Le Sénégal a décidé de s’attaquer définitivement au fléau du sachet plastique. Après une première tentative en 2002 puis une seconde en 2006, une loi qui interdit les sachets légers a été adoptée le 21 avril 2015 par l’Assemblée nationale. C’est ce lundi 04 janvier 2016 que cette loi va entrer en vigueur au Sénégal. Est-ce tous les sachets plastiques qui sont concernés par cette loi interdisant la production, l’importation, la détention, la distribution des sachets à faible micronnage? Cette question mérite bien d’être posée et une bonne réponse doit être donnée aux Sénégalais et Sénégalaises souligne Igfm. Cela même pour éviter qu’elle ne connaisse un échec comme tant d’autres lois ou règlements.
Les sachets concernés sont avec des bretelles dont l’épaisseur est inférieure ou égale à 30 microns, explique le conseiller juridique du ministre de l’Environnement et du Développement durable. Les autres types de sachets utilisés par les femmes pour la glace et autres crèmes sont toujours autorisés.
Toutefois, la loi ne vise que les sachets dont l’épaisseur est inférieure ou égale à 30 microns. En des termes beaucoup plus clairs, Boniface Cacheu indique qu’il s’agit des sachets à bretelles. Quand on dit sachets à bretelles, peu importe la couleur. Que ce soit un sachet noir ou d’une autre couleur, à partir du moment où c’est un sachet ayant une découpe sous forme de bretelles d’une épaisseur inférieure ou égale à 30 microns, il est concerné par la loi.
Ainsi, les sachets qu’utilisent les femmes pour vendre de la glace ou faire de la crème glacée sont automatiquement exclus de cette interdiction. Ces sachets ne sont pas concernés par la loi. Ces sachets n’ont pas de découpe sous forme de bretelles. Donc la loi ne les vise pas. Les femmes utilisent ces sachets pour mettre des produits alimentaires et après utilisation, automatiquement, elles les mettent dans les poubelles.
Parmi les 5 millions de sachets plastiques jetés chaque jour dans la nature au Sénégal, les sachets à faible micronnage constituent la plus grande partie, ajoute le conseiller juridique. Cela se justifie, dit-il, par l’épaisseur de ces sachets qui sont très légers et une fois utilisés ne ‘’servent plus à rien’’, a expliqué Boniface Cacheu, conseiller juridique du ministre de l’Environnement et du Développement durable.
Lors du vote du projet de loi à l’Assemblée nationale, beaucoup de parlementaires se sont interrogés sur l’origine de ces sachets plastiques. Sont-ils produits localement ou sont-ils tout simplement importés ? ont demandé certains. ‘’Ces sachets sont essentiellement importés’’, renseigne M. Cacheu. Dans l’exposé des motifs, renchérit le conseiller technique en communication au ministère de l’Environnement et du Développement durable, il est clairement indiqué que ‘’les sachets visés sont pour l’essentiel importés. Le risque de ralentissement ou d’arrêts des activités industriels est écarté et ça permet de protéger l’environnement’’.
De l’avis d’Ibrahima Fall Junior, ces sachets visés dans cette interdiction font beaucoup plus de dégâts parce qu’ils ‘’polluent les sols, encombrent les égouts, tuent les animaux’’. Sur le plan sanitaire, le brûlage de ces sachets entraînent des maladies cardiovasculaires, soutient Fall Junior. Ce dernier de poursuivre : ‘’C’est grave ce que nous faisons avec les sachets. C’est un problème de santé publique.’’
Par ailleurs, lors des travaux en commission, le 21 avril 2015, certains députés ont déploré ‘’une certaine frilosité des rédacteurs du texte qui n’ont pas osé trancher le dilemme entre l’interdiction totale des emballages plastiques et la baisse de revenus des fabricants de ces articles polluants’’. Mais, pour Boniface Cacheu, la réponse est toute simple : ‘’on vit dans l’ère du développement durable. La protection de l’environnement ne doit pas se faire au détriment du développement économique comme le développement économique ne doit pas se faire au détriment de l’environnement’’.
‘’Il faut concilier ces deux impératifs’’, rappelle-t-il. Il s’y ajoute, selon lui, ‘’qu’une mesure aussi radicale que l’interdiction totale aurait créé beaucoup de difficultés’’. Au lieu d’une loi interdisant totalement l’utilisation du plastique, le Sénégal, renchérit le conseiller, a opté pour la ‘’voie médiane en tenant compte des expériences de différents pays africains. ‘’Cette voie médiane, c’est le milieu entre l’interdiction totale et la permissivité’’.
Le Sénégal ne vise pas seulement l’interdiction des sachets à travers cette loi. Dans la deuxième partie du texte, l’Etat veut ‘’promouvoir une gestion rationnelle des déchets plastiques’’, informe M. Cacheu. Avec cette loi, la filière recyclage sera promue. Ce qui fait, avance-t-il, qu’il a été demandé aux industriels de disposer de collecteurs. L’implantation de ces unités dans les différentes collectivités locales sera même une source de revenus pour les populations. En outre, Boniface Cacheu rejette toute inquiétude quant à l’application de la loi. Selon lui, les industriels ont été impliqués dès l’étape de la réflexion. Ce qui fait ‘’qu’avant même l’entrée de la loi, ils sont en train d’appliquer certaines mesures préconisées’’.
Le Sénégal n’est pas le seul pays africain à avoir interdit l’utilisation, la production ou l’importation de sachets plastiques. Dans la région ouest-africaine, beaucoup de pays ont déjà voté cette loi. Il s’agit notamment du Togo, du Mali, de la Guinée Bissau, du Burkina Faso, de la Côte D’Ivoire. Et le Sénégal vient se greffer à cette longue liste. Par contre, l’application de la loi n’a pas connu un succès total dans des pays comme la Côte d’Ivoire.
Cette interdiction de ces sachets qui sont nocifs à l’environnement est même devenue une tendance en Afrique. Les pionniers de cette censure restent l’Afrique du Sud et le Rwanda. Un exemple de réussite pour ces deux pays où on ne retrouve pas dans les rues des sachets en plastique comme c’est le cas dans beaucoup de capitales africaines.