S’achemine-t-on vers un dénouement heureux dans la protection des rhinocéros ? On pourrait tenter de répondre par l’affirmative sachant que la Banque Mondiale compte solliciter les marchés financiers pour sauver les rhinocéros noirs d’Afrique du Sud. Avec les « wildlife bonds », l’organisation prévoit d’émettre des obligations au principe simple : les investisseurs gagneront de l’argent uniquement si la population de rhinocéros noirs en Afrique du Sud augmente, a relayé Louis Augry dans les colonnes de rfi.fr.
Et si les investisseurs jouaient un rôle dans la sauvegarde des rhinocéros noirs ? L’idée vient d’une coopération entre la Banque mondiale et le Rhino Impact Investment Project de la Zoological Society of London. L’objectif affiché est clair : allouer 45 millions de dollars à deux réserves naturelles d’Afrique du Sud qui luttent pour sauver les rhinocéros noirs, très prisés des contrebandiers pour leurs cornes. Cette dernière, réduite en poudre, trouve de nombreux acheteurs en Asie pour ses prétendues vertus aphrodisiaques, a analysé notre confrère.
Pour sauver les rhinocéros et leurs cornes donc, explique à RFI Louis Augry, la Banque mondiale veut émettre des obligations d’une maturité de cinq ans. Des obligations qui présenteront des caractéristiques assez surprenantes puisqu’elles n’offriront pas de coupon annuel. Les investisseurs ne toucheront aucun intérêt pendant la durée de vie de l’obligation. Au bout des cinq ans, ils pourront récupérer leur capital investi, plus une rémunération, mais uniquement si l’objectif fixé est atteint. Une augmentation annuelle de 4% de la population de rhinocéros dans les réserves concernées. Cette rémunération sera versée par le Fonds pour l’environnement mondial, créé lors du sommet de la terre de Rio en 1992. Son montant n’a pour le moment pas été communiqué par la Banque mondiale.
Ce n’est pas la première fois que l’organisation s’attaque à la question de l’environnement via les obligations. Depuis 2008 elle émet des « obligations vertes » ou plus récemment des « blue bonds » afin de protéger les océans. Cette fois ci, c’est la sauvegarde des rhinocéros qui est en jeu : la population mondiale de rhinocéros noirs est passée de 70 000 il y a cinquante ans, à un peu plus de 5 500 aujourd’hui.
En cas de succès, conclut Louis Augry, cette opération pourrait être étendue à la protection d’autres espèces menacées comme les lions, les tigres, les orangs-outans notamment. La première émission d’obligation pour les rhinocéros devrait quant à elle avoir lieu avant la fin du trimestre.
Moctar FICOU / VivAfrik