Deux études publiées lundi 18 mars 2024 ont fait valoir qu’une plus grande biodiversité permet aux forêts de mieux résister aux effets du changement climatique et de continuer à assurer les mêmes services, à commencer par le recyclage du carbone et de nutriments.
Suffisant pour le directeur de recherche du Centre national de recherche scientifique (CNRS), Stephan Hättenschwiler, qui a participé aux deux études de résumer que « quand il y a plus de biodiversité, on peut maintenir un même fonctionnement de l’écosystème malgré des conditions climatiques plus extrêmes. En favorisant une plus forte biodiversité, on peut atténuer les conséquences du changement climatique ».
La première, publiée dans la revue « Global Change Biology » par des chercheurs basés en Allemagne et en France, montre par voie de modélisation que la diversité végétale d’une forêt ou d’une prairie la protège des extrêmes de température, favorisant ainsi les processus écosystémiques telle que la décomposition, a souligné le journaldemontreal.com qui a parcouru les deux études. Et la même source d’ajouter que le sol peut donc notamment continuer à jouer son rôle de puits de carbone.
Selon la même source, la décomposition des parties mortes des plantes, telles que les feuilles qui tombent à l’automne, constitue en effet « le carburant » des cycles du carbone et de l’azote, un processus indispensable au bon fonctionnement des écosystèmes et au stockage naturel du carbone dans les sols.
La seconde étude, publiée dans la revue PNAS par des scientifiques basés en Chine et en France, est pour sa part expérimentale.
Ses auteurs ont observé les effets de différents mélanges de feuilles mortes et d’organismes décomposeurs dans différents types de forêts, soumis à des conditions de sécheresse. Celle-ci a normalement tendance à ralentir la décomposition.
Pour Stephan Hättenschwiler, l’étude a montré que « la biodiversité a le potentiel de compenser les effets négatifs de la sécheresse ».
Le processus normal de décomposition et de recyclage des éléments a en effet pu être maintenu en augmentant la diversité des plantes et la complexité des communautés de décomposeurs (insectes, mille-pattes, acariens etc.) malgré un impact négatif de la sécheresse.
Les auteurs ont noté dans l’étude que « ces découvertes suggèrent que favoriser la biodiversité représente un levier important pour maintenir des fonctions essentielles des écosystèmes avec le changement climatique actuel ».
Et Stephan Hättenschwiler d’ajouter dans les colonnes du site d’information journaldemontreal.com qu’« au lieu de favoriser des monocultures, il faut faire tout pour que nos forêts soient plus diverses ». « Ce serait une erreur d’aller vite et planter des monocultures pour augmenter le stockage du carbone sur une surface importante », a-t-il renchéri.
Moctar FICOU / VivAfrik