Les Nations unies innovent pour trouver de nouveaux financements afin d’atteindre l’objectif « zéro faim dans le monde »

Le rapport annuel sur l’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde montre que les niveaux de sous-alimentation sont comparables à ceux d’il y a quinze ans si l’on sait qu’en 2023, une personne sur cinq a souffert de la faim en Afrique. En cause notamment, un manque de financement. C’est pourquoi le Fonds international de développement agricole (FIDA), en charge du financement des projets des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, cherche des solutions innovantes.

L’organisation onusienne estime que, pour atteindre l’objectif « faim 0 » dans le monde d’ici à 2030, il faut investir 480 millions de dollars par an. « Traditionnellement, le FIDA est financé uniquement par les contributions des États membres. L’argent, en provenance des États membres, stagne autour de 5% du total de l’aide publique au développement. Et cela est bien sûr dû au fait qu’il y a de nombreuses priorités qui se percutent et pour lesquelles les États membres doivent investir. Il y a des guerres, il y a des crises migratoires. L’agriculture a aussi été considérablement sous-financée », a expliqué, Natalia Toschi, responsable de l’unité financements du FIDA.

Faceà cette problématique, il faut innover. Et en 2020, le FIDA devient la première institution des Nations à recevoir une notation de crédit sur les marchés. En 2022, il a émis ses premières obligations durables.

« Notre innovation participe à imaginer des nouveaux instruments pour pouvoir investir dans le secteur rural et (avec) ces instruments nouveaux, ça peut être par exemple les obligations durables. Le FIDA est la première institution spécialisée des Nations unies à recevoir une notation de crédit et à émettre des obligations durables. Nous l’avons commencé en 2022 et jusque-là, nous avons levé 480 millions de dollars auprès des fonds de pension et des assurances. Aujourd’hui même, en réalité, nous avons émis notre première obligation nutrition de 50 millions avec un partenariat avec une mutuelle d’assurance japonaise. Donc ça va nous permettre de mieux prendre en compte les questions de malnutrition dans le projet et de mieux accompagner les pays. Il y a d’autres innovations en matière de financement. Ce n’est pas des instruments d’atténuation des risques ça ? Par exemple les garanties, les financements mais que les cofinancements, les co-investissements donc voilà autant de possibilités qui peuvent accompagner les États », a détaillé le directeur régional Afrique de l’Ouest et du Centre du FIDA, Bernard Hien.  

Les Nations Unies, à travers le FIDA, mise sur le secteur privé pour investir dans l’agriculture et les activités rurales. Il existe, pour cela, plusieurs leviers possibles. « Les gestionnaires d’actifs ont de manière croissante un objectif explicite d’investissement dans des titres sécurisés et qui respectent les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance, nos investisseurs typiques sont des fonds de pension, des compagnies d’assurance, qui ont très souvent un mandat social », a renchéri Natalia Toschi.

A l’en croire, les investisseurs veulent connaître l’impact de l’argent qu’ils nous prêtent. Les projets de la FIDA soutiennent 16 des 17 Objectifs de développement durables. Et le Fonds international de développement agricole dispose d’un cadre de finance durable qui est aligné sur les principes de l’Association internationale des marchés des capitaux.

Pour plus d’efficacité, le FIDA expérimente des instruments d’atténuation des risques pour l’investissement, des garanties, des financements de type mixte. Si la tendance n’est pas renversée, l’organisation onusienne estime que le coût de la malnutrition dans le monde coûtera 12 000 milliards de dollars à la communauté internationale.

Moctar FICOU / VivAfrik


Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


La période de vérification reCAPTCHA a expiré. Veuillez recharger la page.