Le Bassin du Congo continue de révéler ses trésors naturels. Selon le rapport « Des nouvelles vies dans le Bassin du Congo, une décennie de découvertes d’espèces (2013-2023) » publié le 3 décembre 2024 à Yaoundé au Cameroun par le WWF, 742 nouvelles espèces de faune et de flore ont été identifiées au cours des dix dernières années. Ce rapport scientifique illustre la richesse inouïe du Bassin du Congo, tout en mettant en évidence les menaces pressantes qui pèsent sur cette biodiversité exceptionnelle.
Un écosystème vital pour la planète
Le Bassin du Congo, surnommé les « poumons de l’Afrique », est l’un des écosystèmes les plus riches et les plus essentiels de la planète. Avec une superficie de 200 millions d’hectares, il abrite la deuxième plus grande forêt tropicale du monde et la plus vaste tourbière tropicale, servant de réservoir crucial pour le carbone et jouant un rôle vital dans la régulation du climat global.
Entre 2013 et 2023, un total de 742 nouvelles espèces ont été découvertes, dont 430 plantes, 140 invertébrés, 96 poissons, 22 amphibiens, 42 reptiles, 2 oiseaux et 10 mammifères. Ces découvertes extraordinaires témoignent de l’importance écologique de cette région, mais aussi de l’urgence d’intensifier les efforts de conservation pour la protéger.
Les découvertes sont réparties comme suit :
- Gabon : 262 espèces
- République Démocratique du Congo : 259 espèces
- Cameroun : 238 espèces
- République du Congo : 65 espèces
- Guinée Équatoriale : 59 espèces
- République Centrafricaine : 25 espèces
Dr Martin Kabaluapa, directeur régional du WWF pour le Bassin du Congo, déclare que « ces chiffres montrent non seulement l’extraordinaire biodiversité du Bassin du Congo, mais aussi l’urgence de sa conservation. »
Les menaces croissantes pour le Bassin du Congo
Malgré ces découvertes scientifiques impressionnantes, le Bassin du Congo fait face à des menaces multiples et croissantes. La déforestation illégale, le braconnage, les impacts du changement climatique, l’exploitation minière non régulée, ainsi que les conflits récurrents entre les populations humaines et la faune, sont des pressions majeures sur les écosystèmes. Ces facteurs compromettent non seulement les espèces emblématiques comme les éléphants de forêt et les grands singes, mais aussi celles nouvellement découvertes.
Un patrimoine naturel vital
Le Bassin du Congo est essentiel pour la sécurité alimentaire de plus de 75 millions de personnes. Il joue également un rôle crucial en tant que puits de carbone global, contribuant à atténuer les effets du changement climatique. Cette région est aussi un refuge vital pour la biodiversité, offrant un habitat pour des milliers d’espèces, dont de nombreuses menacées.
Dr Martin Kabaluapa souligne que « le Bassin du Congo n’est pas seulement un refuge de biodiversité, il est essentiel au bien-être des communautés humaines. » Il ajoute : « Nous devons maintenant nous engager fermement pour préserver cet écosystème vital. »
Le rôle des communautés autochtones dans la conservation
Les populations autochtones qui habitent cette région depuis des siècles jouent un rôle essentiel dans la conservation de la biodiversité du Bassin du Congo. Leurs connaissances traditionnelles et leur relation harmonieuse avec la nature sont des ressources inestimables pour les efforts de préservation.
Moïse Kono, Coordinateur des peuples autochtones pour le WWF Cameroun, déclare que « depuis des siècles, les communautés autochtones vivent en harmonie avec les forêts. Reconnaître leurs connaissances est essentiel au succès des initiatives de conservation. »
Recommandations pour protéger le Bassin du Congo
Le rapport recommande plusieurs actions pour renforcer la protection du Bassin du Congo à savoir augmenter le financement des zones protégées et encourager des pratiques durables parmi les communautés locales ; lutter contre le commerce illégal de la faune et la déforestation, notamment par la gestion efficace des forêts et la promotion de la certification FSC ; promouvoir le tourisme écologique pour créer des opportunités économiques locales tout en préservant la nature ; améliorer les capacités de recherche scientifique et de suivi écologique pour mieux comprendre les écosystèmes et sensibiliser à leur importance et réduire les émissions de carbone globales pour diminuer les pressions sur cet écosystème fragile.
Ces recommandations sont essentielles pour garantir que le Bassin du Congo continue de jouer son rôle vital pour la planète, et pour les millions de personnes qui en dépendent.
Un appel à l’action urgent
La découverte de ces 742 nouvelles espèces dans le Bassin du Congo est une victoire pour la science, mais aussi un défi pour l’humanité. Chaque découverte est un rappel que cet écosystème unique est en péril. Il est impératif que les gouvernements, les organisations internationales, les conservateurs et les communautés locales unissent leurs efforts pour protéger cet environnement précieux.
Dr Kabaluapa conclut que « ce rapport est un appel à l’action pour que tous unissent leurs efforts afin de préserver cet écosystème irremplaçable ».
Moctar FICOU / VivAfrik