Le Sénégal, où la pêche représente une source cruciale d’approvisionnement en produits halieutiques, fait face à des défis croissants liés à la pêche illégale. Cette pression accrue sur les stocks de poissons complique également la coopération avec des partenaires économiques majeurs, comme l’Union européenne (UE). En date du 12 novembre 2024, Jean-Marc Pisani, ambassadeur de l’UE au Sénégal, a déclaré que l’accord de pêche signé en 2019 ne serait pas renouvelé après son expiration le 17 novembre 2024.
Les raisons derrière cette suspension de l’accord
Cette décision s’inscrit dans le cadre de la politique de « tolérance zéro » de l’UE face aux pratiques de pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN). Malgré les efforts du Sénégal pour endiguer la pêche illégale, l’UE juge ces efforts insuffisants. Le 27 mai 2024, la Commission Européenne (CE) avait déjà adressé un avertissement au Sénégal, mentionnant la détection d’exportations de produits de la pêche non conformes aux normes vers le marché européen.
Les impacts économiques pour le secteur de la pêche sénégalais
En 2019, l’accord de pêche avec l’UE avait permis au Sénégal de recevoir une contribution de 8,5 millions d’euros (environ 9 millions de dollars) pour soutenir son secteur halieutique. Cette aide a financé plusieurs projets, notamment la construction de quais de pêche à Ndangane Sambou et Hann, ainsi que des initiatives pour améliorer la surveillance et la recherche scientifique en vue de préserver les ressources halieutiques. Avec la suspension de l’accord, ces soutiens financiers ne seront plus disponibles, ce qui pourrait affecter directement le secteur de la pêche sénégalais, dont les captures ont atteint 500 000 tonnes en 2022, selon les données de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Un dialogue pour renforcer la lutte contre la pêche INN
Malgré cette suspension, l’UE s’est engagée à soutenir le Sénégal dans ses efforts de renforcement des systèmes de contrôle et de traçabilité des produits de la pêche. Un dialogue est en cours entre les deux parties pour améliorer la situation et permettre, à terme, une possible reprise de la coopération dans ce secteur stratégique.
Moctar FICOU / VivAfrik