L’un des grands objectifs de Donald Trump durant son mandat à la Maison Blanche était de stimuler l’extraction de pétrole et de gaz aux États-Unis. Son slogan, « Drill baby, drill ! » (« Fore, bébé, fore ! »), incarne cette volonté de pousser la production de combustibles fossiles à son maximum. Cependant, bien que les États-Unis connaissent une production record, il se pourrait que Trump rencontre des obstacles majeurs pour atteindre ses objectifs. Voici pourquoi les géants pétroliers pourraient freiner ses ambitions.
Une production record, mais un marché mondial préoccupé
Les États-Unis sont déjà les premiers producteurs mondiaux de pétrole brut, avec 13,2 millions de barils produits chaque jour en 2024. Ce chiffre devrait même dépasser les 13,5 millions de barils en 2025, ce qui constitue un nouveau record. Toutefois, Trump, soutenu par le milliardaire Scott Bessent, ex-secrétaire au Trésor, envisage une augmentation de la production de plus de 3 millions de barils supplémentaires par jour d’ici à trois ans.
Cependant, le marché mondial semble préoccupé par l’ampleur de cette production. La surabondance de pétrole et de gaz pourrait engendrer un excédent sur le marché, un phénomène déjà observé avec l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP+). Si l’offre dépasse la demande, les prix du pétrole pourraient chuter, nuisant ainsi à l’équilibre économique des producteurs.
Les géants pétroliers pourraient ralentir la production
Malgré les ambitions de Trump, les grandes entreprises pétrolières et gazières pourraient choisir de ne pas accélérer la production. Leur logique est simple : forer seulement lorsque cela est rentable. Elles peuvent décider de ralentir ou de geler de nouveaux investissements, surtout si l’extraction de pétrole devient moins profitable à cause de la baisse des prix. Dans un contexte de surplus de production, ces entreprises agiront principalement dans leur intérêt financier.
Coûts d’extraction élevés et incitations insuffisantes
L’extraction de pétrole et de gaz est un processus coûteux. Cela nécessite des investissements substantiels pour l’ouverture de nouveaux sites, la création d’infrastructures et les études géologiques nécessaires. Même si les réglementations environnementales sont assouplies sous l’administration Trump, les coûts de mise en œuvre restent un frein majeur. Les incitations fiscales mises en place par Trump pour encourager la production de combustibles fossiles pourraient avoir un impact limité si les prix mondiaux ne justifient pas ces investissements massifs.
En supprimant des programmes de subventions pour les énergies renouvelables et en allégeant les règles sur la pollution des véhicules, Trump espère stimuler la consommation de fossiles. Cependant, ces mesures pourraient être insuffisantes pour convaincre les entreprises pétrolières d’engager des dépenses massives dans un contexte économique mondial incertain.
L’impact géopolitique et la durée limitée du mandat de Trump
L’impact de la guerre en Ukraine et les tensions liées à l’approvisionnement en pétrole russe compliquent encore la situation. Bien que les États-Unis soient bien positionnés sur le marché, les grands producteurs mondiaux ajustent constamment leur stratégie en fonction des fluctuations géopolitiques.
Il est aussi essentiel de noter que les investissements dans le secteur pétrolier sont souvent irréversibles. Trump ne sera à la Maison Blanche que pour quatre ans, et l’impact de ses politiques sera limité par la durée de son mandat, tandis que les projets pétroliers s’étalent souvent sur plusieurs décennies.
Des obstacles financiers et géopolitiques à surmonter
Malgré sa volonté de doper l’extraction de pétrole et de gaz, Donald Trump pourrait être confronté à une résistance importante de la part des majors pétrolières, qui privilégieront la rentabilité à court terme. Les coûts d’extraction, l’offre excédentaire et les tensions géopolitiques pourraient limiter les résultats escomptés de la politique de « forage » du président américain. Les géants pétroliers, à travers des décisions stratégiques, pourraient donc rendre difficile la réalisation de cette ambition à long terme.
Moctar FICOU / VivAfrik