Le groupe français TotalEnergies envisage exploiter deux gisements en eaux profondes dans une zone riche en biodiversité, menaçant la faune marine et la pêcherie artisanale. C’est pourquoi, le 5 septembre 2022, la compagnie a déposé auprès des autorités sud-africaines une demande de licence d’exploitation pour deux blocs. Il s’agit d’un projet d’investissement de trois milliards de dollars.
Ainsi, les autorités sud-africaines ont attesté de la réception de la demande de TotalEnergies faite la même date. Deux blocs gaziers sont concernés sur la côte Est de l’Afrique du Sud. Les consultations sud-africaines sont ouvertes jusqu’au 20 janvier 2023, mais ce nouveau projet d’extraction sur le continent fait déjà monter au créneau les militants environnementaux en Afrique du Sud et en France.
« TotalEnergies s’apprête à investir 3 milliards de dollars pour lancer des opérations de forage dans les eaux profondes sud-africaines, au détriment des petits pêcheurs et d’une biodiversité spectaculaire », affirment l’association Bloom (pour la protection des océans) et l’ONG sud-africaine The Green Connection dans un communiqué.
Les deux ONG ont lancé, lundi 17 octobre 2022, une pétition internationale contre ce projet après que TotalEnergies a déposé, le 5 septembre 2022, une « demande de licence de production pour exploiter deux importants gisements gaziers pouvant contenir jusqu’à un milliard de barils d’équivalent pétrole » dans la zone d’exploration de Brulpadda, à 175 km des côtes. Les autorités sud-africaines, qui comptent sur le gaz pour sortir de leur dépendance au charbon, doivent se prononcer sur l’obtention de cette licence au terme d’une enquête publique prévue jusqu’au 20 janvier 2022, selon les associations.
Si la licence était attribuée, il s’agirait d’un précédent dangereux, estime Claire Nouvian, fondatrice de l’association environnementale Bloom. « Il y a un danger qui est le danger du précédent. Jusqu’à présent, toutes les autres entreprises pétrolières attendaient deux choses : voir s’il était techniquement possible d’exploiter à de si grandes profondeurs dans des zones avec autant de courant et avec des conditions météorologiques aussi difficiles. La deuxième chose était de voir si le gouvernement sud-africain allait délivrer ou non les permis de production. On voit bien qu’à partir du moment où on ouvre la porte, toute l’industrie pétrolière mondiale s’engouffre. Il est donc strictement fondamental d’empêcher Total d’obtenir ce premier permis », a-t-elle lancé lors d’une conférence de presse lundi 17 octobre 2022.
Aux côtés de Bloom et de l’organisation sud-africaine The Green Connection figuraient aussi des parlementaires français. « En tant que député européen, quand une entreprise lance une telle bombe climatique, nous devons être présents parce qu’il s’agit de relayer également la parole des Sud-Africains, et notamment des petits pêcheurs qui vont être confrontés à ce type de projet, a ainsi expliqué l’eurodéputé Raphaël Glucksmann. Lorsqu’on fixe des objectifs en tant que député européen sur des réductions des émissions de gaz à effet de serre à 20, 30, 40 ans, on ne peut plus supporter ce type de méga-projet qui nous lie les mains climatiquement pendant des décennies. La puissance publique prend des engagements et derrière, des puissances privées immenses comme Total font l’exact inverse. »
La zone concernée est riche d’une grande biodiversité et se situe sur la route de migration des baleines. Les communautés locales s’inquiètent des possibles impacts de l’extraction sur la pêche et leurs pratiques culturelles liées à la mer. Un projet d’exploration sismique initié par Shell a par ailleurs été suspendu en fin d’année dernière par la justice sud-africaine, suite à des actions menées par des ONG environnementales et les communautés locales.
Moctar FICOU / VivAfrik


Laisser un commentaire