La forêt claire de Miombo, située au sud de la République Démocratique du Congo (RDC), est gravement menacée par diverses activités humaines, en particulier l’expansion des mines de cuivre et de cobalt dans la région du Katanga. En réponse à cette menace, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) mobilise les communautés locales à travers le projet AFR100, qui vise à restaurer les paysages et les écosystèmes de la région, en touchant plus de mille personnes dans le Haut-Katanga.
Une forêt et un sol menacés par l’exploitation minière
La dégradation des sols et des forêts de la région est une réalité vécue par de nombreux habitants. Barthélémy Lutumba, un agriculteur du village Katanga, situé à 70 km au nord-ouest de Lubumbashi, explique : « notre sol s’est beaucoup appauvri, notamment à cause de la pollution provenant de l’exploitation minière. Des industries minières déversent des produits acides sur nos terres, ce qui détruit la végétation et affecte notre forêt ».
De plus, l’agriculture intensive aggrave cette situation. Il ajoute que « le rendement de la culture du maïs est très faible. Nous produisons seulement une tonne et demie à deux tonnes de maïs par hectare, alors que ceux qui utilisent beaucoup d’engrais chimiques peuvent atteindre trois tonnes ». Cette baisse de rendement agricole contribue à la précarité des communautés locales.
Pourquoi restaurer la forêt de Miombo ?
Le ministère de l’Environnement de la RDC a classé les forêts de Miombo parmi les 5 % des zones mondiales prioritaires pour la restauration des écosystèmes. Cela s’explique par leur dégradation alarmante, exacerbée par le changement climatique. Henri Paul Eloma, directeur du programme de la FAO en RDC, souligne l’importance de ces forêts : « contrairement aux forêts de la Cuvette centrale, les forêts de Miombo sont des forêts sèches, mais elles jouent un rôle essentiel dans la séquestration du dioxyde de carbone, contribuant ainsi à la lutte contre le réchauffement climatique ».
L’impact des carrés miniers sur la forêt
Malgré leur rôle crucial, les forêts de Miombo sont fortement menacées par l’expansion de l’industrie minière dans la région du Katanga. « Il y a des carrés miniers un peu partout, et il est impératif de préserver les forêts à l’intérieur et autour de ces zones d’exploitation pour garantir la vie des populations locales », insiste Henri Paul Eloma. Les carrés miniers, zones dédiées à l’exploitation des ressources naturelles, empiètent souvent sur les écosystèmes vitaux pour les communautés locales.
Les forêts jouent un rôle essentiel en Afrique en tant que véritable « garde-manger » pour les populations. Elles fournissent non seulement de l’énergie, de l’eau, des aliments et des médicaments, mais aussi la fertilité des sols nécessaire à une agriculture durable. Cependant, la richesse minière du Katanga profite peu aux populations locales, qui voient leurs ressources naturelles détruites sans bénéficier directement des profits de l’exploitation minière.
Un appui technique et financier pour les communautés locales
Dans ce contexte, le projet AFR100 vise à autonomiser les communautés locales pour la gestion durable de leurs forêts. Pour y parvenir, la FAO prévoit un accompagnement technique, notamment à travers la distribution de semences de qualité. Henri Paul Eloma explique que « les semences utilisées en RDC datent de plus de 30 ans et ont perdu en productivité. Nous devons fournir des semences plus performantes ».
Le projet met également l’accent sur des techniques de conservation agricole qui utilisent des biofertilisants et des biopesticides afin de réduire l’impact environnemental de l’agriculture intensive. En outre, des fonds de soutien seront mis en place pour les agriculteurs et petits éleveurs, leur permettant de développer des activités économiques durables, telles que la production et la transformation de produits locaux comme le Munkoyo, une boisson traditionnelle à base de céréales.
Mise en œuvre du projet AFR100 et perspectives d’avenir
Le projet AFR100 a déjà été lancé dans les villes de Lubumbashi et de Kinshasa, et sa mise en œuvre dans le Haut-Katanga est très attendue. Cette initiative vise à répondre aux défis environnementaux et économiques auxquels sont confrontées les populations du Katanga. Si ces actions de restauration des écosystèmes rencontrent du succès, elles permettront de préserver la forêt de Miombo, essentielle pour le climat, tout en soutenant le développement durable des communautés locales.
Moctar FICOU / VivAfrik