La Zambie traverse une crise économique profonde alimentée par la sécheresse, la plus grave qu’elle ait connue depuis plus d’un siècle. Ce phénomène climatique extrême a des répercussions dramatiques sur l’économie nationale, avec des conséquences particulièrement lourdes sur l’inflation et la stabilité financière du pays. En réponse à cette situation alarmante, la Banque centrale de Zambie a instauré une Facilité de stabilité et de résilience, un dispositif visant à protéger le secteur financier des impacts négatifs de cette crise climatique sans précédent.
La sécheresse, un facteur clé de l’inflation en Zambie
Le pays fait face à une montée en flèche de l’inflation, atteignant son plus haut niveau depuis trois ans. La sécheresse prolongée a non seulement réduit les récoltes agricoles, mais elle a aussi provoqué une pénurie d’électricité, principalement due à une baisse de la production d’hydroélectricité, qui représente une part importante de la production énergétique nationale. Cette pénurie d’électricité a conduit à des coûts de production plus élevés, affectant directement les prix des biens et services essentiels. Les produits alimentaires, en particulier, sont devenus plus chers, exacerbant la pression sur les ménages zambiens déjà fragilisés.
L’inflation, qui a ainsi grimpé à des niveaux records, a des conséquences directes sur le pouvoir d’achat des citoyens. Mukwandi Chibesakunda, directeur général de Zanaco, la plus grande banque du pays, a expliqué dans une interview exclusive avec Jennifer Zabasajja, correspondante en chef de Bloomberg pour l’Afrique, que cette situation a créé un climat économique incertain, freinant la croissance et la stabilité des finances domestiques.
La réaction de la banque centrale : une facilité de stabilité et de résilience
Pour atténuer les effets de cette sécheresse dévastatrice, la Banque centrale de Zambie a déployé des mesures d’urgence sous la forme d’une Facilité de Stabilité et de Résilience. Ce mécanisme vise à assurer la liquidité et la stabilité du secteur financier en permettant aux banques de disposer de ressources supplémentaires pour faire face aux pressions économiques. Il est conçu pour offrir un filet de sécurité afin de maintenir la confiance des investisseurs et des consommateurs, tout en assurant une certaine résilience face aux chocs extérieurs.
Chibesakunda a souligné l’importance de cette initiative en tant que réponse nécessaire pour éviter une crise financière plus profonde. Il a également précisé que le secteur bancaire zambien est résilient, mais qu’il doit s’adapter aux nouveaux défis posés par des conditions climatiques extrêmes qui affectent la production agricole et l’infrastructure énergétique du pays.
L’impact de la sécheresse sur l’agriculture et l’énergie
La Zambie, comme de nombreux autres pays africains, dépend fortement de l’agriculture pour sa croissance économique. La sécheresse a gravement affecté les cultures principales du pays, notamment le maïs, élément central de l’alimentation nationale. Les faibles rendements agricoles ont entraîné une hausse des prix des denrées alimentaires, contribuant ainsi à la hausse de l’inflation.
Parallèlement, le pays souffre d’une insuffisance énergétique aiguë. En tant que producteur majeur d’hydroélectricité, la réduction des niveaux d’eau dans les réservoirs des barrages a perturbé la production d’énergie, entraînant des coupures fréquentes et une augmentation des coûts énergétiques. Cela a affecté la production industrielle, ce qui a, à son tour, contribué à l’augmentation des prix.
Perspectives pour la reprise en 2025
Malgré ces défis économiques importants, Mukwandi Chibesakunda reste optimiste quant aux perspectives de reprise économique pour 2025. Dans l’interview accordée à Bloomberg, il a expliqué que la Zambie met en place des politiques de diversification économique afin de réduire sa dépendance à l’agriculture et à l’hydroélectricité. Il a également évoqué l’importance de l’amélioration des infrastructures et de la gestion des ressources naturelles pour atténuer les impacts des crises climatiques futures.
Cependant, le pays devra encore relever de nombreux défis avant d’atteindre une croissance stable. La sécheresse, combinée à une inflation élevée, crée un environnement difficile pour la population et les entreprises. Mais avec des politiques économiques appropriées et des investissements dans les infrastructures résilientes, la Zambie espère inverser la tendance et amorcer une reprise durable à partir de 2025.
Moctar FICOU / VivAfrik
