La BAD adhère à l’Initiative africaine des marchés du carbone pour renforcer le financement de la lutte contre les changements climatiques

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Le continent africain affute ses armes pour réduire à néant les effets pervers du réchauffement de la planète avec comme chef de fil la Banque africaine de développement (BAD). Suffisant pour l’institution panafricaine financière d’annoncer son adhésion officielle à l’Initiative africaine des marchés du carbone (ACMI) à compter du 30 mai 2024. Cette décision stratégique devrait permettre aux pays africains et au secteur privé d’obtenir des ressources supplémentaires pour lutter efficacement contre les défis climatiques.

L’annonce a été faite lors d’une table ronde organisée dans le cadre des Assemblées annuelles 2024 du Groupe de la Banque, qui se sont tenues à Nairobi, au Kenya, du 27 au 31 mai 2024 par le vice-président de la Banque chargé de l’Électricité, de l’Énergie, du Climat et de la Croissance verte. 

« J’ai le plaisir d’annoncer que la Banque africaine de développement est désormais un membre officiel de l’Initiative des marchés africains du carbone. Par cette décision, la Banque s’engage à établir un mécanisme pour soutenir les initiatives du marché du carbone à travers notre continent », a déclaré Kevin Kariuki.

 M. Kariuki a souligné la nécessité de l’innovation financière et l’immense potentiel des marchés du carbone pour le financement de la lutte contre les changements climatiques. Il a exhorté les pays africains à saisir les opportunités d’échange de crédits carbone dans le cadre des marchés de conformité de l’Accord de Paris, où les prix des réductions d’émissions sont nettement plus élevés que sur les marchés volontaires.

L’événement, animé par Anthony Nyong, directeur du Département du changement climatique et de la croissance verte à la Banque africaine de développement, a rassemblé des ministres des finances et des dirigeants d’organisations internationales. Ils ont échangé des idées et des expériences, formulant des recommandations sur la manière de relever les défis et de tirer parti des possibilités offertes par les marchés du carbone pour les pays africains.

Alexander Ampaabeng, vice-ministre des Finances du Ghana, a fait part de l’expérience et des politiques de son pays sur le marché du carbone, en soulignant la nécessité pour les pays d’améliorer la transparence grâce à des investissements stratégiques dans les technologies.

« Grâce à la surveillance, à la déclaration et à la vérification numériques, l’Afrique bénéficiera d’une meilleure tarification du carbone », a-t-il fait remarquer dans un communiqué reçu à VivAfrik.

La même source qui cite Mzé Abdou Mohamed Chanfiou, ministre des Finances des Comores, a souligné le besoin crucial de renforcement des capacités pour aider les pays africains, en particulier les petits États insulaires en développement (PEID), à adopter les innovations émergentes et à en tirer parti. « Cela améliorera les connaissances et permettra aux pays d’exploiter les avantages de ces innovations et de ces stratégies », a-t-il ajouté.

Simplex Banda, ministre des Finances et des affaires économiques du Malawi, a décrit l’approche unique du Malawi sur le marché du carbone par le biais d’investissements dans des projets d’énergie renouvelable, permettant aux pays et aux entreprises d’obtenir des crédits carbone.

Bärbel Kofler, secrétaire d’État parlementaire auprès du ministre fédéral allemand de la Coopération économique et du développement, a appelé à relever le défi du double comptage et à veiller à ce que les investissements prennent en compte les effets sur les communautés, les droits de l’Homme et l’environnement. « Nous devons maintenir des ambitions élevées au niveau mondial en ce qui concerne les normes que nous appliquons sur les marchés du carbone », a-t-elle souligné dans des propos relayés par le communiqué.

Hanan Morsy, secrétaire exécutive adjointe de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, a souligné la nécessité d’une réglementation mondiale pour normaliser les prix et garantir une compensation suffisante. Elle a souligné la disparité entre les prix volontaires et les prix du marché de conformité, qui désavantage les pays africains. Elle a également recommandé de déployer davantage de technologies pour combler les lacunes en matière de fiabilité et de communication des données.

Rebekah Shirley, directrice adjointe pour l’Afrique au World Resources Institute, a souligné la contribution substantielle de l’Afrique à l’élimination du carbone et le potentiel des marchés du carbone sur le continent. Elle a relevé l’importance de la participation, de la représentation et de l’engagement actifs de l’Afrique.

Julius Court, directeur des opérations de Conservation International, a noté l’importance d’une réglementation solide et d’accords de partage des revenus entre les gouvernements, les promoteurs et les communautés pour bénéficier à l’ensemble de la chaîne de valeur et transformer les opportunités en réalité.

Aurelia Micko, conseillère principale pour les marchés du carbone et le financement du climat à l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), a parlé du besoin d’intégrité et de transparence sur les marchés du carbone. Elle a souligné les efforts de l’USAID pour soutenir le développement de politiques et de cadres sur la transparence, le partage des bénéfices et l’utilisation des recettes des marchés du carbone pour financer les Contributions déterminées au niveau national des pays, lit-on dans le texte officiel.

Qui a relevé que William Asiko, vice-président pour l’Afrique à la Fondation Rockefeller, a insisté sur la nécessité de favoriser un environnement dans lequel les crédits carbone africains sont perçus comme transparents et intègres.

De l’avis des leaders de la BAD, la table ronde a facilité l’échange d’idées et d’expériences entre les participants, fournissant des recommandations précieuses pour relever les défis et tirer parti des opportunités des marchés du carbone dans les pays africains.

Moctar FICOU / VivAfrik

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