La permaculture : Un modèle d’agriculture durable et performante pour une Afrique en devenir

0

Par Lydie Patricia Ondzie                       

L’Afrique, riche en diversité écologique, en terres fertiles et en ressources naturelles, fait face à des défis agricoles croissants : dégradation des sols ; changement climatique ; croissance démographique rapide et insécurité alimentaire. Dans ce contexte, la permaculture un système de design basé sur les principes écologiques, émerge comme une solution innovante et adaptée. Ce modèle propose une agriculture durable, résiliente et productive, tout en valorisant les ressources locales et les avoirs traditionnels.

« Qu’est-ce que la permaculture ? »

Le mot « permaculture » vient de la contraction de « permanent » et « agriculture », bien qu’il soit, aujourd’hui, appliqué à divers aspects de la vie humaine, tels que la gestion des ressources, l’Organisation sociale et même l’architecture. En effet, créée dans les années 70, la permaculture est considérée comme une méthode de conception durable inspirée des écosystèmes, elle vise à concevoir des systèmes agricoles et des habitats humains autonomes, résistants et respectueux de l’environnement. En réalité, la permaculture repose sur trois principes éthiques : prendre soin de la terre ; prendre soin des humains et partager équitablement.

En fait, la permaculture utilise des techniques comme la polyculture, l’agroforesterie, le compostage et la gestion de l’eau, afin de maximiser son efficacité et pour une meilleure organisation en zones. Cette technique valorise la biodiversité et réduit la dépendance aux ressources externes plus qu’une méthode agricole. Par ailleurs, la permaculture apparaît comme un mode de vie écologique qui peut être appliqué aussi bien dans les zones rurales qu’urbaines, offrant une réponse durable aux défis environnementaux et sociaux.

Manifestement, cette agriculture de conservation est de plus en plus envisagée comme un modèle de développement agricole prometteur en Afrique, capable de répondre aux besoins en sécurité alimentaire, résilience environnementale et autonomie économique. En adaptant ses principes de durabilité et d’équilibre écologique aux spécificités du continent africain, la permaculture offre un type de développement agricole alternatif aux méthodes intensives et industrielles. Elle peut ainsi soutenir un idéal de développement agricole durable.

« Amélioration de la sécurité alimentaire »

Il convient de reconnaître que la permaculture encourage la production de cultures variées et adaptées aux besoins locaux, ce qui aide à garantir une alimentation équilibrée et diversifiée pour les populations. Contrairement aux monocultures, la permaculture mise sur la polyculture où différentes plantes et arbres sont cultivés ensemble, créant ainsi un écosystème plus riche et plus résilient.

En favorisant des pratiques qui limitent la dépendance aux apports externes (engrais, pesticides, etc.), la permaculture permet aux communautés de réduire leurs coûts et de produire de manière autonome, même dans des zones reculées. Cette autonomie contribue directement à la sécurité alimentaire des communautés.

« Restauration des sols et préservation de la biodiversité »

En Afrique, la dégradation des sols due à l’agriculture intensive, la déforestation et le surpâturage sont un problème majeur. Dans cette optique, la permaculture propose des techniques telles que le compostage, le paillage et l’agroforesterie pour enrichir le sol et prévenir son érosion. Ces techniques aident à maintenir la fertilité des terres agricoles sur le long terme.

En intégrant des arbres, des arbustes, des plantes comestibles et médicinales, la permaculture crée des habitats pour une variété d’espèces. Cette approche renforce la biodiversité locale, ce qui améliore la résilience de l’écosystème face aux parasites et aux conditions climatiques extrêmes.

Il est à noter que cette pratique intègre des techniques de gestion de l’eau adaptées aux climats arides et semi-arides d’Afrique, où l’eau est une ressource précieuse. Des systèmes tels que la collecte d’eau de pluie, les rigoles et les baissières (swales) sont utilisés pour capter et retenir l’eau dans le sol, réduisant ainsi la dépendance aux pluies saisonnières. L’utilisation de couvertures végétales, de paillage et de cultures denses limite l’évaporation de l’eau dans les sols, ce qui est crucial dans les régions sèches, cela contribue également à une meilleure rétention d’humidité et favorise des récoltes plus abondantes, même dans des environnements hostiles.

« Création d’emploi et renforcement de l’économie locale »

Il convient d’admettre que, la permaculture nécessite des compétences variées depuis l’aménagement du sol jusqu’à la conception des systèmes intégrés de culture. En réalité, en formant les jeunes et les agriculteurs locaux, la permaculture permet de créer des emplois et d’encourager le développement de compétences utiles. Ceci étant, les produits de la permaculture peuvent inclure des fruits, légumes, herbes médicinales et produits dérivés qui sont vendus sur les marchés locaux. En stimulant l’économie locale et en créant des débouchés pour ces produits, la permaculture soutient de concert, un modèle économique basé sur les ressources locales et réduit la dépendance aux importations.

En tout état de cause, cette structure est conçue pour être résistante aux conditions changeantes et ce modèle aide également les agriculteurs africains à s’adapter aux impacts du changement climatique. En diversifiant les cultures et en utilisant des techniques de gestion de l’eau et de restauration des sols, la permaculture permet aux communautés d’anticiper les sécheresses, les inondations et d’autres extrêmes climatiques. Ainsi, elle minimise l’utilisation d’intrants chimiques et coûteux, tels que les pesticides et les engrais. En produisant leur propre compost et en gérant les cultures de manière naturelle, les agriculteurs réduisent leurs coûts de production, ce qui leur permet de faire face aux fluctuations des prix et aux crises économiques.

« Renforcement des communautés et transmission des connaissances »

Incontestablement, cette technique encourage le travail collectif et les échanges de savoir-faire au sein des communautés. Évidemment, les projets de permaculture peuvent inclure des jardins communautaires où les membres partagent les récoltes et les tâches, renforçant également les liens sociaux. En valorisant les pratiques traditionnelles et en les intégrant aux techniques modernes, la permaculture favorise ainsi, la transmission des connaissances agricoles aux jeunes générations.

De toute évidence, cette approche contribue à perpétuer les pratiques agricoles durables au sein des familles et des communautés. Il est, également, important de citer quelques exemples de permaculture réussie en Afrique à savoir : « le projet Fambidzani au Zimbabwe, le modèle de ferme Songhaï au Bénin, les jardins-forêts au Kenya ».

Il sied de préciser que la permaculture, en tant que modèle de développement agricole en Afrique, répond aux besoins essentiels de durabilité, de résilience et d’autonomie. En s’adaptant aux contraintes environnementales et en valorisant les avoirs locaux, elle offre sans aucun doute une alternative aux modèles agricoles intensifs.

Tout compte fait, les défis restent nombreux (accès aux ressources, le manque de formation, soutien des politiques, etc.), néanmoins, la permaculture avec son potentiel transformateur, peut jouer un rôle-clé dans le développement d’une agriculture africaine plus durable et performante. Ce modèle offre aux communautés un moyen de subsister, de se développer et de protéger leur environnement, contribuant, de surcroît, à un avenir plus durable pour les générations futures.

Lydie-Patricia ONDZIET

Présidente de Renaissance Alkebulan;

Membre de l’Association Panafricaine d’Aquitaine;

Membre des Associations féminines de Développement.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

La période de vérification reCAPTCHA a expiré. Veuillez recharger la page.