Déclaration commune sur le traité mondial sur les plastiques lors de la 18ème Session de la Conférence Ministérielle Africaine sur l’Environnement – CMAE 18.2 

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La 18ème session de la Conférence ministérielle africaine sur l’Environnement (CMAE 18.2) qui qui s’est ouverte lundi 12 sera clôturée ce vendredi 16 septembre 2022 à Dakar au Sénégal, a permis la production d’une « Déclaration commune sur le traité mondial sur les plastiques ». Lisez, sur VivAfrik, l’intégralité de cette Déclaration.     

Portée par la Guinée Bissau, la Mauritanie, la République du Congo et la République Démocratique du Congo

Nous, représentants de la Convention d’Abidjan, de la Convention de Nairobi, du Sustainable Seas Trust et du Bureau régional du Fonds mondial pour la nature  en Afrique,

Souhaitant exprimer notre détermination collective lors de la 18ème session de la Conférence Ministérielle Africaine sur l’Environnement de septembre 2022, à Dakar,

Notant avec préoccupation l’augmentation rapide des niveaux de pollution plastique dans les paysages terrestres et marins de l’Afrique et dans le monde,

Soulignant que les effets négatifs de la pollution plastique comprennent les dommages à la santé humaine, la perte de moyens de subsistance, la contribution aux émissions de gaz à effet de serre, la perte de biodiversité et la compromission du fonctionnement des écosystèmes,

Soulignant que la production et la consommation de plastique en Afrique devraient augmenter à un rythme plus rapide que dans toute autre région du monde au cours des prochaines décennies,

Soulignant la nécessité de remédier d’urgence aux défaillances systémiques tout au long du cycle de vie des plastiques et de passer à une économie circulaire des plastiques,

Reconnaissant que, bien qu’il existe plusieurs initiatives pour lutter contre la pollution plastique, à l’échelle mondiale et sur le continent, elles sont toutefois largement insuffisantes et trop fragmentées pour lutter de manière adéquate et efficace contre la pollution plastique,

            Reconnaissant les politiques et les cadres législatifs nationaux existants qui ont permis de prendre des mesures audacieuses contre la pollution plastique, grâce à la mise en œuvre d’interdictions de sacs en plastique et d’autres restrictions sur l’ensemble du continent au cours de la dernière décennie,

Soulignant les lacunes liées aux mouvements transfrontaliers  de produits et de matériaux en plastique tout au long de la chaîne de valeur mondiale des plastiques, tels que les frontières poreuses de nombreux pays africains – un défi exacerbé par l’absence de réglementations régionales et mondiales harmonisées sur le plastique,

            Reconnaissant le rôle de la Conférence Ministérielle Africaine sur l’Environnement dans la démonstration du leadership et de l’unité des ministres africains de l’environnement, appelant à une action mondiale urgente et ambitieuse pour lutter contre la pollution plastique à travers ses 17ème et 18ème sessions ordinaires et la 9ème session extraordinaire, 

Notant avec satisfaction la décision historique prise sur le sol africain lors de la  cinquième session de l’Assemblée des Nations Unies pour l’Environnement – ANUE 5.2 à Nairobi, par la résolution 5/14, de créer un Comité intergouvernemental de négociation chargé d’entamer les travaux sur l’élaboration d’un instrument international juridiquement contraignant pour mettre fin à la pollution plastique,

            Se félicitant des progrès accomplis lors du groupe de travail ad hoc et à composition non limitée de Dakar, accueilli par l’actuel Président de la Conférence Ministérielle Africaine sur l’Environnement, en vue de la première réunion du Comité intergouvernemental de négociation qui aura lieu plus tard cette année,

            Invitons lesMinistres Africains de l’Environnement à :

  1. Maintenir leur leadership en appelant à un instrument mondial ambitieux et efficace,
  • Assurer des consultations régionales régulières et opportunes avant les réunions du Comité intergouvernemental de négociation afin d’assurer une voix africaine unie pendant les négociations,
  • Soutenir activement la participation et l’engagement significatifs et inclusifs des groupes vulnérables et touchés, y compris les jeunes, les femmes, les communautés autochtones, les organisations de la société civile et le secteur informel des déchets tout au long des négociations,
  • Continuer d’intensifier leurs efforts nationaux et régionaux pour s’attaquer au problème de la pollution plastique en collaboration avec les parties prenantes de l’ensemble de la chaîne de valeur des plastiques, tout au long de la période de négociation et au-delà,
  • Veiller à ce que l’instrument mondial se concentre sur les catégories de plastiques les plus problématiques, nocives et à haut risque, y compris les articles et emballages en plastique à usage unique, les microplastiques et les engins de pêche fantômes,
  • Reconnaître la nécessité d’inclure des mesures mondiales harmonisées et juridiquement contraignantes tout au long du cycle de vie des matières plastiques dans l’instrument mondial, y compris des mesures visant à:
    • éliminer les matières plastiques et les produits qui peuvent être évités et/ou remplacés par des solutions de rechange respectueuses de l’environnement;
    • Garantir des normes et des exigences de circularité pour les matériaux et produits en plastique qui ne peuvent être éliminés ou remplacés; et
    • Collecter, gérer et traiter en toute sécurité les matières plastiques et les produits qui ne peuvent être éliminés, remplacés ou mis en circulation,
  • Réaffirmer qu’il importe d’inclure des mécanismes dans l’instrument mondial pour assurer les moyens nécessaires de mise en œuvre, y compris l’appui financier et technique, le transfert de technologie et le renforcement des capacités,
  • Reconnaître la nécessité d’une structure harmonisée de suivi et de notification des progrès à inclure dans l’instrument mondial, notamment par l’élaboration et la mise en œuvre de plans d’action nationaux et régionaux sur la pollution plastique,
  • S’engager à renforcer et à coordonner nos efforts communs pour :
  • Soutenir activement les négociateurs africains tout au long du processus de négociation, notamment:
    • Convoquer et soutenir des consultations, des dialogues et des ateliers informels sur la politique régionale,
    • Fournir un appui technique et soulever des questions pertinentes à prendre en considération dans l’instrument mondial,
    • Identifier, comprendre et amplifier les priorités et les perspectives régionales par le biais de campagnes de sensibilisation, d’éducation et de communication,
  • Continuer à travailler à l’élimination de la pollution plastique par le biais d’initiatives nouvelles et existantes, en particulier l’élaboration et la mise en œuvre de plans d’action nationaux et régionaux, et
  • Promouvoir l’apprentissage partagé par la création de groupes de travail techniques régionaux sur les matières plastiques,
  1. Exprimons notre gratitude à la Conférence Ministérielle Africaine sur l’Environnement pour l’opportunité qui nous a été donnée d’exprimer notre détermination collective et pour son engagement continu à élever les priorités et les perspectives régionales sur la question de la pollution plastique.

Fait à Dakar, le 15 septembre 2022.

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