Montée des eaux du lac Tanganyika : La ville d’Uvira face à un défi humanitaire et environnemental majeur en RDC

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La ville d’Uvira, située dans la province du Sud-Kivu dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), fait face à une crise humanitaire sans précédent en raison de la montée des eaux du lac Tanganyika. Ce phénomène, qui a pris de court la population en avril 2024, a défiguré la ville et entraîné des conséquences dramatiques pour ses habitants. Plus de 2 800 maisons ont été inondées, et près de 35 000 personnes ont été déplacées, un bilan qui continue de s’aggraver huit mois plus tard.

La montée des eaux, loin de revenir à son niveau normal, persiste, submergeant encore aujourd’hui une grande partie des quartiers affectés. La situation a gravement affecté la vie des résidents, qui ont dû fuir leurs maisons et se réfugier dans des conditions précaires, souvent dans les maisons d’autres familles.

La ville d’Uvira : un habitat submergé par l’eau

À Kaya Muvumbi, un quartier d’Uvira, les conditions de vie sont particulièrement difficiles. Depuis avril 2024, les enfants de Kaya Muvumbi n’ont pas pu dormir dans leur propre maison. Leur résidence, en grande partie submergée, a vu une partie de son sol recouvert de sable pour éviter la boue, mais les conditions restent instables. Les habitants doivent se rendre à l’hôpital pour y passer la nuit en attendant de meilleures solutions : « Nous venons ici juste pendant la journée quand nous avons des choses à faire. Mais il y a de l’eau partout. Nous avons peur que la maison s’écroule », témoigne un résident.

Cette situation a mis en lumière un problème plus large : l’absence de relogement pour les sinistrés. Plusieurs mois après l’inondation, la plupart des victimes n’ont toujours pas trouvé de logements permanents. Le maire d’Uvira, Kiza Muhato, a reconnu la gravité de la situation, soulignant que les efforts pour reloger les déplacés avancent lentement : « Nous travaillons avec la direction nationale pour voir comment relocaliser ces sinistrés du lac Tanganyika. » Des discussions ont été engagées pour permettre à certains résidents de se déplacer vers le nord, mais la solution reste encore incertaine pour beaucoup.

Pourquoi le niveau des eaux ne redescend-il pas ?

L’un des aspects les plus préoccupants de cette crise est le fait que le niveau des eaux du lac Tanganyika ne revient pas à son niveau habituel, même pendant la saison sèche. Selon le chercheur en hydrobiologie, Donatien Mozomani, le phénomène de montée des eaux du lac Tanganyika a débuté en 2007 et continue de façon lente mais régulière : « Depuis 2007, nous observons une montée progressive des eaux. C’est un phénomène durable et en cours. » Cette évolution a des impacts considérables sur les communautés locales, notamment en ce qui concerne la sécurité alimentaire, l’habitat et l’accès à l’eau potable.

La ville d’Uvira et ses habitants sont donc confrontés à un défi à la fois environnemental et humanitaire majeur. Le lac Tanganyika, qui borde la ville, n’est pas seulement une source de vie, mais aussi un facteur de vulnérabilité face aux risques de montée des eaux, accentués par les changements climatiques et les variations saisonnières.

Des quartiers inondés et des vies perturbées

Des quartiers entiers d’Uvira, y compris en centre-ville, sont toujours engloutis par les eaux, et la reconstruction de ces zones demeure un défi de taille. Le déplacement massif de la population, la perte de biens et les conditions de vie précaires témoignent de l’ampleur des dégâts causés par ce phénomène. Bien que des initiatives de relogement et de réinstallation soient envisagées, la situation reste instable et de nombreuses familles continuent à vivre dans des conditions de plus en plus difficiles.

Les conséquences à long terme

La montée des eaux du lac Tanganyika ne concerne pas seulement les infrastructures. Elle perturbe aussi les activités économiques de la ville, notamment la pêche et le commerce, deux secteurs vitaux pour les habitants. De plus, cette situation accroît la vulnérabilité des populations face aux risques sanitaires et sociaux. Le déplacement forcé de milliers de personnes a des conséquences importantes sur la cohésion sociale, la sécurité alimentaire et le bien-être des communautés touchées.

Une crise environnementale urgente

La montée des eaux du lac Tanganyika à Uvira s’inscrit dans un contexte de changement climatique global qui exacerbe les phénomènes météorologiques extrêmes dans la région des Grands Lacs africains. Ce phénomène met en lumière l’urgence de mettre en place des mesures d’adaptation climatique et de renforcer la résilience des communautés face à ces nouveaux défis environnementaux.

Moctar FICOU / VivAfrik

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