L’Afrique du Sud continue de se distinguer sur le marché mondial des exportations agricoles. En 2024, le pays a enregistré une nouvelle année de croissance pour ses exportations agricoles, atteignant un nouveau record avec une augmentation de 3 % en valeur. Il s’agit de la sixième année consécutive de hausse des exportations agricoles, selon la Chambre de commerce agricole sud-africaine.
Les raisons de ce succès sont multiples. En plus de l’augmentation des volumes exportés, la hausse des prix pour certains produits a également contribué à ces bons résultats. Un autre facteur clé réside dans la diversification des marchés, avec une ouverture de l’Afrique du Sud à un nombre croissant de pays acheteurs. Aujourd’hui, environ 44 % des exportations agricoles du pays sont dirigées vers l’Afrique, tandis que 20 % vont vers l’Union Européenne, et environ 20 % vers l’Asie et le Moyen-Orient.
Les agrumes, moteur des exportations agricoles
En tête des secteurs les plus performants, les agrumes occupent une place prépondérante, suivis de près par les raisins. Ces deux produits font partie des fleurons de l’agriculture sud-africaine, avec un marché international particulièrement dynamique. Ces dix dernières années, la superficie des vergers d’agrumes a considérablement augmenté, passant de 64 000 hectares en 2013 à 100 000 hectares en 2023. Cette extension des surfaces cultivées s’est accompagnée d’une hausse de la production, qui permet aujourd’hui à l’Afrique du Sud de réaliser 70 % du commerce mondial d’agrumes pendant la saison estivale (de mai à septembre, parfois jusqu’à début octobre) avant que les pays méditerranéens ne prennent le relais.
L’excellence sud-africaine dans la production d’agrumes
L’Afrique du Sud a réussi à se positionner parmi les leaders mondiaux de l’exportation d’agrumes en offrant une gamme variée de produits. Cette diversité permet au pays de satisfaire une large base de consommateurs à travers le monde. Plusieurs facteurs expliquent cette réussite, à commencer par le climat. Le sud du pays est particulièrement adapté à la culture des petits agrumes et des citrons, tandis que le nord convient mieux aux pomelos et aux oranges. Mais au-delà du climat, l’organisation de la filière agricole joue un rôle primordial dans ce succès. Comme le souligne Éric Imbert, chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), la filière sud-africaine est « exemplaire » dans sa gestion.
Grâce à ces avantages, l’Afrique du Sud a progressivement surpassé d’autres producteurs importants d’agrumes frais, tels que le Chili, l’Argentine, le Pérou et l’Australie, notamment pendant la saison d’été.
L’impact des exportations d’agrumes sur les prix
L’augmentation de la production d’agrumes en Afrique du Sud a un impact variable sur les prix, selon les types d’agrumes. Pour les mandarines, les prix restent relativement stables grâce à une forte demande, particulièrement en Europe durant l’été. En revanche, pour les citrons, la situation est différente. Le marché est proche de la saturation, et la demande est moins flexible, ce qui entraîne une pression à la baisse sur les prix, avec une concurrence accrue due à une offre plus abondante.
Néanmoins, quel que soit l’agrume, la production sud-africaine reste un élément déterminant du marché pendant la saison estivale. Et cette tendance devrait se maintenir. Comme le rappelle Éric Imbert, tous les vergers plantés ces dernières années n’ont pas encore atteint leur pleine capacité de production. L’augmentation de la capacité de production pourrait donc se poursuivre jusqu’en 2030, consolidant ainsi la position de l’Afrique du Sud en tant que leader mondial dans le secteur des agrumes.
Moctar FICOU / VivAfrik