Comment le Fonds Activiste Elliott Management redirige la politique climatique de BP vers les hydrocarbures

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L’arrivée du fonds activiste Elliott Management dans le capital de BP en février a constitué un tournant stratégique majeur pour le géant énergétique britannique. Avec une participation de 5 %, Elliott a réussi à infléchir la direction de BP, l’éloignant de ses projets axés sur l’énergie verte pour la pousser à se concentrer davantage sur les hydrocarbures et à revoir sa stratégie de transition énergétique.

Un retour en arrière pour BP dans sa transition énergétique

BP a récemment annoncé la vente imminente de 50 % de sa branche solaire, Lightsource BP, dans une transaction estimée à plusieurs milliards de dollars. Cette décision marque un recul stratégique pour BP, qui, sous l’impulsion de l’ancien PDG Bernard Looney, avait amorcé une transition énergétique ambitieuse pour devenir plus verte et plus durable. Le retrait de BP de certains projets verts, comme cette vente de sa branche solaire, s’inscrit dans un mouvement global où Elliott Management exerce une pression croissante pour que l’entreprise se concentre sur des résultats immédiats et tangibles en termes de rentabilité, plutôt que sur des investissements à long terme dans les énergies renouvelables.

L’influence de l’activisme d’Elliott sur BP

Bien que sa participation dans BP puisse sembler modeste, avec seulement 5 % des actions, l’influence d’Elliott est bien plus grande qu’il n’y paraît. Le fonds, qui gère près de 70 milliards de dollars d’actifs, est reconnu pour sa stratégie d’activisme financier, où il n’hésite pas à influencer ou à changer radicalement les orientations stratégiques des entreprises dans lesquelles il investit. Elliott a toujours été un acteur redouté dans le monde de la finance pour sa capacité à infléchir les décisions majeures des entreprises, même sans être actionnaire majoritaire.

Poussée vers les hydrocarbures et réduction des investissements verts

Dans le cadre de son activisme, Elliott a fait pression sur BP pour qu’elle réduise ses investissements dans les énergies renouvelables et se recentre sur des projets d’hydrocarbures. Cette stratégie vise à générer des profits immédiats, dans un secteur où BP possède déjà une expertise éprouvée, plutôt que de parier sur des investissements à long terme dans des technologies vertes. Le fonds activiste incite également BP à revoir d’autres actifs considérés comme non stratégiques, tels que sa division lubrifiants Castrol et son réseau de stations-service. Certains actionnaires ont même suggéré que BP vende ces actifs pour générer jusqu’à 31 milliards de livres sterling, permettant ainsi de libérer des fonds pour des investissements plus rentables à court terme.

L’influence d’Elliott au-delà de BP

L’influence d’Elliott ne se limite pas à BP. Le fonds activiste, qui s’est fait un nom en perturbant des entreprises, a également ciblé des dettes souveraines de pays comme le Pérou, le Congo et l’Argentine, obtenant des remboursements massifs malgré les répercussions économiques pour ces nations. Par ces actions, Elliott montre qu’il cherche avant tout des rendements financiers élevés et immédiats, quelle que soit l’ampleur des conséquences sociales ou économiques.

Diversification d’Elliott dans des secteurs stratégiques

Elliott Management ne se contente pas de réorienter des entreprises comme BP ; le fonds cherche également à se diversifier et à investir dans des secteurs stratégiques. Récemment, Elliott a débloqué plus de 1 milliard de dollars pour le développement de métaux rares, essentiels pour les véhicules électriques et autres technologies liées à la transition énergétique. À travers sa structure Hyperion, le fonds prévoit de devenir un acteur clé dans l’acquisition de ressources stratégiques, notamment les métaux rares qui jouent un rôle crucial dans la transition énergétique mondiale. Ce positionnement pourrait conduire Elliott à établir des partenariats dans des pays comme la République Démocratique du Congo (RDC), un acteur majeur dans l’approvisionnement en métaux rares.

Un paradoxe stratégique : l’activisme d’Elliott et la transition énergétique

Ironiquement, bien qu’Elliott pousse BP à abandonner ses ambitions vertes, le fonds injecte des capitaux dans des secteurs directement liés à la transition énergétique. En investissant dans les ressources stratégiques, Elliott cherche à tirer profit de l’essor de l’économie verte, tout en mettant l’accent sur une rentabilité immédiate dans des secteurs clés de cette transition. Cette dualité montre l’approche complexe et paradoxale du fonds activiste, qui cherche à concilier rentabilité à court terme et influence croissante sur les secteurs énergétiques clés du futur.

Moctar FICOU / VivAfrik

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