L’architecte malienne, Mariam Sy, qui réinvente l’architecture avec la terre et la modernité en Afrique

0

Mariam Sy est une figure incontournable de l’architecture en Afrique de l’Ouest, alliant avec brio les techniques ancestrales de construction à base de terre aux exigences de la modernité. Sa pratique innovante repose sur l’utilisation de matériaux locaux, notamment la terre, parfaitement adaptés au climat sahélien et respectueux de l’environnement. Portrait de cette architecte malienne, pionnière d’une architecture durable et écoresponsable au Mali et au-delà.

Une vocation de jeune fille

À seulement 15 ans, Mariam Sy a déjà décidé de son avenir : devenir architecte. « J’ai dit à mes parents que je voulais être architecte. Ils ont trouvé que c’était une bonne idée et j’ai dû quitter l’école de jeune fille pour m’inscrire dans un lycée technique à Bamako », raconte-t-elle. Après son lycée, elle poursuit ses études en Belgique pour obtenir son diplôme d’architecte, puis se spécialise en France, à Grenoble, où elle perfectionne son savoir-faire en matériaux traditionnels au Craterre, un centre de recherche et d’application de la construction en terre.

Une architecture durable pour l’Afrique

Pour Mariam Sy, l’utilisation de la terre, de la pierre et des matériaux locaux est avant tout une démarche écoresponsable. « L’idée, c’est d’utiliser le moins d’énergie possible pour construire et d’adopter le matériau adéquat en fonction de la température locale. Au Mali, la terre est l’un des matériaux les plus répandus et les plus adaptés à notre climat sahélien », explique-t-elle. Son approche vise à répondre aux défis du climat tout en préservant l’environnement.

Depuis la création de son cabinet Architerre à Bamako, Mariam Sy s’est attaquée à divers projets, allant de la construction de maisons à celle de centres médicaux, sans oublier la rénovation de mosquées, notamment à Tombouctou. Sa méthode séduit de plus en plus de clients, non seulement au Mali, mais aussi dans d’autres pays africains, où l’architecture écoresponsable prend de plus en plus d’ampleur.

Une révolution architecturale

Mariam Sy et ses confrères, au sein de l’association Fact Sahel qu’elle a cofondée, militent pour un retour aux techniques africaines de construction, adaptées aux enjeux contemporains. Selon elle, il est essentiel d’intégrer les nouvelles technologies tout en prenant en compte les spécificités locales. « Nous nous considérons comme des militants. Notre travail est un acte de militance pour promouvoir une architecture durable », explique-t-elle. Ce réseau, composé d’architectes, d’ingénieurs, de chercheurs et d’étudiants, participe à une réflexion globale sur les matériaux écologiques et la manière de les utiliser de façon optimale dans le contexte africain.

Un point d’avenir pour l’Afrique

L’architecture en terre est de plus en plus perçue comme un atout pour l’avenir de l’Afrique. Jean-Marc Lalo, architecte français, partage cette vision. « Il y a une question d’identité architecturale africaine et un engouement pour les techniques traditionnelles, mais aussi une évolution vers des matériaux biosourcés. La terre est un matériau parfaitement adapté à cela », précise-t-il. L’architecte cite en exemple les travaux d’Hassan Fathy en Égypte et les projets récents de l’architecte Francis Kéré, prix Pritzker, pour illustrer cette dynamique en Afrique.

Des pays comme le Bénin, le Sénégal ou encore le Maroc se sont déjà tournés vers la construction en terre, avec des initiatives comme la création de centres de formation ou des projets d’envergure. Le Bénin a récemment lancé la construction de l’Assemblée nationale en utilisant des techniques modernes et des matériaux locaux.

Un avenir prometteur pour l’architecture en terre au Mali

Le prochain projet de Mariam Sy à Bamako est un centre scolaire construit en terre, symbolisant ainsi son engagement pour une architecture durable et respectueuse de l’environnement. Ce projet s’inscrit dans une démarche plus large pour faire rayonner l’architecture écoresponsable au Mali et en Afrique. L’utilisation de la brique de terre comprimée (BTC), un matériau largement utilisé au Mali, au Sénégal et au Burkina Faso, pourrait ainsi contribuer à transformer le paysage architectural de la région, en alliant esthétique, modernité et respect de l’environnement.

Moctar FICOU / VivAfrik

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

La période de vérification reCAPTCHA a expiré. Veuillez recharger la page.