À Lomé, capitale du Togo, s’est tenu, du 3 au 5 décembre 2024, le premier sommet de la coopération énergétique de l’Afrique de l’Ouest, un événement marquant qui a jeté les bases d’une collaboration régionale pour répondre aux défis énergétiques croissants. Le sommet, qui s’est déroulé dans un contexte de crise énergétique en début 2024, a permis de réunir des acteurs clés du secteur pour discuter des solutions stratégiques afin de renforcer la croissance économique et garantir un avenir énergétique durable pour la région.
Lors de son discours d’ouverture, la Première ministre du Togo, Victoire Tomegah Dogbé, a souligné l’importance de cette rencontre en affirmant que « nous sommes ici non seulement pour débattre de nos défis énergétiques, mais aussi pour poser ensemble les jalons d’un avenir énergétique prospère et durable pour nos populations ». Cette déclaration annonçait une rencontre capitale pour la région, marquée par un contexte de crise énergétique qui a révélé les vulnérabilités des systèmes énergétiques ouest-africains.
La crise énergétique : un défi majeur pour la région
La crise énergétique qui a frappé la région au début de l’année 2024 a mis en évidence un problème crucial : la sécurisation de l’approvisionnement énergétique. Robert Koffi Messan Eklo, ministre togolais des Ressources énergétiques, a insisté sur le fait que les interruptions de l’approvisionnement en gaz naturel avaient exposé la fragilité des systèmes énergétiques de la région. « Nos capacités de production actuelles, principalement thermiques, peinent à satisfaire une demande croissante, ce qui entraîne des délestages fréquents et affecte négativement nos économies », a-t-il déclaré lors de la cérémonie d’ouverture.
Une vision ambitieuse et pragmatique pour l’avenir énergétique
En poste depuis août 2024, le ministre Eklo a présenté une vision ambitieuse pour le secteur énergétique, structurée autour de trois axes fondamentaux notamment le développement de solutions énergétiques durables en diversifiant le mix énergétique régional ; la stimulation des investissements régionaux par la création d’un environnement favorable aux investissements dans le secteur de l’énergie et l’accent mis sur l’innovation technologique pour améliorer l’efficacité et la durabilité du secteur.
Les discussions du sommet : un besoin urgent d’investissement et de coopération
Les échanges au cours des divers panels ont mis en lumière la nécessité d’un accès accru aux investissements structurants dans le secteur de l’énergie. Dr. Tchapo Singo, directeur général de l’Energie au ministère des Mines et des Ressources énergétiques du Togo, a insisté sur l’importance d’une compréhension commune des enjeux énergétiques et des perspectives d’intégration économique dans la région. Il a également souligné l’importance de définir des orientations claires pour sécuriser l’approvisionnement en combustibles et en énergie.
Les participants ont également convenu de la nécessité de renforcer la coopération inter-États pour relever les défis énergétiques communs à toute la sous-région et d’améliorer les réformes politiques et réglementaires pour soutenir la croissance du secteur.
Le rôle clé du gaz naturel et le projet du pipeline gazier Nigeria-Maroc
Un autre sujet majeur abordé durant le sommet a été le projet stratégique du pipeline gazier Nigeria-Maroc. Ce projet ambitieux, considéré comme un catalyseur du développement régional, pourrait transformer l’accès de 16 pays ouest-africains à une énergie plus durable, grâce au gaz naturel disponible dans des pays comme le Nigéria, la Mauritanie, le Sénégal et la Côte d’Ivoire. Amina Benkhadra, directrice générale de l’ONHYM (Office National des Hydrocarbures et des Mines du Maroc), a souligné que ce projet allait générer des retombées économiques, sociales et industrielles importantes pour toute la région.
Le rôle de la coopération inter-étatique et des financements massifs
Le sommet s’est également concentré sur la nécessité d’une coopération accrue entre les États de la région pour résoudre les inégalités en matière d’accès à l’énergie. La Banque mondiale, représentée par Kwawu Mensan Gaba, directeur sectoriel pour l’énergie en Afrique de l’Ouest, a précisé que l’Afrique de l’Ouest regorge de ressources énergétiques naturelles abondantes, notamment le solaire, l’éolien, l’hydroélectricité et le gaz. Toutefois, pour exploiter pleinement ce potentiel, la région doit adopter une approche concertée et établir des partenariats solides pour mobiliser des investissements massifs.
M. Gaba a rappelé que l’objectif d’accès universel à l’électricité d’ici à 2030 est impératif, mais nécessite des financements considérables et des investissements dans le secteur de l’électricité, notamment pour combler les disparités entre les zones rurales et urbaines, où le taux d’électrification est encore faible.
Une initiative de la Banque mondiale pour l’accès universel à l’électricité
La Banque mondiale a également lancé en avril 2024 l’initiative Mission 300, en partenariat avec le groupe de la Banque africaine de développement. Cette initiative vise à mobiliser des financements massifs et innovants pour permettre à la région d’atteindre l’objectif d’accès universel à l’électricité, un élément crucial pour le développement économique de l’Afrique de l’Ouest.
Moctar FICOU / VivAfrik