Déforestation : Un rapport épingle 200 grandes entreprises et institutions financières

40% des 500 entreprises considérées comme étant « les plus à risque d’accélérer la déforestation » n’ont « aucune politique », a fait valoir un rapport qui suit les politiques et les performances des 350 entreprises les plus exposées au risque de déforestation dans leurs  chaînes d’approvisionnement pour l’huile de palme, le soja, le bœuf, le cuir,  le bois et les pâtes et papiers et les 150 institutions financières-banques et gestionnaires d’actifs – qui leur prêtent ou investissent dans ces sociétés.

En effet, dans son rapport annuel, l’ONG Global Canopy a tiré la sonnette d’alarme. Après avoir étudié les pratiques de 500 entreprises sélectionnées pour être « les plus à risque d’accélérer la déforestation », elle s’est aperçue que 40% d’entre elles n’ont « aucune politique » pour contrebalancer les effets de leurs actions sur l’environnement. L’étude a porté sur 350 entreprises consommatrices de matières premières favorisant la déforestation (bois, huile de palme, bœuf, cuir, papier…) et 150 banques et fonds qui les financent.

Dans le détail, 100 entreprises ont un engagement de déforestation en place pour tous les produits auxquels elles étaient exposées, contre 99 l’année dernière, mais seulement la moitié s’assurerait que les politiques étaient suivies. 109 autres n’avaient aucun engagement de déforestation pour aucun des produits, a relevé Global Canopy dans son rapport.

Le directeur exécutif de Global Canopy, Niki Mardas, a souhaité, dans un communiqué, « en finir avec la déforestation tropicale (qui) est crucial pour atteindre les objectifs mondiaux » de protection de l’environnement. Dans son viseur figurent 200 entreprises, notamment, le constructeur automobile Volkswagen, le chausseur allemand Deichmann, mais aussi des groupes agroalimentaires français : Fleury Michon et Savencia. Si le premier n’a pas souhaité faire de commentaires, le second assure acheter uniquement « de l’huile de palme durable » et « s’engage à favoriser les actions collectives menées contre la déforestation liée à la production de soja en Amérique du Sud ».

Les institutions financières ne sont pas en reste puisque 92 sur 150 n’agissent pas pour réduire la déforestation, souligne le quotidien suisse. En France, l’ONG pointe notamment du doigt le Crédit Mutuel et le groupe BPCE. Le Crédit Mutuel indiquait cependant dès décembre son intention d’« adopter une politique sectorielle de lutte contre la déforestation » et la publication de règles de financement dès la mi-2023. « Tous les financements qui pourraient participer, directement ou indirectement, à la destruction des forêts, notamment des forêts tropicales irremplaçables », seront exclus, assurent ses représentants.

En attendant, le rapport de Global Canopy estime que les institutions financières étudiées ont financé à hauteur de 527 milliards de dollars des entreprises sans aucune politique de lutte contre la déforestation. D’autres ont progressé, mais peuvent encore mieux faire. En effet, près de 100 grandes entreprises, dont Danone, LVMH et Unilever, ont mis en place des politiques pour endiguer la déforestation, mais seulement 50% d’entre elles surveillent vraiment leur mise en pratique sur le terrain, a ajouté le texte.

Les conclusions du rapport, rappelle regardsprotestants.com, ont été publiées deux mois après l’accord « Kunming-Montréal». Adopté par plus de 190 États sous l’égide de l’ONU pour tenter d’enrayer la destruction de la biodiversité, il vise à protéger 30% de la planète d’ici 2030. Le texte prévoit également de porter à 30 milliards de dollars l’aide annuelle pour la biodiversité dans les pays en développement.

Moctar FICOU / VivAfrik


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