La pollution plastique représente un réel danger pour la plus part des villes des pays en développement notamment la capitale malgache qui accueille pour trois jours une rencontre internationale durant laquelle des chercheurs du monde entier et des acteurs économiques du sud de l’océan Indien viennent partager leurs connaissances et aborder l’épineuse question des « Plastiques dans l’océan Indien ».
Selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), la pollution fait partie, avec le changement climatique et la perte de biodiversité, de la triple crise planétaire à laquelle le monde est aujourd’hui confronté. Chaque année, l’homme produit 300 millions de tonnes de déchets plastiques, dont 11 millions de tonnes finissent par se retrouver dans l’océan – une quantité qui devrait presque tripler d’ici à 2040 si aucune action urgente et à grande échelle n’est entreprise.
La pollution plastique dans les océans n’est donc plus à démontrer. D’autres sources comme rfi.fr renseignent que, chaque année, 8 millions de tonnes de plastiques, gorgés de contaminants, de perturbateurs endocriniens, se déversent dans les mers du globe. Toutefois, certaines régions de la planète sont encore peu documentées. C’est le cas de l’océan Indien du sud, dans lesquelles on retrouve Madagascar, Maurice ou les Comores.
Géographiquement, les îles de l’océan Indien sont très exposées aux courants marins et notamment au courant équatorial sud. Résultat, les îles et Madagascar en particulier sont susceptibles de recevoir les déchets en provenance de toute l’Asie du sud-est et de tout l’océan Indien. Une situation très défavorable.
Si l’on se fie aux scientifiques 700 espèces marines affectées par la pollution du plastique au niveau de nos océans ont été recensé. 9 oiseaux de mer sur 10, 1 (une) tortue de mer sur 3 et plus de la moitié des espèces de baleines et de dauphins ont ingéré du plastique. Dans le contexte africain, nous enregistrons près de 120 000 tonnes de plastique que les fleuves Nil et Niger transportent jusqu’aux profondeurs des océans ; ce qui fait d’eux des contributeurs majeurs à la pollution des océans par le plastique (Nil 84 792 tonnes / Niger 35 196 tonnes), a fait valoir Greenpeace Afrique.
« On arrive à des concentrations de plusieurs centaines de milliers de particules de micro-plastique à la surface par kilomètre carré. À cause des gires océaniques, c’est-à-dire des courants qui tourbillonnent – et le sud-est de Madagascar et des îles Maurice et Réunion est une zone conséquente -, il peut y avoir des accumulations de déchets », a indiqué François Galgani, spécialiste des pollutions marines et directeur de recherche à l’Ifremer.
Des débris plastiques, souvent devenus de microparticules invisibles à l’œil nu, qui constituent aujourd’hui de formidables niches écologiques à des micro-organismes anti-biorésistants.
Risques micro-biologiques
Pour tenter de connaître l’étendue de la pollution plastique sur cette zone et de lutter contre celle-ci, un projet de recherches sur cinq ans, nommé Exploi (pour Expédition plastique Océan Indien) a été lancé en janvier 2022 au sein de l’Institut halieutique des sciences marines de Tuléar. Là-bas, Thierry Bouvier, chercheur au CNRS et à l’IRD, s’intéresse particulièrement aux risques microbiologiques causés par les plastiques.
« On sait qu’aujourd’hui, il y a des micro-organismes pathogènes pour l’homme, c’est-à-dire qui rendent malades les hommes et qui peuvent même les tuer. Nous on s’intéresse surtout à des bactéries. On regarde comment elles se fixent et se développent sur ces plastiques parce qu’on sait qu’elles sont sur ces plastiques (ces bactéries pathogènes proviennent souvent des matières fécales humaines, ramenées des plages par les marées, NDLR) Notre premier résultat, c’est qu’elles sont cinq fois plus nombreuses sur les plastiques que dans l’eau, dans certains cas. Et donc ce que l’on va maintenant étudier, c’est que se passe-t-il lorsqu’un organisme marin comme un poisson mange un plastique avec des bactéries pathogènes. Est-ce transmis à ce poisson ? Peut-il être malade ? Que va-t-il se passer lorsqu’on va le manger, sous différentes formes, cuit, cru, fumé, salé ? Et est-ce que ça peut représenter un risque pour les populations ? »
Des problématiques résolument marines et non nationales, rappellent les chercheurs, qui doivent donc être gérées à une échelle beaucoup plus vaste que celle d’un pays.
Moctar FICOU / VivAfrik