Gaza – Famine : La FAO réclame un accès immédiat afin que puisse être acheminée une aide vitale d’urgence à grande échelle   

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Dans un communiqué diffusé à Rome, la capitale italienne le 18 mars 2024, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a alerté au sujet de la crise alimentaire qui s’aggrave rapidement dans la bande de Gaza, où l’on estime que la famine pourrait survenir à tout moment d’ici à mai 2024 dans les gouvernorats du nord, d’après un nouveau rapport publié le 18 mars 2024 par l’initiative mondiale du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC). Le reste de la bande de Gaza risque également d’être en proie à la famine si l’hypothèse la plus pessimiste se confirme, autrement dit si les hostilités se poursuivent et si les personnes qui en ont le plus besoin ne reçoivent pas une aide humanitaire à grande échelle. 

Les nouvelles données publiées le 18 mars 2024 indiquent que l’ensemble de la population de la bande de Gaza est confrontée à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë, correspondant à une situation de crise (phase 3 de l’IPC), d’urgence (phase 4) ou de catastrophe (phase 5), cette dernière catégorie regroupant la moitié de la population, soit environ 1,11 million de personnes. Depuis la précédente analyse de l’IPC, publiée en décembre 2023, l’insécurité alimentaire aiguë s’est aggravée et répandue dans la bande de Gaza : le nombre de personnes ayant sombré dans une situation de faim catastrophique pendant la période considérée (mi-février à mi-mars) a augmenté de 79 pour cent, et une hausse de 92 pour cent est prévue pour la période allant de la mi-mars à juillet.

Pour Mme Beth Bechdol, directrice générale adjointe de la FAO, « cette nouvelle analyse de l’IPC confirme nos craintes : Gaza sombre plus profondément dans l’insécurité alimentaire et la situation se dégrade rapidement. La moitié de la population fait face à une insécurité alimentaire catastrophique ». « Il s’agit là d’un record absolu, qui dépasse tout ce que nous avons connu par le passé. Le précédent rapport de l’IPC, paru en décembre, annonçait qu’une famine était probable. Si rien n’est fait pour que cessent les hostilités et pour que l’accès humanitaire soit élargi, la famine est imminente. Elle pourrait même être déjà présente. Un accès immédiat doit être assuré pour faciliter l’acheminement d’une aide vitale d’urgence à grande échelle ».

D’après les données les plus récente de l’IPC, presque toutes les familles sautent des repas chaque jour et les adultes se privent pour que leurs enfants puissent manger. Dans les gouvernorats du nord, près de deux tiers des ménages ont dû passer des journées et des nuits entières sans manger à 10 reprises au moins au cours des 30 derniers jours. Les données récentes montrent qu’un enfant de moins de deux ans sur trois y souffre de malnutrition aiguë.

La FAO a lancé des appels répétés pour que des mesures d’urgence soient prises en vue de sauver la population de Gaza. En novembre, le directeur général, Qu Dongyu, avait réclamé un cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza pour alléger les souffrances des civils et faciliter la fourniture d’une aide d’urgence.

« La paix est une condition indispensable à la sécurité alimentaire et le droit à l’alimentation est un droit humain élémentaire », a déclaré M. Qu qui se prononçait lors d’une manifestation organisée par le gouvernement italien, faisant état de nouveau à des vives inquiétudes de la FAO.

Selon le texte, l’escalade des hostilités a mis un coup d’arrêt aux approvisionnements en eau, en nourriture et en combustibles, provoquant l’effondrement de tous les secteurs liés à l’alimentation, notamment les cultures de légumes, l’élevage, la pêche et l’aquaculture.

Environ 60 à 70 pour cent des animaux servant à la production de viande et de lait à Gaza ont été soit tués, soit abattus de manière prématurée pour répondre aux besoins alimentaires pressants engendrés par le conflit.

La FAO est profondément préoccupée par les pertes de bétail considérables qui ont été enregistrées, ces animaux étant indispensables au maintien des moyens d’existence et à la survie des familles de Gaza. Distribuer des aliments pour animaux n’est pas qu’une façon de maintenir les moyens d’existence ruraux ou d’apporter aux familles concernées des moyens économiques : le fait de maintenir en vie leurs animaux et de préserver leur production leur procure une source immédiate de protéines, d’aliments nutritifs et de lait, dont les enfants ont particulièrement besoin.

Pour sa part, le directeur du Bureau des urgences et de la résilience de la FAO, M. Rein Paulsen, a souligné qu’« il est vital que la FAO s’intéresse à tous les moyens de maintenir le bétail en vie, car cela permet de faire en sorte que le lait soit accessible, en particulier pour les enfants souffrant de malnutrition ou à risque de malnutrition. De plus, la population a besoin d’avoir accès à des aliments nutritifs et à des légumes ».

L’Organisation s’est mobilisée pour faire parvenir des fournitures agricoles essentielles à Gaza dès que les conditions le permettent. Elle s’est initialement donné pour priorité de faire en sorte que des aliments pour animaux, plus précisément 1 500 tonnes d’orge, soient acheminés via un ou deux des points de passage de la frontière encore ouverts, où a lieu la distribution d’aliments. Les 1 500 tonnes d’orge que la FAO espère livrer devraient permettre de fournir du lait à tous les enfants de moins de 10 ans à Gaza et ainsi de couvrir environ 20 pour cent des apports caloriques journaliers minimaux recommandés par l’Organisation mondiale de la Santé.

En outre, la FAO s’apprête à livrer d’autres fournitures agricoles essentielles lorsque l’accès à Gaza sera assuré, telles que des citernes à eau, des kits vétérinaires et du combustible, afin de protéger le bétail et de maintenir les moyens d’existence.

Moctar FICOU / VivAfrik

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