Le week-end du 7 au 8 décembre 2024, environ 500 drapeaux rouges ont été installés sur la colline sacrée de Manjakamiadana, en plein centre d’Antananarivo, la capitale malgache. Ces drapeaux ont pour but d’alerter les 2 000 personnes vivant sur cette colline, confrontées à un risque imminent de glissements de terrain avec l’arrivée de la saison des pluies. Chaque année, les éboulements sur cette colline font des victimes, mais jusqu’à présent, aucune solution de relogement pérenne n’a été proposée aux habitants.
La colline de Manjakamiadana, dominée par le Palais de la Reine, abrite des milliers de familles vivant dans des conditions précaires et exposées aux risques naturels. Le terrain escarpé qui mène à la maison de Madame Dina, située à quelques dizaines de mètres en contrebas du palais, reflète les défis auxquels ces habitants font face. L’installation des drapeaux rouges près de chez elle a ravivé ses craintes de voir sa maison engloutie par un glissement de terrain. « On vit constamment avec la peur, surtout la nuit quand il pleut. Cela perturbe notre sommeil, on n’a pas l’esprit tranquille », confie-t-elle.
Madame Dina, comme beaucoup d’autres, n’a pas les moyens de déménager, et la famille a installé une statue de la Vierge près de leur maison, espérant qu’elle leur offrira protection. Quelques centaines de mètres plus bas, Virginie, mère de famille, assiste chaque année à l’érosion de son terrain. « Le terrain qui nous sépare du précipice se réduit à vue d’œil. Si l’État nous propose un autre terrain et prend en charge la construction d’une nouvelle maison, nous serions prêts à déménager », indique-t-elle, tout en évoquant les moments où sa famille a dû chercher refuge dans des centres d’hébergement d’urgence.
Les habitants de la colline, surtout du côté est, vivent dans une angoisse constante. Certains, comme Virginie, redoutent la perte de leurs moyens de subsistance, notamment son élevage de coqs de combat, qu’elle risquerait de perdre si son logement venait à être détruit par un glissement de terrain.
Un risque imminent et permanent pour les habitants
La situation est encore plus préoccupante pour les habitants du quartier d’Ambanin’Ampamarinana, situé sur le flanc ouest de la colline. Bien que certains riverains minimisent le danger, d’autres, plus conscients, se souviennent tragiquement de l’effondrement d’un bloc rocheux en 2019 qui a tué quatre personnes dans le quartier. Selon le Docteur Lalah Christian Andriamirado, expert en géorisques au Bureau national de gestion des risques et catastrophes, certaines zones des versants est, sud et ouest de la colline sont exposées à un « risque imminent et permanent ». Il précise que 400 maisons sont particulièrement vulnérables aux glissements de terrain et aux chutes de blocs rocheux.
« Nos analyses montrent des infiltrations importantes dans le sous-sol de la colline, fragilisant encore davantage le terrain. Pour atténuer ce risque, il serait nécessaire de construire ou de rénover les canaux de drainage afin de réduire les infiltrations d’eau », explique-t-il. Ces mesures, bien que nécessaires, n’ont pas encore été mises en place.
Des conditions météorologiques défavorables : un risque accru de glissements de terrain
Les prévisions météorologiques récentes de Météo Madagascar annoncent une saison des pluies particulièrement active cette année, avec la possibilité de cinq cyclones. Cette situation augmente encore le risque de glissements de terrain dans la capitale, et en particulier sur la colline de Manjakamiadana. Le Bureau national de gestion des risques et des catastrophes met en garde contre les conséquences dramatiques que pourrait entraîner cette saison des pluies sur les zones vulnérables d’Antananarivo.
L’urgence d’agir pour sauver des vies
La situation des habitants de la colline de Manjakamiadana soulève des inquiétudes majeures concernant la sécurité des populations exposées aux risques naturels à Antananarivo. L’instabilité géologique de la colline, combinée à la saison des pluies imminente, nécessite une réponse urgente des autorités malgaches. Des solutions de relogement, des projets d’infrastructures de drainage et une aide humanitaire sont indispensables pour prévenir de nouvelles tragédies et protéger les familles vulnérables.
Moctar FICOU / VivAfrik
