Les puits de carbone du bassin du Congo menacés : Impact de la déforestation sur les tourbières et les efforts de protection en RDC

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Menace sur les puits de carbone du bassin de la forêt du Congo

Les tourbières de la forêt du Bassin du Congo, vieilles de plus de 10 000 ans, sont un réservoir de carbone gigantesque et essentiel pour la planète. Elles jouent un rôle crucial dans la régulation du climat en stockant d’énormes quantités de carbone. Cependant, ces écosystèmes vitaux sont menacés par la déforestation, les pratiques agricoles non durables, et l’exploitation des ressources naturelles.

Les puits de carbone menacés dans le Bassin du Congo

La forêt du Bassin du Congo, située au cœur de l’Afrique centrale, représente l’un des plus grands puits de carbone au monde. Avec une superficie allant de 180 à 230 millions d’hectares, cette forêt abrite des tourbières de plus de 10 000 ans. Ces tourbières sont d’importants réservoirs de carbone, capturant l’équivalent de trois années d’émissions mondiales de gaz à effet de serre. En République Démocratique du Congo (RDC), les recherches scientifiques sur les échanges de gaz entre la forêt et l’atmosphère montrent que ces tourbières jouent un rôle indispensable dans l’atténuation du changement climatique.

Les impacts de la déforestation et de la production de charbon

En 2020, les forêts africaines ont été reconnues comme ayant une capacité de séquestration de carbone supérieure à celle de l’Amazonie. Cependant, cette fonction de puits naturel se fragilise avec la déforestation, qui reste l’un des principaux fléaux affectant les forêts. En 2020, la RDC a perdu 491 000 hectares de forêt primaire, un chiffre alarmant pour la biodiversité et le climat global.

Mais la déforestation n’est pas le seul facteur en jeu. La production excessive de charbon de bois, ou makala, utilisé dans de nombreuses communautés locales pour la cuisson, est également un problème majeur. Moins de 10 % des habitants de la RDC ont accès à l’électricité, et l’utilisation du bois de chauffe reste essentielle pour la survie quotidienne. Par ailleurs, l’agriculture extensive, le développement des infrastructures et l’augmentation de la densité de population contribuent également à l’accélération de la déforestation. D’ici à 2050, la population du pays devrait atteindre près de 370 millions de personnes, augmentant encore la pression sur les ressources naturelles.

La RDC : un pays solution pour la crise climatique

La RDC se positionne comme un « pays solution » à la crise climatique grâce à son rôle clé en tant que réservoir de carbone grâce à ses forêts. En 2021, l’Initiative pour la forêt de l’Afrique Centrale (CAFI) a promis 500 millions de dollars pour soutenir la gestion durable de ses forêts. Cependant, la récente mise en vente de concessions pétrolières et gazières en juillet 2022 a soulevé des inquiétudes parmi les scientifiques, notamment parce que certaines de ces concessions se situent dans la cuvette centrale du pays, une zone particulièrement riche en tourbières.

Le rôle de la science et du financement international

Les travaux scientifiques sur les tourbières situées dans le nord du Congo et de la RDC ont attiré l’attention mondiale sur l’importance de cette région. Lors de la COP29, en novembre 2023, le gouvernement britannique a annoncé un financement de près de 12 millions de dollars pour soutenir l’initiative pour le bassin du Congo. Selon Raphaël Tshimanga, professeur à l’université de Kinshasa et co-président de l’ISBC, « tout le monde a compris qu’il faut investir dans la science. Les forêts africaines demeurent les moins bien étudiées, malgré leur rôle crucial dans la régulation du climat ».

Il est clair que pour comprendre les impacts actuels du réchauffement climatique et anticiper l’avenir, la collecte de données scientifiques est essentielle. Le bassin forestier du Congo est un écosystème fragile, et la libération de ce précieux réservoir de carbone aurait des conséquences catastrophiques pour la planète entière.

Baté la zamba : protéger la forêt

En République Démocratique du Congo, plusieurs initiatives locales se battent pour préserver ces écosystèmes vitaux. À Kisangani, des écoles sensibilisent les jeunes générations à l’écologie. Dans les pépinières des écoles, des jeunes replantent des arbres et des plantes utilisés dans leur vie quotidienne, contribuant à un avenir plus vert et durable.

Si la menace ne vient pas seulement de l’extérieur mais aussi de l’intérieur, un changement de paradigme est possible en RDC. Les efforts pour protéger les forêts congolaises et lutter contre la déforestation doivent être soutenus et renforcés, en particulier par le biais de politiques publiques, d’investissements dans la science et d’un engagement plus fort des citoyens et des institutions locales.

Moctar FICOU / VivAfrik

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