Située au nord-ouest de la Centrafrique, à environ 150 kilomètres de la frontière camerounaise, Bouar est une ville agricole avec une histoire unique. Connue comme la « capitale du haricot », Bouar est le cœur de la production de cet aliment de base en République centrafricaine. Fondée au XIXe siècle par Mbarta, un chasseur et cultivateur local, Bouar est devenue une ville prospère, symbolisant l’importance de l’agriculture dans la vie économique du pays.
L’histoire de Bouar : de la fondation à la capitale agricole
Bouar tire son nom d’un malentendu historique. Selon la légende locale, Mbarta, le fondateur de la ville, cultivait principalement des haricots blancs. Lorsqu’un groupe d’explorateurs français est arrivé dans la région, ils ont demandé à Mbarta le nom de la ville, mais ce dernier, ne comprenant pas bien le français, pensa qu’ils demandaient ce qu’il cultivait. En réponse, il répondit « warr », le terme local pour le haricot blanc. Les colonisateurs, incapables de prononcer correctement ce mot, ont finalement baptisé la ville « Bouar », un nom qui perdure encore aujourd’hui.
Aujourd’hui, le haricot demeure au cœur de la vie locale, un aliment central dans les assiettes des habitants et une source majeure de revenus pour les agriculteurs.
Le haricot : un pilier de l’économie et de la culture locale
Le haricot est plus qu’un simple aliment à Bouar, il est un moteur essentiel de croissance économique. Selon Joseph Naïmon, un sage de la ville, Bouar reste la première productrice de haricot blanc de la région. « Pratiquement tous les agriculteurs de Bouar cultivent le haricot. Après Mbarta, ses enfants ont joué un rôle clé en soutenant ce secteur, en distribuant des intrants gratuitement pendant la période de semence et en facilitant l’accès à la terre, » explique-t-il. Ces actions ont permis au secteur de prospérer, transformant Bouar en un centre agricole vital.
Une famille de producteurs dévoués : l’histoire de Dangbaya
Dangbaya, l’un des descendants directs de Zari Herman, l’un des enfants de Mbarta, est un exemple vivant de l’impact du haricot sur la communauté locale. À plus de 60 ans et père de 15 enfants, Dangbaya travaille dur dans son champ, situé au pied d’une colline, cultivant des haricots avec des moyens artisanaux. « Le haricot, c’est ma vie. Cet aliment fait notre fierté, à moi et à mes enfants. On le mange et on en fait aussi notre source de revenu, » témoigne-t-il. Il fait partie des milliers d’agriculteurs de la région dont la vie a été transformée par cette culture.
Chaque année, la préfecture de Nana-Mambéré, dont Bouar est la capitale, fournit des tonnes de haricots à la capitale Bangui et à d’autres régions de la Centrafrique. Malgré les défis, notamment l’insécurité et l’état dégradé des infrastructures routières, Bouar reste un fournisseur clé pour l’ensemble du pays.
Bouar : un facteur clé de croissance économique
Épiphanie Nambozouina, économiste locale, souligne l’importance de la production de haricots pour l’économie de la Centrafrique. « Bouar est la plus grande ville productrice de haricot, et cela joue un rôle fondamental dans la croissance économique du pays. Il est essentiel d’améliorer la commercialisation des haricots et d’aider les agriculteurs à accéder à des crédits et à des intrants pour augmenter leur production, » explique-t-elle. Cette initiative pourrait permettre d’optimiser les rendements et de faire face aux besoins croissants de la population.
Bouar aujourd’hui : une ville en plein essor
Aujourd’hui, la ville de Bouar compte plus de 60 000 habitants et reste un acteur majeur de l’agriculture en Centrafrique. Son rôle dans la production de haricots en fait un des poumons économiques du pays, indispensable à l’économie locale. La culture du haricot a non seulement permis aux habitants de Bouar de prospérer, mais elle a aussi renforcé le tissu économique national. La ville continue de croître et de jouer un rôle central dans le développement du pays, bien que des défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures et de sécurité.
Bouar, le cœur agricole de la Centrafrique
Bouar, la capitale du haricot en Centrafrique, est un exemple frappant de la manière dont l’agriculture peut façonner et soutenir une communauté. Depuis sa fondation par Mbarta au XIXe siècle, la ville a su tirer parti de la culture du haricot pour se développer et prospérer. Aujourd’hui, le haricot demeure l’un des piliers économiques de la ville et de la région, contribuant à l’alimentation de milliers de personnes et à la croissance économique du pays. Si Bouar parvient à relever les défis liés à l’accès au financement et à la commercialisation, elle pourra continuer à jouer un rôle clé dans l’avenir de la Centrafrique.
Moctar FICOU / VivAfrik