Afrique : Les bûcherons chinois accusés d’exploiter les forêts de miombo à un rythme « insoutenable »

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Les forêts du Miombo s’étendent sur une grande partie de l’Afrique centrale et australe et forment une grande région composée de prairies, de savanes et de zones arbustives. Certains des principaux fleuves d’Afrique centrale, australe et orientale prennent leur source dans des régions où s’étendent les forêts du Miombo, en particulier le fleuve Zambèze.

Appelés « miombo » (Brachystegia) pour ses arbres semblables à des chênes qui dominent la région, les forêts de la région comptent environ 8 500 espèces de plantes dont plus de 300 sont des arbres.

En un mot, les forêts de miombo sont situées dans huit pays africains, du Burundi à l’Angola et au Sud du Mozambique. Toutefois, c’est la Chine qui est le principal bénéficiaire des activités d’abattage d’arbres dans ces forêts.

Contrairement aux forêts tropicales du Nord, les forêts de miombo sont sèches. Elles recouvrent 10 % du continent africain et fournissent des moyens de subsistance à plus de 150 millions de personnes. A noter que plusieurs millions de personnes s’y sont installées, dont beaucoup dépendent directement des forêts et des ressources naturelles pour vivre. Leurs espèces d’arbres sont diversifiées : on y rencontre des arbres dont le bois a une teinte rouge qui est très populaire chez les fabricants de meubles et les clients haut de gamme en Chine. Certains de ces arbres sont des espèces appelées « bois de rose », mais d’autres y compris le bois tigré (« tigerwood ») sont également populaires parmi les bûcherons chinois.

En outre, les forêts du Miombo fournissent la nourriture et couvrent les besoins d’une grande variété d’animaux sauvages, notamment les antilopes, les girafes, les rhinocéros, les lions et quelques-unes des plus grandes populations d’éléphants d’Afrique.

La demande pour les produits des forêts de miombo soutient un réseau d’abattage illégal et de corruption dont le résultat final est, chaque année, l’arrivée en Chine des rondins d’une valeur de plusieurs millions de dollars. Selon un reportage de la BBC, des rondins de miombo d’une valeur de plus de 18 millions de dollars ont été expédiés entre le Mozambique et la Chine entre octobre 2023 et mars 2024, dans plus de 300 conteneurs de navire, à partir du port de Beira.

Selon nos confrères du site d’information adf-magazine.com, les expéditions d’arbres illégalement récoltés dans les pays africains continuent, malgré l’interdiction chinoise d’exporter des rondins des espèces menacés telles que le bois de rose. Les pots-de-vin facilitent ces exportations. L’argent produit par l’abattage illégal peut financer des activités terroristes, selon la BBC.

L’abattage et les exportations continuent aussi en enfreignant la Déclaration de Maputo, appelée aussi Initiative miombo, qui vise à mettre fin à l’abattage illégal et à affronter les menaces pesant sur l’écosystème. Neuf pays ont signé l’accord à savoir l’Afrique du Sud, l’Angola, le Botswana, le Malawi, le Mozambique, la République démocratique du Congo, la Tanzanie, la Zambie et le Zimbabwe. L’Afrique du Sud est hors de la zone de miombo mais elle est incluse du fait de son expérience dans la gestion des forêts.

Les sociétés forestières chinoises actives dans les forêts de miombo sont des entreprises privées ; selon les observateurs, elles ne sont pas des sociétés d’état. L’une des plus importantes s’appelle Fodeco, société sans expérience forestière industrielle qui a reçu une énorme concession d’abattage de la RDC en 2015. À l’époque, Fodeco détenait l’un des 18 permis accordés, ce qui enfreignait une interdiction remontant à 22 ans sur les nouveaux permis d’abattage en RDC, a ajouté notre source.

Qui signale que l’Initiative miombo a été signée dans la capitale du Mozambique. Elle est devenue un exemple de la façon dont les sociétés chinoises exploitent les forêts de miombo.

Le Mozambique perd chaque année une superficie de forêt de miombo égale à 1 000 terrains de football. Selon l’Environmental Investigation Agency, plus de 89 % des exportations de bois sont illégales. Elles concernent surtout les arbres de bois de rose, espèces rares et menacées.

Le média en ligne adf-magazine.com rappelle qu’entre 2017 et 2023, le Mozambique a exporté environ 3,7 millions de tonnes de bois vers la Chine. Une grande proportion est constituée de bois de rose et certains arbres proviennent des régions du pays contrôlées par les terroristes, ce qui finance leurs opérations.

Les chercheurs du réseau Miombo basé au Malawi ont fait valoir que les pays qui ont des forêts de miombo n’ont pas en général de plans de gestion ou de lois qui seraient nécessaires pour assurer que l’abattage des arbres reste limité à une étendue permettant à la forêt de survivre.

Au Mozambique, plus grand exportateur de bois d’Afrique australe, ces entreprises transportent leurs rondins récoltés illégalement entre les champs et les usines de meubles en versant à des fonctionnaires des pots-de-vin pouvant atteindre seulement 500 dollars, selon les chercheurs de Global Voices.

« Ces fonctionnaires facilitent les communications et assurent le passage aux points de contrôle, ce qui représente une autre forme de collusion pour violer les interdictions d’abattage », ont récemment écrit les chercheurs.

Le président du Mozambique, Filipe Nyusi, a déclaré lors d’une conférence dédiée à la préservation du miombo que les pays contenant ces forêts doivent coopérer pour les protéger. A cet effet, il a laissé entendre : « pour faire de bons progrès, nous devons travailler ensemble ».

Pour le moment, l’exploitation chinoise des forêts de miombo excède la capacité de régénération des forêts.

« Même s’il existe quelques exemples de récolte durable, l’abattage des forêts de miombo est insoutenable. En conséquence, la plupart des espèces d’arbres disparaissent économiquement », ont écrit, dans une étude publiée en 2018, les chercheurs du réseau Miombo.

Moctar FICOU / VivAfrik                         

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