Les agriculteurs sénégalais sont inquiets cette année concernant la récolte d’arachides. Après le démarrage de la campagne de commercialisation, de nombreux producteurs anticipent des pertes considérables en raison de la baisse de la production et de la qualité des semences. Selon les premières estimations, la production pourrait chuter de moitié par rapport à l’année précédente. Toutefois, l’État, par l’intermédiaire des autorités agricoles, se veut rassurant et assure que les besoins internes sont couverts et que des opportunités d’exportation subsistent.
Des prévisions inquiétantes pour la récolte d’arachides en 2024
Les producteurs d’arachides avancent plusieurs raisons pour expliquer cette baisse significative de leur chiffre d’affaires en 2024. Parmi les causes principales figurent la mauvaise qualité des semences distribuées par l’État et l’irrégularité des pluies durant la saison de culture. D’après Sidy Ba, membre du Cadre de concertation des producteurs agricoles (CCPA) et du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (CNCR), les projections des producteurs sont alarmantes. « L’année dernière, la production était estimée à 1,5 million de tonnes selon la Direction de l’analyse, de la prévision et des statistiques agricoles (DAPSA). Pour 2024, elle est estimée entre 700 000 et 800 000 tonnes, mais ces chiffres restent à confirmer. Les conséquences pour nous, producteurs, sont dramatiques en termes de baisse de revenus. »
Les agriculteurs craignent que cette chute de production, due en partie à des semences de mauvaise qualité et à une sécheresse prolongée, ne réduise considérablement leurs revenus. Selon les projections, la récolte pourrait ne pas suffire à couvrir les besoins nationaux, encore moins à répondre à la demande d’exportation.
L’État rassure sur l’approvisionnement et les prévisions de production
Malgré les préoccupations des producteurs, les autorités sénégalaises restent optimistes. La Direction de l’analyse, de la prévision et des statistiques agricoles n’a pas encore fourni de chiffres officiels, mais elle se veut rassurante quant à l’avenir de la campagne arachidière. El Hadj Ndane Diagne, directeur général de la Société nationale de commercialisation des oléagineux du Sénégal (SONACOS), a déclaré que la publication des chiffres serait faite de manière transparente, précisant que « nous avons traversé des années où les chiffres fournis ne correspondaient pas à la réalité de la production. Cette année, la DAPSA a travaillé sur des données plus fiables. Le ministère confirme que ces prévisions couvrent largement les besoins pour les semences de l’année à venir, les besoins des huileries, et il restera même un excédent qui pourra être exporté. »
Des mesures de soutien pour les producteurs
Face aux difficultés rencontrées par les agriculteurs, l’État a pris des mesures pour soutenir le secteur. En 2024, le gouvernement a augmenté le prix d’achat du kilo d’arachide, passant de 280 à 305 francs CFA, afin d’encourager la production et de compenser la baisse attendue des rendements. Cette hausse de prix vise à soutenir financièrement les producteurs tout en garantissant la rentabilité du secteur.
Une campagne de commercialisation sous surveillance
La campagne de commercialisation de l’arachide en 2024 pourrait donc se heurter à des défis importants, à la fois en termes de volumes produits et de qualité des récoltes. Toutefois, le gouvernement sénégalais met en avant des mesures incitatives et une gestion plus rigoureuse de la production et de la commercialisation pour minimiser les impacts économiques et répondre aux besoins internes tout en explorant les opportunités d’exportation.
Moctar FICOU / VivAfrik