Sénégal : Des acteurs de la pêche fluviale de Podor déplorent l’absence de ce sous-secteur dans les programmes des candidats à l’élection présidentielle  

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Les responsables d’organisations de la pêche continentale de Podor ont déploré l’absence de ce sous-secteur économique important dans les programmes des candidats à la présidentielle du 24 mars 2024, après une dizaine de jours de campagne électorale.

De l’avis de Iba Maal, président du conseil local de pêche de Podor « c’est une grosse frustration de voir que nous faisons l’objet d’un oubli notoire dans les politiques publiques de tous les jours voir depuis plusieurs années (…) ».

M. Maal qui évoquant une situation « déplorable » a ajouté que « c’est la même attitude que nous constatons et déplorons chez les différents candidats, à l’élection présidentielle du 24 mars prochain, au sujet de la pêche fluviale ».

« Les candidats ne parlent que de la pêche maritime, notamment de réviser les accords de pêche signés avec l’Union européenne (UE), de renégocier les licences de pêche, de pirogues, entre autres et laissent en rade, la pêche fluviale », a-t-il renchiri.

Or, le pays dispose d’un important maillage hydrographique, avec de grands fleuves à l’image du fleuve Sénégal, a-t-il souligné. « Dans les autres régions du pays, nous avons d’autres cours d’eau, comme la Casamance, le Saloum, etc…. », a-t-il cité.

Dans le département de Podor, il y a quatre cours d’eau permanents : le fleuve Sénégal et ses affluents « le Doué », le « Gayo » et le « Ngallenka », a-t-il encore rapporté, soulignant que des villages de pêcheurs sont établis autour de ces cours d’eau depuis des siècles.

Pour sa part, Silèye Bocar Wade, un des responsables de la pêche locale, originaire du village de Guia, dans la commune de Guédé village a expliqué qu’« ils vivent d’activités de pêche et ancestrales. Ils ont également développé d’autres sources de revenus ».

« La pêche fluviale, selon lui, connait d’énormes difficultés depuis l’avènement des barrages sur le fleuve Sénégal ». « A cause de ces barrages, les poissons n’ont plus de zones de reproduction », a-t-il soutenu.

Silèye Bocar Wade a appelé les candidats à la présidentielle à prendre en compte les besoins de ce secteur qui nourrit des milliers de familles.  

« Les candidats ont une obligation de trouver des solutions aux différents maux qui assaillent la pêche continentale », a-t-il dit, invitant les futurs gouvernants à aménager, dans les cours d’eau, des zones de reproduction des poissons et permettre un agenda de repos biologique de la ressource.

De son côté, Mamoudou Niang, membre de l’organisation « Fedde Guélaye » du village de Walaldé, a appelé les candidats à revoir leurs copies pour le secteur de la pêche fluviale. « Ils ne peuvent pas ignorer la pêche fluviale. Le poisson d’eau douce peut contribuer à la sécurité alimentaire », a-t-il fait valoir.

Dans la commune de Ndioum, les acteurs de la pêche fluviale ont déclaré avoir des projets et programmes pour la relance du secteur.

« Ici, nous nous sommes organisés en associations, en groupements d’intérêt économique et même en fédérations pour bénéficier d’un accompagnement, mais toujours rien », se désole Silèye Ndiongue, président de « Fedde Subalbe » (association des Soubalbés, pêcheurs) de Ndioum.

La porte-parole des femmes qui travaillent dans la filière locale de transformation des produits halieutiques, ne cache pas son étonnement de voir que le secteur de la pêche continentale « est complétement oublié dans les programmes des candidats à la présidentielle ».

« Nous ne comprenons pas pourquoi des gens qui veulent diriger ce pays mettent de côté cette activité importante », a souligné Thillo Sy, par ailleurs présidente de « Rewbe Subalbe » (Femmes Soubalbés).

« Dans le cadre de nos activités, nous vendons, transformons le poisson. Donc, nous avons besoin d’équipements, de camions frigorifiques, de financements, de sessions de formation, au même titre que les hommes, avec qui nous travaillons, dans la pisciculture », a-t-elle déclaré.

« Nous espérons qu’ils (candidats) vont se souvenir de nous d’ici vendredi, dernier jour de la campagne », a dit, pour sa part, Amadou Moussa Ndiongue, jeune pêcheur à Ndioum.

Moctar FICOU / VivAfrik

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