Le secteur agricole est essentiel pour l’économie de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, mais il fait face à des défis majeurs liés aux changements climatiques. Pour répondre à ces enjeux, de plus en plus de projets de développement se concentrent sur l’adoption de pratiques agricoles durables. Dans ce cadre, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Fonds international pour le développement agricole (FIDA) ont lancé un programme d’envergure mondiale visant à promouvoir ces pratiques, et ce programme implique directement 13 pays africains.
Le programme intégré sur les systèmes alimentaires : un pas décisif vers la durabilité en Afrique
En effet, les deux institutions ont annoncé, le 6 décembre 2024, le lancement du « Programme intégré sur les systèmes alimentaires », un projet ambitieux qui couvrira 32 pays, dont 13 en Afrique. Les pays concernés en Afrique sont l’Afrique du Sud, l’Angola, le Bénin, le Burkina Faso, Eswatini, l’Éthiopie, le Ghana, le Kenya, la Namibie, le Nigéria, l’Ouganda, la Tanzanie et le Tchad.
Ce programme vise à soutenir la transition vers des systèmes alimentaires plus durables et résilients face aux effets dévastateurs du changement climatique. L’objectif est de réduire l’empreinte écologique de l’agriculture tout en renforçant la sécurité alimentaire dans les régions ciblées.
Un investissement de 282 millions de dollars pour 32 projets durables
Selon le FIDA, ce programme bénéficiera de 282 millions de dollars provenant du Fonds pour l’environnement mondial (FEM). Ces fonds seront alloués à l’élaboration et à la mise en œuvre de projets dans les 32 pays, répartis sur les 12 prochains mois. L’objectif est de promouvoir des pratiques agricoles durables en travaillant sur quatre secteurs agroalimentaires prioritaires : les denrées de base (comme le maïs, le riz et le blé), les produits commerciaux (notamment le cacao, l’huile de palme et le soja), ainsi que l’élevage et l’aquaculture.
Ce programme vise à transformer les politiques agricoles locales, améliorer les chaînes de valeur agroalimentaires, et favoriser des investissements durables dans ces secteurs clés. Parmi les priorités figurent la réduction des émissions de méthane dans les secteurs du riz et de l’élevage, ainsi que la lutte contre la déforestation associée à l’agriculture intensive, notamment dans les secteurs de l’huile de palme et de l’élevage.
Un impact sur les politiques climatiques et la croissance économique en Afrique
Lancé en pleine crise climatique mondiale, ce programme incarne l’ambition de transformer les systèmes alimentaires mondiaux, tout en les rendant plus résilients. Selon Alvaro Lario, Président du FIDA, l’initiative vise à apporter des solutions concrètes pour rendre l’agriculture durable, même dans des contextes marqués par l’incertitude climatique.
Dans son rapport de 2023, la FAO a estimé que les émissions de gaz à effet de serre et d’azote liées à l’agriculture ont coûté 2 400 milliards de dollars aux systèmes agroalimentaires mondiaux en 2020. Cela représente près de 19 % des coûts cachés des systèmes agroalimentaires, estimés à 12 700 milliards de dollars.
Une nouvelle approche pour un avenir plus vert en Afrique
Ce programme est un pas décisif vers un avenir agricole plus vert et durable en Afrique. En soutenant les pays concernés dans l’adoption de pratiques agricoles durables, la FAO et le FIDA contribuent à la fois à la protection de l’environnement et à la sécurité alimentaire à long terme pour des millions de personnes sur le continent.
Moctar FICOU / VivAfrik