La filière anacarde en Tanzanie connaît une croissance impressionnante depuis cinq ans, consolidant la position du pays en tant que leader incontesté en Afrique de l’Est et le plaçant désormais comme le deuxième plus grand producteur de noix de cajou du continent, derrière la Côte d’Ivoire. Les exportations de noix de cajou devraient atteindre un montant record de 616 millions de dollars pour la campagne 2024/2025, qui se termine en janvier. Cette estimation, récemment avancée par la Banque centrale de Tanzanie (BoT) dans sa revue économique mensuelle de février 2025, représente plus de deux fois et demie les recettes enregistrées l’année précédente (221,3 millions de dollars).
Une récolte exceptionnelle et une demande croissante
Ce record est le fruit d’une récolte exceptionnelle, avec un volume officiel de 528 260 tonnes d’anacardes, contre seulement 305 000 tonnes l’année précédente. Ce bond substantiel dans la production a entraîné une augmentation significative des volumes disponibles pour l’exportation. Parallèlement, la filière a bénéficié d’une valorisation accrue des noix de cajou sur le marché international, ce qui a contribué à la hausse des recettes.
La Tanzanie, qui vend traditionnellement sa production entre octobre et janvier, bénéficie d’une fenêtre stratégique sur le marché mondial, lorsque les stocks mondiaux sont à leur plus bas. Cette année, la mauvaise récolte en Afrique de l’Ouest a renforcé l’intérêt des transformateurs vietnamiens et indiens pour les noix de cajou tanzaniennes, augmentant ainsi la demande et le prix de vente.
Une hausse des prix et un marché en forte croissance
Les prix des noix de cajou ont fortement augmenté lors des enchères organisées en octobre 2024. Selon les données des autorités tanzaniennes, le prix au kilogramme a varié entre 4 035 et 4 120 shillings, contre 1 500 à 2 500 shillings en 2023/2024, marquant une nette progression. Cette tendance est le résultat de la forte demande des transformateurs asiatiques, notamment du Vietnam et de l’Inde, qui ont intensifié leurs achats en raison de la baisse de l’offre mondiale.
Avec cette performance record, la filière anacarde devrait devenir la principale source de recettes d’exportation pour le secteur agricole tanzanien, devant le tabac (515,2 millions de dollars) et le café (314,1 millions de dollars). Cette évolution met en lumière la transformation du secteur agricole du pays, où l’anacarde s’affirme comme un produit phare, contribuant de manière significative à l’économie.
Perspectives et défis pour l’avenir
Bien que la filière anacarde en Tanzanie se dirige vers une année exceptionnelle, des défis restent à relever pour maintenir cette dynamique à long terme. La gestion des récoltes, l’amélioration de la qualité et la diversification des marchés d’exportation sont des priorités pour garantir que cette filière continue de prospérer et de renforcer l’économie tanzanienne.
Moctar FICOU / VivAfrik