L’Ambassadeur et représentant permanent du Maroc auprès de l’Union africaine (UA) et de la CEA-ONU, Mohamed Arrouchi, a récemment pris la parole devant le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA, soulignant l’impact majeur du changement climatique sur la paix et la sécurité en Afrique. Lors de la réunion sur « Le changement climatique, une menace à la paix et à la sécurité en Afrique », M. Arrouchi a mis en lumière l’urgence d’adopter une stratégie d’atténuation afin de prévenir les crises liées au climat.
Le changement climatique : une menace croissante pour la paix et la sécurité en Afrique
Le changement climatique représente une menace de plus en plus pressante pour la paix et la sécurité du continent africain, a déclaré M. Arrouchi. Bien que l’Afrique soit responsable d’une faible part des émissions mondiales de gaz à effet de serre, elle subit des effets dévastateurs, tels que l’augmentation des températures (+1,4°C depuis 1901), des sécheresses extrêmes et des inondations qui affectent des millions de personnes. Le diplomate a souligné que la raréfaction des ressources naturelles, notamment l’eau et les terres agricoles, alimente directement des conflits, en particulier au Sahel et en Afrique de l’Ouest, où près de 70 % des affrontements sont liés à l’accès à ces ressources vitales.
Les conséquences de la désertification et des déplacements de population
Le phénomène de désertification et l’élévation du niveau de la mer forcent des millions de personnes à migrer, ce qui augmente l’instabilité dans les régions touchées et crée un terreau fertile pour le recrutement par des groupes armés. Ces déplacements massifs exacerbent l’insécurité, fragilisent les communautés locales et augmentent les tensions géopolitiques, rendant le continent plus vulnérable à de nouvelles crises.
Une stratégie d’adaptation et de résilience climatique pour préserver la paix
Face à ces défis, Mohamed Arrouchi a plaidé pour un renforcement des efforts d’adaptation et de résilience climatique en Afrique. Il a insisté sur la nécessité de développer des infrastructures adaptées aux effets du changement climatique, notamment dans l’agriculture durable et la gestion des ressources en eau. Il a également souligné l’importance d’intégrer les enjeux climatiques dans les politiques de sécurité en anticipant les crises et en formant les forces de sécurité à ces enjeux environnementaux.
Mobilisation pour une coopération renforcée et un développement durable
Le diplomate marocain a appelé à une coopération régionale et internationale renforcée pour gérer les ressources transfrontalières et à la mobilisation de financements adaptés aux besoins spécifiques du continent. Il a mis l’accent sur la nécessité d’investir dans les énergies renouvelables et de soutenir les populations vulnérables pour réduire les tensions socio-économiques qui peuvent dégénérer en conflits violents.
Soutien aux initiatives africaines existantes
M. Arrouchi a également souligné l’importance de soutenir des initiatives africaines existantes telles que la Grande Muraille Verte et l’Initiative Africaine pour l’Adaptation. Ces initiatives visent à renforcer les capacités locales face aux impacts climatiques. Le diplomate a aussi encouragé une gouvernance inclusive, impliquant les communautés locales et les organisations de la société civile dans la conception et l’implémentation des politiques climatiques et sécuritaires.
L’urgence d’une approche intégrée face aux défis climatiques
L’Ambassadeur a insisté sur le fait que sans actions immédiates et coordonnées, les crises climatiques risquent de continuer à aggraver l’insécurité à travers le continent. Il a souligné que pour préserver la stabilité en Afrique, une approche intégrée qui combine adaptation, coopération régionale et développement durable est impérative. Cette approche doit garantir une meilleure gestion des ressources naturelles, une réponse adéquate aux déplacements massifs de populations et une gestion proactive des risques climatiques.
Objectifs de la réunion : une stratégie globale pour faire face aux crises climatiques
Cette réunion du CPS de l’UA visait à évaluer l’impact des événements climatiques extrêmes, tels que les sécheresses, les inondations et les déplacements massifs de populations, sur la stabilité et la sécurité en Afrique. Elle a également permis de réfléchir aux stratégies innovantes permettant de mitiger l’impact du changement climatique sur la paix et la sécurité du continent.
Les discussions ont mis en lumière l’importance de sensibiliser toutes les parties prenantes à l’interconnexion entre climat, paix et sécurité et d’explorer des solutions collaboratives pour renforcer la résilience des populations vulnérables face aux aléas climatiques.
Soutien aux initiatives de résilience climatique en Afrique
Parmi les résultats attendus de cette réunion, l’un des points clés était le soutien aux initiatives visant à renforcer les capacités africaines pour anticiper, prévenir et gérer efficacement les défis liés au changement climatique. Parmi ces initiatives figurent l’Initiative pour l’adaptation de l’agriculture africaine (AAA), l’Initiative pour la sécurité, la stabilité et la soutenabilité (SSS) ainsi que les trois Commissions Climat : celle du Sahel, des États insulaires et du Bassin du Congo.
Au programme de cette réunion figuraient des déclarations importantes du représentant du Centre de Compétences Climatiques (4C/Maroc), du champion de l’UA sur le changement climatique, ainsi que du représentant de l’Initiative pour l’adaptation de l’agriculture africaine (AAA).
Moctar FICOU / VivAfrik
