Lors de la COP29, qui se déroule du 11 au 22 novembre 2024 à Bakou, une avancée significative a été réalisée en matière de financement climatique, notamment avec l’adoption de l’article de l’Accord de Paris qui encadre les échanges de crédits carbone. Les ministres de l’Environnement de la Côte d’Ivoire et du Congo ont salué cette étape importante, tout en soulignant la nécessité d’harmoniser le prix de la tonne de carbone entre le Nord et le Sud, afin de garantir une équité globale dans la lutte contre le changement climatique.
Le 14 novembre 2024, dans l’effervescence des négociations climatiques au Stade Olympique de Bakou, la Côte d’Ivoire a annoncé une réalisation majeure : la vente de 7 millions de tonnes de crédits carbone, dans le cadre d’un partenariat avec la Banque mondiale. Cet accord marque une première pour le pays, un exemple concret de la mise en œuvre de l’Accord de Paris, qui cherche à mettre en place un marché global des crédits carbone afin d’aider les pays en développement à financer leurs efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Cette annonce est intervenue au moment où les discussions s’intensifiaient sur la nécessité de fixer un prix équitable pour la tonne de carbone, un sujet de divergence majeur entre les pays du Nord et du Sud. La Côte d’Ivoire, à travers son ministre de l’Environnement, a réaffirmé l’importance d’un prix de la tonne de carbone uniformisé à l’échelle mondiale pour garantir que tous les pays, indépendamment de leur niveau de développement, aient un accès égal aux mécanismes de financement carbone.
Les ministres ivoirien et congolais ont ainsi souligné que l’établissement d’un prix équitable de la tonne de carbone est essentiel pour stimuler les investissements dans les projets de réduction des émissions dans les pays en développement, tout en permettant aux pays industrialisés de remplir leurs engagements de financement climatique. Selon eux, cette mesure favoriserait également la création d’un marché du carbone plus robuste et transparent, capable de soutenir les objectifs de décarbonisation mondiale.
Le ministre ivoirien a insisté sur le fait que « le prix de la tonne de carbone doit être le même au Nord et au Sud, car la lutte contre le changement climatique est un défi global qui nécessite une réponse collective ». Il a ajouté que les pays en développement, en particulier ceux d’Afrique, ont un rôle central à jouer dans la préservation du climat, et que des mesures comme la vente de crédits carbone peuvent les aider à mobiliser des ressources essentielles pour leur transition énergétique.
Le ministre congolais de l’Environnement a également pris la parole pour rappeler que les pays africains, malgré leur faible contribution aux émissions mondiales, subissent disproportionnellement les effets du changement climatique. En ce sens, un prix unifié de la tonne de carbone permettrait de mieux équilibrer les responsabilités et les contributions financières dans la lutte contre le réchauffement climatique.
La vente des crédits carbone par la Côte d’Ivoire représente ainsi un modèle potentiel pour d’autres pays en développement, cherchant à lever des fonds pour soutenir leurs stratégies climatiques nationales. Cependant, les ministres ont également souligné que l’alignement du prix de la tonne de carbone reste un point de tension majeur entre les pays développés, qui veulent des prix plus bas, et les pays en développement, qui plaident pour des prix plus élevés afin de refléter les véritables coûts environnementaux et sociaux du carbone.
Cet échange met en lumière l’une des principales questions des négociations climatiques actuelles : comment créer un mécanisme global qui soit juste et efficace, en prenant en compte les besoins et les défis spécifiques de chaque région du monde. Alors que la COP29 approche de sa clôture, la question du prix de la tonne de carbone pourrait bien devenir un point crucial dans la détermination des futures politiques climatiques mondiales.
Moctar FICOU / VivAfrik