Les énergies renouvelables en Afrique : une réelle opportunité et un défi !

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Par Sanjoy Jay Bose & Pierre Madelin

L’Afrique est dotée d’importantes ressources en énergies renouvelables qui, pleinement exploitées, peuvent transformer l’image de l’Afrique d’un continent souffrant d’une pauvreté endémique en une puissance économique capable de stimuler l’ensemble de l’économie mondiale.

Prenons en compte les éléments suivants: La population africaine augmente continuellement et atteindra le cap des 2 milliards d’ici à 2050. L’Afrique bénéficie d’un des taux de croissance les plus forts au monde avec une moyenne de 4,4% sur les 5 dernières années et il est prévu que cette croissance se maintienne voire même qu’elle s’accélère au cours des 10 prochaines années. Malgré ces taux de croissance enviables, un Africain sur trois (approximativement 600 millions de personnes) n’a aucun accès à l’électricité. En Afrique sub-saharienne, deux-tiers de la population n’a pas accès à l’énergie et ce pourcentage est encore plus élevé dans les zones rurales ; et Ceux qui sont suffisamment fortunés pour avoir accès à l’électricité paient un prix trois fois plus élevé que les consommateurs aux Etats-Unis et en Europe !

Imaginez le potentiel d’une Afrique auto-suffisante en énergie. Imaginez une Afrique où l’électricité est abordable et où les entreprises peuvent développer leurs activités et employer de la main d’œuvre locale. Imaginez une Afrique où l’accès à l’électricité peut transformer les vies et créer des opportunités d’emplois en accélérant l’innovation et la croissance. Imaginez, enfin, une Afrique où, à long terme, un marché de 2 milliards de consommateurs peut transformer l’économie mondiale !

Un potentiel non négligeable

Nul besoin de l’imaginer car il ne s’agit plus d’un rêve. Nul besoin non plus de s’inquiéter de l’impact environnemental lié à l’exploitation des ressources d’énergie en Afrique, comme cela a pu être le cas en Chine ou en Inde. En effet, tout comme les technologies mobiles et de l’internet ont changé le monde en apportant la communication dans les zones les plus reculées, de même les énergies renouvelables peuvent transformer les vies et protéger l’environnement en facilitant la fourniture d’une électricité accessible et abordable à des millions d’Africains. Ainsi que l’a précisé le Président Barack OBAMA en lançant le plan des Etats-Unis dénommé « Power Africa », « l’accès à l’électricité est essentiel aux opportunités d’aujourd’hui ».

L’Afrique possède parmi les meilleures ressources d’énergies renouvelables au monde. Outre son potentiel considérable en matière de production hydraulique et géothermique, le continent bénéficie d’abondantes radiations solaires tout au long de l’année et les experts ont unanimement confirmé que l’énergie éolienne y est exploitable à grande échelle. Cependant, ces atouts exceptionnels demeurent largement sous-utilisés alors qu’une majorité de la population africaine ne dispose pas d’un accès aux services énergétiques de base. Selon la Banque mondiale, l’Afrique aurait besoin d’un apport annuel de 7 GW de production électrique pour faire face à la demande croissante d’électricité, alors que seulement 1 GW est effectivement ajouté chaque année. Ainsi, les technologies en matière d’énergies renouvelables peuvent – et doivent – jouer un rôle clé afin de combler le déficit énergétique en Afrique.

Comment y parvenir ? L’un des obstacles principaux à la distribution d’énergie, notamment dans les zones rurales et reculées de l’Afrique, est le manque d’infrastructures de transport et de réseau. La construction à grande échelle de telles infrastructures peut s’avérer à la fois très couteuse et économiquement non justifiée si le marché desservi n’est pas en mesure de rembourser les coûts d’investissement. Alors que les gouvernements ont comblé le manque d’investissements privés en subventionnant la construction de ces infrastructures de transport électrique, ces projets ne sont pas viables sur le long terme car le recours aux fonds publics limite dans le même temps la capacité de ces gouvernements de développer d’autres infrastructures essentielles (écoles et hôpitaux notamment).

Un cadre réglementaire en construction

L’atout dont dispose l’Afrique en matière d’énergies renouvelables repose sur des ressources abondantes, généralement très rentables, pouvant être exploitées facilement dans les zones les plus reculées afin de répondre aux besoins existants. Cependant, certains acteurs du secteur privé ont le sentiment que les gouvernements ne sont pas suffisamment engagés dans le développement et la mise en place du cadre institutionnel et réglementaire nécessaire à leurs investissements.

A titre d’illustration, deux projets lancés récemment, respectivement au Cameroun et au Sénégal, démontrent, au contraire, la possibilité de mettre en place en Afrique des projets d’énergies renouvelables économiquement viables sur le long terme. En effet, dans ces deux pays, un cadre institutionnel et réglementaire relativement bien développé est déjà en place afin de faciliter le financement de ces projets et les investissements du secteur privé. Dans le cadre du projet de Bafoussam (détaillé ci-dessous), les auteurs conseillent la municipalité sur le développement du schéma juridique et contractuel nécessaire à la mise en place du projet sous forme de partenariat public-privé (PPP).

Le projet de Bafoussam vise, notamment, l’électrification de communautés rurales à travers la mise en place d’un mini-grid hybride solaire-biomasse afin de produire de l’électricité et de permettre ainsi une croissance rapide de l’agro-industrie locale. Le projet transformera les déchets de biomasse issus des exploitations agricoles et utilisera l’énergie solaire durant la journée pour produire une énergie propre et renouvelable afin de répondre à la demande d’énergie. Dans la mesure où dans beaucoup de pays africains le pic de la consommation énergétique est atteint en soirée, l’énergie produite grâce à la centrale biomasse permettra de faire face à cette demande tout en demeurant rentable économiquement.

L’avenir est dans le mini-grid

L’utilité du projet pour les communautés rurales n’est pas uniquement de permettre l’accès à une énergie issue de ressources locales propres et renouvelables mais également, pour elles, d’être – pour la première fois – auto-suffisantes en énergie. Pour avoir accès à l’électricité, ces communautés rurales ne dépendront plus de larges installations électriques situées à plusieurs centaines de kilomètres et nécessitant la construction d’infrastructures de transport. En effet, l’installation d’un mini-grid permet de regrouper en un seul projet la totalité des infrastructures de production, de transport et de distribution de l’énergie.

Les projets d’énergies renouvelables sous forme de mini-grid ont ainsi le potentiel de transformer le paysage énergétique de l’Afrique. Tout comme la révolution technologique a permis « d’aplanir » des pays en développement comme l’Inde, la « révolution » des énergies renouvelables a la capacité de faire de l’Afrique un continent auto-suffisant en énergie et de changer ainsi à tout jamais la vie de ses habitants.

Sanjoy Jay Bose, Avocat aux barreaux de New York et de Washington, il travaille en fait déjà comme consultant pour le cabinet Heenan Paris et Pierre Madelin Philosophe et traducteur spécialisé dans les « humanités environnementales », il travaille également cabinet Heenan Paris.

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