La filière vanille malgache joue un rôle clé dans l’économie de l’île, représentant la deuxième source de devises après le secteur minier. Bien que le pays soit le leader mondial dans la production de vanille, la majorité des exportations restent sous forme de gousses non transformées, ce qui limite la valeur ajoutée du secteur. Dans son dernier rapport sur les politiques commerciales publié en janvier 2025, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) recommande de développer davantage le secteur de la transformation locale de la vanille, notamment par l’amélioration de l’extraction d’arômes, afin de permettre à Madagascar de tirer profit de cette ressource stratégique.
Madagascar, leader mondial de la vanille : une place incontournable sur le marché international
Le pays joue un rôle indispensable dans l’approvisionnement mondial de la vanille, représentant près de 70 % des parts de marché. La vanille malgache est un ingrédient prisé dans l’industrie agroalimentaire, notamment pour les produits de chocolaterie, de glaces et de boissons. Cependant, malgré sa position dominante, Madagascar n’exploite qu’une petite fraction de la valeur ajoutée qui découle de cette production.
La majorité des gousses de vanille produites à Madagascar sont exportées pour être transformées à l’étranger, principalement en Europe et en Amérique. L’OMC souligne la nécessité pour le pays de renforcer son propre secteur de transformation afin de maximiser les retombées économiques et de ne pas se contenter de vendre des matières premières. Le pays doit se concentrer sur le développement de l’extraction de l’arôme de vanille, un procédé clé qui pourrait apporter une plus grande valeur ajoutée à la filière.
L’extraction de vanille : un secteur à fort potentiel de développement
Actuellement, l’extrait de vanille représente moins de 10 % des exportations totales de la filière, qui atteignent environ 1 500 tonnes de gousses par an. Bien que des extraits de vanille artisanaux soient produits dans la région Sava (Sambava, Antalaha, Vohémar et Andapa), l’OMC indique que seulement 5 unités d’extraction sont opérationnelles dans le nord de Madagascar. Pourtant, avec des investissements privés croissants et une meilleure maîtrise des taux d’extraction, le pays pourrait produire des extraits de vanille de haute qualité et se positionner sur des segments plus rentables du marché.
L’OMC estime que Madagascar bénéficie déjà d’un avantage comparatif significatif grâce à la réputation de sa vanille naturelle, qui reste inégalée. L’arôme unique de la vanille malgache est toujours prisé, malgré la concurrence croissante des substituts synthétiques et des problèmes internes à la filière, tels que la récolte précoce de la vanille verte. La vanille naturelle malgache est toujours considérée comme un produit de haute qualité par les industriels du chocolat, des glaces et des boissons, et sa réputation internationale lui permet de conserver sa place sur le marché.
L’enjeu de la qualité et de la traçabilité de la vanille malgache
Le principal concurrent de la vanille malgache reste l’adultération des produits finis. Des pratiques telles que le faux étiquetage et l’utilisation d’arômes artificiels peuvent tromper les consommateurs, un défi que le pays doit surmonter pour maintenir la crédibilité et la valeur de sa vanille. Georges Geeraerts, président du Groupement des exportateurs de vanille (GEVM), a souligné dans une interview pour l’Agence Ecofin que « rien ne peut rivaliser avec la vanille naturelle, un des arômes préférés mondialement ! Il ne faut pas oublier que ce sont des hommes et des femmes qui sont derrière chacune de ces gousses. »
Le défi pour Madagascar est de s’assurer que sa vanille reste un produit de qualité et authentique, exempt de toute forme de fraude, et de renforcer la traçabilité tout au long de la chaîne de production. Cela pourrait permettre de mieux valoriser l’exportation d’extraits de vanille, tout en garantissant un revenu plus élevé pour les producteurs locaux.
Une filière stratégique pour l’économie malgache
La vanille représente environ 25 % des recettes d’exportation de Madagascar et contribue à hauteur de 7 % du PIB national, selon la Banque mondiale. Par conséquent, il est crucial que le pays développe la transformation locale de la vanille pour assurer la durabilité de cette filière stratégique. Si les politiques de soutien au secteur de l’extraction sont mises en place, Madagascar pourrait considérablement accroître la rentabilité de son marché de la vanille, tout en créant des emplois et en soutenant les petits producteurs dans les zones rurales.
Un potentiel inexploité pour Madagascar
La filière vanille de Madagascar détient un potentiel considérable pour augmenter sa valeur ajoutée et générer des revenus substantiels, tant pour le pays que pour les producteurs locaux. En développant le secteur de l’extraction de vanille et en assurant la traçabilité et la qualité de ses produits, Madagascar pourrait se positionner comme un leader mondial non seulement dans la production de gousses de vanille, mais aussi dans l’extraction d’arômes haut de gamme. L’OMC recommande de renforcer cette transformation locale afin de maximiser les bénéfices de la filière et d’assurer sa pérennité à long terme.
Moctar FICOU / VivAfrik