Sale temps pour la Fertilisants organo-minéraux Industries (FOMI) qui n’arrive plus à satisfaire la demande des cultivateurs en engrais organo-minéraux. Ce qui a provoqué une baisse de récolte pendant la saison culturale B de l’année 2022.
En effet, le gouvernement burundais a interdit depuis 2019 toute importation d’engrais chimiques dans le pays et a octroyé le monopole de sa fabrication à une société, la Fertilisants organo-minéraux Industries, qui appartient officiellement à un riche homme d’affaires membre éminent du parti au pouvoir. Mais les problèmes se sont multipliés. L’usine n’est pas parvenue à satisfaire la demande, alors que les paysans avaient payé d’avance. Un véritable drame dans ce pays où plus de 80% de la population vit d’une agriculture de subsistance. C’est dans ce contexte difficile que le président de la République a annoncé l’implantation d’une nouvelle usine pour combler le déficit.
Le président Evariste Ndayishimiye a expliqué que l’agriculture a connu des difficultés surtout liées au manque d’engrais. Cette insuffisance d’engrais a coûté cher au Burundi. Le président parle d’une baisse de 40% de la récolte au cours de la saison culturale B de l’année 2022.
Du côté des paysans burundais, ils ne cessent de se lamenter depuis l’octroi du monopole de la production d’engrais chimiques à la FOMI, une société de droit privé. La raison ? Les autorités obligent pratiquement ces agriculteurs à payer en partie ou en totalité l’engrais avant qu’il ne leur soit fourni. Un contrat qui n’est pas toujours respecté. Gérard, un paysan du centre du Burundi, ne cache pas sa colère.
« Ici à Gishubi, les paysans ont payé leur engrais de la saison agricole A en septembre (2022), mais une bonne partie n’a pas encore reçu ces intrants agricoles aujourd’hui. Et nous sommes en colère parce qu’on n’a pas encore reçu l’engrais déjà payé. Et maintenant, ils exigent de nous que l’on paye une avance pour l’engrais de la saison B alors qu’on pas encore reçu celui de septembre ». Il en est de même dans pratiquement toutes provinces du pays.
« Iyo amazi abaye make aheberwa impfizi » « Le peu d’eau disponible est réservé au bœuf plutôt qu’à la vache », lance le président. Il faisait allusion au fait que quand tout le monde ne pouvait pas avoir accès à l’engrais, le peu qu’il y avait était pour le plus puissant. Le petit cultivateur n’est pas privilégié. Une situation qui a fait naître une spéculation autour de ce produit.
Vendredi 13 janvier 2023, la FOMI qui a le monopole de production de l’engrais a tenté de rassurer les agriculteurs et les pouvoirs publics en assurant que cette fois, ses produits seront disponibles à partir du lundi 16 janvier 2023 et en quantité suffisante.
Sans trop convaincre, car le problème est plutôt « structurel » estime Gabriel Rufyiri, le président de l’Olucome, une organisation de lutte contre la corruption, qui fustige le monopole accordée au propriétaire de l’usine FOMI. « Tout le marché a été donné à une seule société au moment où elle n’est pas capable de satisfaire toute la population. Il faut que le gouvernement change de stratégie parce que enrichir un seul individu au détriment de millions de personnes est inacceptable ».
Une deuxième usine de fabrication des engrais pour relever les défis
Pour le président, l’usine de fabrication des engrais FOMI ne pouvait pas satisfaire toute la demande des cultivateurs. La raison évoquée par M. Ndayishimiye est que la population agricole a augmentée, suivie de l’élargissement des terrains cultivables. FOMI n’était pas préparé à servir ce bon monde, a-t-il fait remarquer.
Pour pallier à cette tendance, le président annoncé l’implantation d’une nouvelle usine de fabrication d’engrais. Au départ, la capacité de production de FOMI était de 120 000 tonnes par an, réparties en 50 000 tonnes d’engrais organo-minéraux et 70 000 tonnes de chaux agricole.
Rappelons qu’il y a deux ans, le pays avait perdu une partie de sa production à cause des engrais mal dosés. Cette fois, le Burundi a perdu 40% de la production agricole attendue pour la saison agricole B à cause du manque d’engrais, a reconnu dernièrement le président burundais, Evariste Ndayishimiye.
Moctar FICOU / VivAfrik


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