Le seuil de 1,5°C de réchauffement de la planète risque d’être atteint dès 2030, ont alerté les scientifiques du Global Carbon Project qui ont estimé en 2022 que le niveau critique de hausse des températures mondiales de 1,5°C serait atteint dans neuf ans. Dans leur étude présentée lundi 4 décembre 2023 à la réunion de l’ONU sur le climat, à Dubaï, ils ont revu leur copie : il y a désormais une chance sur deux pour que cela arrive d’ici à seulement sept ans. Initialement, une telle augmentation de la température ne devait pas arriver avant 2100, selon l’Accord de Paris de 2015.
C’est une mauvaise nouvelle pour la planète. Le seuil de 1,5°C de réchauffement de l’atmosphère sera dépassé et c’est inévitable. C’est ce qu’ont indiqué les 150 scientifiques du monde entier qui prennent part au Global Carbon Project. L’annonce a été faite alors que la COP28 se poursuit jusqu’au 12 décembre 2023 à Dubaï aux Émirats arabes unis. Pire encore, selon eux, il y a une chance sur deux pour que ce seuil soit franchi d’ici à 7 ans.
Il est « désormais inévitable » que le seuil de 1,5°C de réchauffement planétaire soit dépassé « de manière constante sur plusieurs années », et il y a une chance sur deux pour que cela arrive dans seulement sept ans, ont insisté lundi 4 décembre 2023 les scientifiques du Global Carbon Project, qui appellent à agir.
Selon cette étude de référence présentée à Dubaï lors de la réunion de l’ONU sur le climat, les émissions de CO2 produites par l’utilisation du charbon, du gaz et du pétrole dans le monde pour se chauffer, s’éclairer ou rouler devraient en effet franchir un nouveau record en 2023.
Pourtant, en 2015, la quasi-totalité des Etats du monde, 195 au total, s’étaient engagés à maintenir le réchauffement de la planète bien en dessous de 2°C d’ici à 2100, de préférence aux alentours de 1,5°C. C’était l’Accord de Paris. Selon les chercheurs, ce sera donc bien avant.
Les énergies non-renouvelables sont accusées d’être les premières responsables de ce réchauffement. L’étude dévoilée durant cette COP28 pointe notamment du doigt la consommation de charbon, de gaz, de pétrole et de ciment. Des efforts ont bel et bien été faits : les 26 plus gros émetteurs de C02 ont réduit leurs émissions. L’Union européenne a par exemple diminué sa pollution carbone de 7,4% et les États-Unis de 3%. Mais les mesures pour réduire ces émissions de gaz à effet de serre restent « terriblement lentes », selon les scientifiques de l’étude.
Dans le détail, l’étude estime que les émissions mondiales totales de dioxyde de carbone ajoutées dans l’atmosphère en 2023 atteindront 40,9 milliards de tonnes. C’est quatre fois plus qu’en 1960, et la courbe des émissions, au lieu de se réduire, est sur un plateau sur dix ans, soulignent les chercheurs. Cela s’explique notamment par la reprise du trafic aérien (+28% d’émissions) ou encore par un usage en hausse du charbon et du pétrole par la Chine et l’Inde (+1,1%). Ces deux pays se classent à la deuxième et troisième place des plus gros pollueurs, derrière les États-Unis.
Pour faire face à ce réchauffement, « les dirigeants réunis à la COP28 devront se mettre d’accord sur des réductions rapides des émissions de combustibles fossiles, même pour maintenir l’objectif de 2°C », souligne le climatologue britannique Pierre Friedlingstein, qui a supervisé l’étude impliquant 150 chercheurs du monde entier. Or, « les mesures visant à réduire les émissions de carbone provenant des combustibles fossiles restent terriblement lentes », fustige le scientifique. « Le temps qui reste entre maintenant et le seuil de +1,5°C degré se réduit à toute vitesse, il faut agir maintenant », a-t-il ajouté.
Moctar FICOU / VivAfrik