L’Institut national de la statistique (INS) du Cameroun a indiqué que les exportations des bois bruts (grumes) effectués par le pays d’Afrique centrale en 2023 ont baissé de 20%. Elles ont culminé à 596,5 m3, contre 746 m3 en 2022. Les recettes engrangées par les exploitants forestiers sur cette catégorie de produits ont suivi la même courbe, passant de 77 milliards de FCFA en 2022 à 64,4 milliards de FCFA à la fin de l’année 2023.
L’État camerounais est ainsi résolu à freiner les exportations de ses grumes de bois et met en place des mesures incitatives pour promouvoir la transformation locale qu’il juge beaucoup plus rentable.
Des chiffres qui confirment que les ventes des grumes sont devenues marginales dans les exportations camerounaises de bois et ouvrages en bois. En 2023, elles ont représenté à peine 0,05% de ce total chiffré à 1,3 million de m3.
Le Cameroun a, en effet, décidé de restreindre progressivement l’exportation du bois brut jusqu’à l’interdiction « de façon absolue » fixée au 1er janvier 2028, selon la décision issue du Conseil des ministres de l’Union économique de l’Afrique centrale (UEAC) fin février 2024 à Bangui en République centrafricaine (RCA). Après plusieurs reports depuis quasiment 5 ans, la mesure devrait finalement entrer en vigueur au Cameroun, en RCA, au Tchad et en Guinée équatoriale alors que le Gabon, l’applique depuis une dizaine d’années ainsi que le Congo officiellement en 2023.
Ce désintérêt des exploitants forestiers pour ce segment s’explique, selon Investir au Cameroun, par la surtaxation appliquée depuis quelques années par l’Etat. Ainsi, de 2017 à 2023, on a observé une augmentation du droit de sortie des grumes, qui est passé d’un taux de 17,5% à 60%, soit +343% en valeur relative.
Ce taux a été à nouveau augmenté à 75% de la valeur FOB de l’essence, dans la Loi de finances 2024. De quoi dissuader les exploitants qui pourraient s’intéresser à ce segment et qui sont désormais encouragés à intensifier la transformation locale du bois.
Signalons que le bois sous forme de grumes constitue une source non négligeable de revenus pour le Cameroun, le pays doit d’ores et déjà diversifier ses entrées d’argent pour combler le manque à gagner qui affecte les recettes globales ayant connu une baisse de plus de 14% en 2023.
Moctar FICOU / VivAfrik
