferlé sur le paysage rapidement après l’impact.

Les fragments de bois sont de taille conséquente, avec des morceaux de tronc pouvant aller jusqu’à 3 mètres. Sur les troncs, se trouvent encore de larges portions d’écorce calcinée pourtant toujours en place, ce qui suggère qu’après avoir brûlé, les troncs ont été très rapidement ensevelis sous les sédiments marins.

Il s’agit là d’une observation clé pour les scientifiques. Si la présence de charbon dans ces dépôts relativement éloignés du lieu de l’impact indiquait que des feux de forêt s’étaient bien déclarés plus ou moins à ce moment-là, l’exact enchaînement des événements et leurs causes étaient encore mal contraints. Ces feux avaient-ils été causés par l’impact lui-même ou de manière subséquente ? Certaines hypothèses proposaient en effet que des incendies se seraient déclenchés dans un second temps, par exemple par l’action de la foudre sur un sol jonché de débris végétaux et d’arbres abattus par le souffle de l’impact.

Un embrasement instantané avant l’arrivée du tsunami

Les données de l’étude montrent cependant que les incendies se sont déclarés avant la survenu du méga-tsunami, qui est arrivé sur le site une dizaine de minutes seulement après l’impact. La végétation se serait donc embrasée de façon quasi instantanée au moment de la formation du cratère de Chicxulub et sous l’effet de la chaleur dégagée par l’impact. Les mesures réalisées sur les échantillons d’écorce calcinée indiquent une température allant de 395 à 1.022 °C.

Les scientifiques notent cependant que l’intérieur des troncs n’est, quant à lui, pas brûlé. Deux hypothèses sont avancées : soit la végétation aurait subi un embrasement instantané lié à la radiation thermique, mais cela ne provoquant pas d’incendie à proprement parler, soit le tsunami serait arrivé suffisamment rapidement pour éteindre l’incendie causé par la vague de chaleur intense ou par la chute de gouttelettes de roche fondue, noyant tout sous un épais dépôt de boue.

Cette étude apporte donc des éléments significatifs permettant de reconstituer le film de cette terrifiante catastrophe. Elle permet également de mieux comprendre le déroulement des événements suivant immédiatement un impact météoritique géant.

Morgane Gillard, Rédactrice    

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