La tenue de la cérémonie d’ouverture du deuxième Sommet des Transformers (Transformers Summit) au Centre international de conférences Abdou Diouf de Diamniadio au Sénégal le 9 décembre 2019 a été une opportunité pour le Président de la République du Sénégal de fustiger l’état de nos villes. La rencontre de haut niveau qui a pour thème « Science, Technologie et Innovation pour des villes africaines sûres et résilientes » s’inscrit en droite ligne de l’Objectif de Développement Durable n° 11 qui invite à faire en sorte que les villes et les établissements humains soient ouverts à tous, sûrs résilients et durables.
Macky Sall voit les Objectifs de développement durable comme un facteur incontournable au succès des villes africaines face aux multiples défis. Citant le Président de la Banque islamique de développement, Dr Bandar Hajjar dans son ouvrage intitulé « La route vers les ODD : un nouveau modèle pour un monde en évolution rapide », le Chef de l’Etat indique que les Objectifs du Développement Durable ouvrent une nouvelle ère, qui porte le niveau de financement du développement de plusieurs milliards à des trillions de dollars, en raison de l’ampleur des besoins à satisfaire.
Cette vision « montre non seulement l’ampleur des besoins, mais il suggère en même temps l’urgence de s’attaquer aux véritables maux du sous-développement plutôt qu’aux symptômes, pour atteindre les Objectifs du Développement Durable », a-t-il dit.
Mais le constat est tout autre, d’après le M. Sall. Qui ajoute : « nos villes, comme habitat et centres d’activités productives, se trouvent aujourd’hui confrontées à des niveaux jamais égalés de pollution, d’insalubrité, de trafic et d’encombrement, pour ne citer que quelques phénomènes urbains. Et ces défis déjà complexes vont s’amplifier davantage, au rythme de la croissance démographique ».
Selon les estimations du PNUD, 4,2 milliards de personnes, soit 55% de la population mondiale, vivaient dans des villes en 2018. D’ici à 2050, il y aurait 6,5 milliards de citadins dans le monde, dont plus d’un milliard en Afrique. Nous devons nous préparer à cette perspective.
« Nous voulons rechercher des solutions novatrices, en faisant recours à la science, à la technologie et à l’innovation, pour des cités plus sûres et plus conviviales », a ajouté le Chef de l’Etat du Sénégal.
A l’en croire, le droit à un environnement sain est une composante essentielle des droits de l’homme. Chacun a droit à un cadre de vie décent, compatible avec la dignité humaine. A l’échelle des Etats et des pouvoirs locaux, nous devons faire en sorte que ce droit, au-delà de sa simple proclamation, soit une promesse tenue. D’abord, par une planification et un aménagement rationnels de l’habitat, qui répondent aux normes de sécurité et de sûreté publique. Ensuite, par la facilitation de l’accès aux services sociaux de base : logement, eau, assainissement, électricité, éducation et santé. Enfin, par la conciliation des fonctionnalités productive et résidentielle de la cité.
Autant d’enjeux qui font que la gestion des villes d’aujourd’hui et de demain doit nécessairement intégrer des paramètres novateurs, pour des réponses intelligentes et durables aux problématiques urbaines. Voilà ce qui rend indispensable le recours à la science, à la technologie et à l’innovation pour cerner et prendre en charge les mutations démographiques, économiques, sociales et environnementales de la ville du 21ème siècle, a-t-il conclu.
Pour sa part, le Président de la Banque islamique de développement a appelé à la mise en place d’un nouvel modèle économique pour atteindre cette mission. « Il nous faut un nouveau modèle économique parce que si nous continuons à faire les choses de la même façon comme nous le faisions jusqu’ici, en attendant à un résultat différent, cela ne se réalisera pas. Pendant 45 ans, nous avons fait la même chose et nos états membres ont fait la même chose. C’est vrai, nous avons peu réalisé des progrès importants au cours des 45 dernières années d’existence de la banque dans les projets et les programmes mais nous ne voulons pas quelques réalisations, nous voulons faire des avancées majeures par le biais du changement de paradigme parce que le monde entame la 4ème révolution industrielles », a-t-il informé. Poursuivant son speech, il ajoute : « nos états membres sont confrontés à des défis immenses et nous ne pouvons pas relever ces défis en faisant les choses de la façon dont nous les avons faites jusqu’ici. Il nous faut sortir des sentiers battus et penser différemment. Il faut adapter notre modèle économique pour relever le défi de l’avenir. C’est pourquoi nous mettons l’accent sur 4 piliers : la science, la technologie, l’innovation et la finance islamique ».
Le « Transformers Summit » est organisé annuellement par la BID. Il regroupe des entrepreneurs, innovateurs et leaders mondiaux dans le but de débattre des défis restant à relever pour la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), notamment l’Objectif 11, à savoir « Faire en sorte que les villes et établissements humains soient ouverts à tous, sûrs, résilients et durables ».
La prochaine édition du Transformers Summit se tiendra au Kazakhstan en 2020.
Moctar FICOU / VivAfrik